Le récit de cette compétition majeure au Japon
Moment phare de l’année universitaire, le championnat par équipes toutes catégories a rendu son verdict ce week-end dans le mythique Nippon Budokan de Tokyo. Pas de surprises puisque les vainqueurs de l’année dernière (et favoris de cette édition) sont les mêmes qu’en 2012, sur le mode « Veni, vidi, vici ». Petit bilan.
Féminines : IPU double la mise
IPU (International Pacific University) double la mise en battant difficilement en finale Yamanashi Gakuin 3-2 (5 combattantes par équipe). Entrainée conjointement par T. Koga, depuis août 2007, et Yano Sensei, la victoire de l’année dernière n’était donc en rien due au hasard. Parmi les combattantes finalistes, peu de noms connus (pour l’instant ?), hormis Karen Nunira d’IPU, 3e aux derniers championnats d’Asie en -70kg. Une confirmation de l’installation au plus haut niveau national des filles de cette université située à Okayama. Sur la 3e marche du podium, on retrouve Tokai (sans sa leader, Haruka Tachimoto) qui perd sévèrement 4-0 contre Yamanashi Gakuin en demi-finale et l’université tokyoïte Teikyo, battue elle 3-0 par IPU.
Masculins : qui à part Tokai ?
Le règne sans partage continue. Ainsi, pour la 6e année consécutive (!) Tokai remporte cette compétition. Cette prestigieuse université dont sont sortis d’immenses champions comme Y. Yamashita et K. Inoue porte ainsi son total à 19 titres dans cette compétition par équipes toutes cat’. Un record. En finale, Tokai et sa « dream team » explosait Nichidai 6-1 (7 combattants par équipe). Seul Hisayoshi Harasawa permettra à Nichidai de sauver l’honneur. Un jeune et joli bébé (bientôt 21 ans) de 120kg pour 1m90, peu connu en Europe (il gagne Visé en début d’année mais ne fut pas sorti sur les gros tournois internationaux par le staff japonais), qui s’impose comme l’un des tous meilleurs lourds du pays du Soleil-Levant. Après avoir gagné le championnat universitaire individuel, il avait doublé la mise deux semaines plus tard en gagnant la coupe du Kodokan fin 2012. En 2013, il a continué sur sa lancée en échouant seulement en finale du prestigieux Zen Nihon contre T. Anai. Un droitier difficile à manoeuvrer à garder à l’oeil.
A posteriori, la « vraie » finale eut lieu en fait en demi-finale puisque Tokai l’emportait très difficilement contre la mythique université de Tenri, 3-2. Sur le tatami, une pluie de diamants bruts du judo japonais. Côté Tokai, on retrouvait R.Haga, très prometteur -100kg, champion du monde juniors en 2010, longtemps blessé à l’épaule et capitaine de cette équipe. À ses côtés, le junior Matthew Backer (il est nippo-américain), un -90kg vainqueur du tournoi d’Aix-en-Provence en 2012 et surtout 3e de la coupe du Kodokan en 2012 alors qu’il n’était à l’époque que lycéen. Un judoka à suivre de très (très) près. Enfin, Takeshi Ojitani, l’un des jeunes loups parmi la meute des lourds japonais (champion du monde juniors en 2011, 2e à Tbilissi en 2013). Côté Tenri, l’équipe comptait quatre poids moyens : deux -73kg et deux -81kg. Choix a priori étonnant pour une compétition toutes catégories. Enfin, étonnant oui et non, puisque les combattants en question étaient Takeshi Doi (-73kg), 2e à la coupe du Kodokan 2012, Goki Maruyama, vainqueur du championnat japonais à Fukuoka en avril 2013 et vainqueur à Visé en janvier en -81 kg et surtout l’époustouflant Shohei Ono (-73 kg), vainqueur du dernier Grand Chelem de Tokyo (où il a satellisé R. Nakaya sur o-soto-gari en finale) et 3e à Paris. Ono, qui avait déjà impressionné l’année dernière lors de cette même compétition en terrassant des adversaires de 60kg de plus que lui grâce à ses sode-tsuri-komi-goshi. Dans cette demie de titans, les « Tenri boys », Yasuda (-81 kg) et Maruyama (-81 kg), l’emportaient tous les deux par ippon, respectivement sur Haga et Okumura ! (Pour voir le ippon de Yasuda sur Haga, c’est ici). Mais les « Tokai men » Ohara (vainqueur de Tsujimoto), Ojitani (face à Ishiuchi) ainsi que Baker sur Doi gardaient la maîtrise de la bataille, deux autres combats se finissant hikiwake dont celui de Ono face à Sakamoto.
Dans l’autre demi-finale, Nichidai se débarrassait non sans peine de Kokushikan (désormais entrainé par K. Suzuki) sur le même score, 3-2. Mais le patron s’appelle toujours Tokaï.
De notre correspondant, Thomas Rouquette