Photo : Antoine Frandeboeuf / L’Esprit du Judo
Il attendait cela depuis près de vingt ans et le titre européen remporté en 1995 ! Sept ans après la relance de la section du Paris Saint-Germain sous l’égide de Djamel Bouras, le PSG Judo tient son sacre européen, le premier titre continental par équipes mixtes de l’histoire. L’équipe s’est imposée en finale de la Champions League ce samedi, à Montpellier, 4-0 face au club de L’Étoile Rouge de Belgrade (Serbie) grâce à Romane Dicko, Teddy Riner, Faiza Mokdar et Tatsuki Ishihara. Marie-Ève Gahié et Sanshiro Murao, sélectionnés pour la finale, n’ayant pas eu besoin de combattre.
Douze équipes au départ, dont six françaises et un PSG Judo qui a tout balayé sur son passage : la Champions League par équipes mixtes organisées ce samedi a donné lieu à une très belle journée de judo ponctuée par le succès du club de la capitale, avec le panache en prime. Tout a commencé par un premier tour tranquille pour le Paris Saint-Germain Judo contre les Arts Martiaux d’Asnières, avec la championne du monde des -70kg Margaux Pinot qui lançait la machine Rouge et Bleu grâce à une opportunité parfaitement exploitée au sol. Elle était immédiatement imitée par l’impeccable renfort japonais vice champion olympique des -90kg, Sanshiro Murao, lequel plaçait son explosif ashi-guruma au médaillé olympique français Maxime-Gaël Ngayap Hambou. Romane Dicko apportait le troisième point en quelques secondes sur un énorme harai-makikomi et Faiza Mokdar terminait le travail en poussant son adversaire aux pénalités. 4-1 pour ce qui était déjà un quart de finale – le PSG Judo étant tête de série et exempt de premier tour comme SGS Judo. Seul Aleksa Mitrovic, monté en +90kg, laissait en effet échapper un point contre Maxence Bordin, le très intéressant médaillé européen juniors des -100kg, qui le faisait taper sur un étranglement.
L’équipe d’Ukraine balayée en cinq minutes
Mais le meilleur était encore à venir pour le PSG Judo face à l’équipe Judo Ukraine. Dans le sillage du classieux Murao (deux waza-ari dont un joli uchi-mata sur Stanislav Gunchenko, (vice champion d’Europe -23 ans 2018) pour le 1-0, et très vite 3-0 après que Coralie Haymé, recrue du club cet été, plaçait un seoi-nage et terminait en osae-komi sur Ruslana Bulavina (médaillée européenne juniors 2018 et -23 ans 2020), et que l’Ouzbek médaillé olympique Alisher Yusupov clouait au sol l’ancien vice champion d’Europe juniors Yevheniy Balyevskyy. Un impeccable juji-gatame de Priscilla Gneto venait conclure la séquence pour le 4-0… Du coup, en moins de cinq minutes chrono montre en main, le PSG Judo arrachait le billet de la finale, Walide Khyar et Marie-Ève Gahié, prévus pour entrer en lice, n’ayant même pas l’occasion de se combattre.
Photo : Patrick Urvoy / L’Esprit du Judo
Riner, en leader
Teddy Riner, annoncé dans l’équipe il y a quelques heures, avait harangué ses troupes avant la demie. Il allait prendre ses responsabilités en finale face à l’Étoile Rouge de Belgrade. Le club serbe était emmené par Marica Perisic, vice championne d’Europe 2023 des -57kg, la -70kg Milica Zabic, 30 ans et déjà huit fois médaillée sur le circuit international, le -73kg Bajsangur Bagajev mais aussi le champion du monde cubain 2022 des lourds Andy Granda, Islam Sogenov, vainqueur de deux coupes européennes cette année, et la Japonaise Riho Saiganji, médaillée de bronze lors des deux derniers championnats du Japon en -70kg.
C’est Romane Dicko qui lançait l’offensive face à Zabic avec un o-uchi-gari net. Le deuxième point fut beaucoup plus difficile à obtenir pour Teddy Riner, pourtant acclamé par le public du FDI Stadium de Montpellier bien rempli aujourd’hui. Car le Cubain Andy Granda a désormais beaucoup d’expérience… et le géant français quasiment pas d’entraînement – il remettait le judogi pour la première fois depuis les JO. Si Teddy montait sa main gauche au revers pour aller chercher main droite derrière le col, il n’avait visiblement pas les moyens de prendre la manche de Granda ni de faire tomber. Riner faisait donc intelligemment monter les pénalités, en mettant une énorme pression au kumikata, éreintante pour le combattant de Belgrade mais qui, malin lui aussi, mettait en danger juste ce qu’il fallait pour rester dans le combat. C’est donc après plus de quatre minutes de golden score que le Cubain prenait la troisième pénalité, fatale. Un combat décisif, Riner le savait, avec encore quatre très grosses cartouches derrière pour le PSG Judo. Faiza Mokdar (-57kg) faisait encore très bien le job face à Perisic avec une amenée au sol à laquelle elle a repris goût, et ce dégagement de jambe limpide pour l’osaekomi. Un sans-faute pour elle, avant que le discret Tatsuki Ishihara (-73kg) ne vienne lancer ses attaques face à Bagajev… blessé au genou sur un uchi-mata du Japonais de Tokai et qui laissait s’envoler le suspense de cette finale. Ishihara visiblement désolé pour son adversaire, le PSG Judo pouvait légitimement afficher sa joie d’une journée où l’équipe a survolé la compétition, Marie-Ève Gahié et Sanshiro Murao, sur la feuille de match pour la finale, n’ayant même pas besoin de combattre.
Djamel Bouras fier de l’état d’esprit
De quoi donner le sourire à Djamel Bouras, le président parisien, qui confiait : « C’est fait, c’est la première par équipes mixtes et cela fait plaisir. C’est vraiment dans l’idée que je me fais d’une équipe qui porte fièrement, tous, ensemble, les mêmes couleurs. Il y a la victoire bien sûr, et ça compte évidemment mais j’ai vraiment beaucoup aimé la mentalité de cette équipe, son esprit collectif. J’ai aimé à la fois l’engagement, la simplicité et l’humilité de chacun de nos combattants, celle des Japonais Murao et Ishihara, celle de l’Ouzbek Yusupov… À ce niveau, toutes les équipes se sont renforcées, c’est très clair, encore faut-il que cela se transforme sur le plan collectif. C’est important car c’est l’image du Paris Saint-Germain que nous véhiculons aussi, au Japon et dans d’autres pays. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à voir ce groupe. On avance sur le haut niveau, on gagne, on a vu une très belle équipe aujourd’hui mais, surtout, tout cela s’inscrit dans une vraie démarche de club comme je le dis depuis le début. Nous avons désormais un nouveau dojo au Plessis-Robinson, nous avons deux cars d’enfants qui étaient là pour nous soutenir aussi… C’est l’état d’esprit que nous voulons mettre en avant, c’est le judo que j’aime. »
Sur le podium figurent aussi ce soir la très active équipe de Nice Métropole, à qui Téo L’Herbier a donné la victoire au sixième combat décisif face à SGS Judo – dans un remake de la finale de janvier dernier en Judo Pro League – au terme d’une journée pleine de générosité, et l’équipe géorgienne de Gori qui, à l’image de l’intenable Eteri Liparteliani sur ses o-uchi-gari, venait étouffer l’équipe d’Ukraine 4-0, comme le PSG Judo l’avait fait plus tôt dans la journée.