Sujet central de nombreuses discussions lors des Jeux olympiques de Paris, l’arbitrage va connaître comme à chaque début d’olympiade des modifications, probablement en janvier 2025. Un rendez-vous crucial pour une problématique fondamentale tant elle influe la discipline qu’il régit. En plus des fédérations nationales, la fédération internationale de judo (FIJ) par la voix de son président Marius Vizer a sollicité L’Esprit du Judo comme l’un des observateurs les plus concernés pour connaître nos préconisations.
Dans ce cadre, notre équipe souhaite partager avec vous, lecteurs, pratiquants, passionnés, notre travail. Ce dernier vous sera présenté en trois parties.
Première partie ce lundi avec, en préambule, l’éthique générale du judoka et de l’encadrant puis le rôle du règlement et du choix d’arbitrage.

Bonne lecture.
La rédaction de L’Esprit du Judo

I. PRÉAMBULE
Sous ce titre, nous tentons de définir une éthique générale du judoka, et de tout encadrant engagé à tous les niveaux dans le processus de la haute compétition. La forme que prend le judo en compétition de haut niveau n’est pas seulement un enjeu de règlement.

Le judo est un patrimoine technique historique, avec des gestuelles de projection et de contrôle issues d’une histoire martiale séculaire synthétisée par Jigoro Kano et ses élèves, mais aussi des principes de déplacement, de déséquilibre, de saisie qui ont mis en valeur les fondamentaux éducatifs et philosophiques de la discipline, l’esprit dans lequel elle s’enseigne. Tout ceci, et notamment les principes de déséquilibre qui lui sont spécifiques, forment la discipline transmise sous le nom de « judo », art martial et école du corps et de l’esprit. La com- pétition était à l’origine un exercice d’apprentissage du judo parmi d’autres. À travers le sport universalisé par Pierre de Coubertin, elle est devenue une culture en soi. Mais la recherche de la performance ne doit pas faire oublier le socle sur lequel elle est ap-puyée : la discipline judo. Avoir une connaissance globale de cet ensemble, le respecter, le défendre et l’aimer, l’exprimer à sa façon, doit faire partie d’une éthique générale de tous les intervenants dans la compétition de haut niveau, comme ce doit être le cas aux niveaux inférieurs. Défendre le judo et faire en sorte qu’il soit respecté, notamment dans sa forme sportive, c’est la mission de la FIJ. Elle est vigilante à faire respecter les comportements qui sont fidèles à l’éthique du judoka, elle doit l’être toujours plus à ce que cette éthique soit visible aussi dans l’expression du judo de la part des compétiteurs sur le tapis. Le règlement d’arbitrage est un outil pour inciter chacun à adopter un mode d’expression technico-tactique en compétition qui respecte le judo. Mais la FIJ n’est pas seule dans cette responsabilité de protection du judo. Chacun doit l’adopter dans son rôle spécifique : cadre, athlète, entraîneur, dirigeant. La recherche de la performance ne peut pas être considérée comme la meilleure façon d’utiliser le règle- ment, d’en exploiter les failles. Tout le monde est co-responsable de la forme que prend le judo dans le cadre de la haute compétition.

II. LE RÔLE DU RÈGLEMENT ET DES CHOIX D’ARBITRAGE
Sous ce titre, nous tentons de synthétiser les points les plus importants concernant le règlement et l’arbitrage, dans un ordre du plus important au moins important, même si chaque point est essentiel.

1) Défendre l’expression du patrimoine technico-physique du judo le plus fidèlement possible
2) Défendre l’esprit et la culture du judo
3) Incarner la règle et l’esprit de la règle sur le tapis par l’attitude, l’autorité et l’expertise
4) Déterminer un vainqueur, en désignant le meilleur sur le temps d’un combat
5) Protéger les combattants
6) Être compris et accepté par les amateurs de judo du monde entier
7) Valoriser le spectacle du judo en faisant en sorte de dynamiser le rythme et l’expression des séquences et des mouvements du judo
8) Imposer un temps de combat qui permette la meilleure expression du patrimoine technique et de l’esprit du judo
9) Assurer le bon déroulement d’une compétition de judo dans un temps relativement défini
10) Être simple et accessible au grand public des événements sportifs mondiaux

Partie 2/3 : III. ANALYSE CRITIQUE DES CHOIX FONDAMENTAUX CONCERNANT LE RÈGLEMENT

Partie 3/3 (publiée le 11.10) : IV. NOS PRÉCONISATIONS / V. NOS CONCLUSIONS