29 août 2013 – Rio de Janeiro (Brésil)
-63kg F et -81kg M
Piétri champion, Agbegnenou en argent, Schmitt et Emane 3e
La France avait aujourd’hui joué son joker, en doublant les engagés dans les deux catégories du jour. C’était bien vu ! La championne du monde en titre en -63 kg Gévrise Emane obtient une médaille de bronze, Clarisse Agbegnenou l’argent. Chez les garçons en -81 kg, Alain Schmitt est enfin récompensé par une médaille de bronze mondial, tandis que Loic Pietri réussit l’exploit de prendre le titre. Champion du monde ! Si on excepte le grand Teddy Riner, « hors concours », Le dernier champion du monde français était… Frédéric Demontfaucon en 2001, douze ans déjà.
Loic Pietri en or, Alain Schmitt en bronze, les deux héros du jour en -81 kg / Emmanuel Charlot – EDJ
Ce sont les jeunes qui ont donné le « la » aujourd’hui. Tandis que Gévrise avançait en mode courage et lucidité, mais sans le brio de ses meilleurs moments, qu’Alain Schmitt accumulait les combats au couteau sur les mains face à des durs au mal – dont le médaillé olympique canadien Valois-Fortier – sans pouvoir sortir ses seoi-nage de virtuose, Clarisse Agbegnenou planait sur les eaux en satellisant toutes ses adversaires et Loic Pietri se montrait intenable, variant les seoi-nage à genoux avec des « seoi-nage inversés à la coréenne » extrêmement efficaces, attaquant en reprise de garde et marquant avant l’adversaire, et pas des moindres : un champion d’Asie pour ouvrir, le n°1 mondial Victor Penalber devant son public, privé de son rêve par un seoi-nage foudroyant, le Russe Vorobev, qui finira sur la troisième marche du podium, bien aidé par le forfait de Nifontov, déçu de sa défaite en demi-finale contre le jeune Géorgien champion d’Europe Tchrikishvili.
Deux duels européens
C’est le Géorgien qui battait Alain Schmitt, très vite pénalisé, et Clarisse elle-même qui se chargeait de démontrer la passation de pouvoir en enroulant Gévrise Emane pour ippon. Rejetés vers le bronze, les deux « anciens » allaient être à la hauteur de la journée en plantant une dernière belle banderille pour finir en beauté. Le décor était planté pour un double grnad moment. Les Asiatiques et les Américains sortis du jeu rapidement, les deux meilleurs européens dans la catégorie allaient se rencontrer pour le titre, avec à chaque fois un Français dans le coup. Face à Clarisse Agebegnenou, c’était l’Israélienne Gerbi, la fille qui monte (et même très haut puisqu’elle venait de prendre la place de n°1 mondiale), mais que la Française avait surclassé en finale du tournoi de Dusseldorf. Face à Loic Pietri c’était le champion d’Europe géorgien Avtandil Tchrikishvili, lequel en revanche, restait sur une nette victoire contre lui dans le même tournoi. Dans les deux cas, les meilleurs du jour, Gerbi faisant aussi forte impression que la Française et le Géorgien affichant une autorité de champion du monde auto-désigné.
Gerbi, une première
Clarisse Agbegnenou étiat favorite… mais la chute fut violente. L’Israélienne, très sûre d’elle, lançait très vite son mouvement de hanche et déroulait la Française ! Yuko, à la surprise générale. Le reste était pire. Elle plaçait en enchaînant son étranglement diaboliquement simple qui avait déjà fait céder en demi-finale la Japonaise Abe : enroulement d’un pan de sa propre veste autour du cou de sa future victime à plat ventre avant de pousser sur la tête avec sa cuisse et sa main en renfort. Effet garanti. La pauvre Clarisse mit plusieurs minutes à sortir du sombre trou noir dans lequel elle était tombée. Yarden Gerbi devient la première championne du monde de judo pour Israël. Deux amies qui s’embrassent sur un podium mondial, c’est beau. Mais la jeune Française regrettera sans doute toute sa vie de ne pas avoir été celle qui console.
Loic Pietri se faisait marquer rapidement le yuko généralement fatidique. Très sûr, très puissant et stable, le Géorgien contrait habilement l’un de ses seoi-nage. Le scénario semblait se fixer dans une distribution des rôles déplaisante. Le patron c’était Tchrikishvili… mais pas longtemps. Pietri l’enroulait pour waza-ari avec son « seoi coréen » (à deux mains sur le même revers et à l’envers) et tout était modifié. Le Géorgien faisait pression et usait les dernières forces du Français, mais celui-ci ne cédait pas. Demontfaucon a enfin un successeur, c’est Loic Pietri. Il vient tout juste d’avoir 23 ans.
Quatre d’un coup !
Ce jeudi, l’Europe est revenue dans la place et elle s’appelle globalement la France ! Quatre médailles d’un coup, c’est un vertige. Anonyme jusque là, la France revient au deuxième plan des nations derrière le Japon, coiffe au poteau, pour l’instant, les trois médailles brésiliennes, les deux finales mongoles. Derrière Lucie Décosse, Audrey Tcheumeo, Teddy Riner, pour ne citer que ceux qui ont déjà obtenu un titre mondial… La France première nation en 2013 ? C’est tout à fait possible désormais, malgré l’avance prise par le Japon. Mais celui-ci a montré aujourd’hui ses points faibles : des combattants masculins à venir qui ne valent pas ses trois petits génies – son -81 kg Keita Nagashima a perdu au premier tour sur le Slovène Cetic. Des féminines qui, cela se confirme de jour en jour, ne vont pas mieux qu’à Londres. Aujourd’hui Tanaka et Abe furent l’ombre d’elles même et ne parviennent même pas, à elles deux, à arracher une médaille de bronze.
La Russie est cette fois loin du compte et ne sauve aujourd’hui qu’une médaille de bronze. Si son impact va devenir plus fort à mesure que les combattants prennent du poids, il est désormais clair que les Russes ne se joindront pas à la lutte pour la première place des nations cette fois. Décidément, oui, Rio 2013 sera peut-être bien un triomphe français. Et si, pour la première fois de l’histoire, la France finissait première nation du judo mondial ? Cela se jouera autour de trois à quatre médailles d’or. C’est possible.
DIRECT – Vivez la quatrième journée ici
23h59. Au classement des médailles
Avec 1 or, 2 argent et 2 bronze, la France remonte à la deuxième place des nations derrière le Japon (3, 1, 2) qui connaît aujourd’hui sa première journée blanche. La Russie et la Géorgie ouvrent enfin leur compteur, et l’équipe masculine du Brésil est pour l’instant bredouille.
22h10, -81kg, Piétri champion du monde !
Fa-bu-leux ! Il a fait une journée énorme de bout en bout. Vite mené sur un contre (yuko), Loïc Piétri est venu cueillir le champion d’Europe géorgien Avtandil Tchrikishvili sur son « seoi coréen » pour waza-ari après deux minutes de combat. Subissant la pression du Géorgien, il était pénalisé une première puis une seconde fois mais continuait à attaquer. Un final usant au possible, mais il ne lâchait rien : Loïc Piétri est champion du monde, le premier masculin (hors Teddy Riner) depuis le titre de Frédéric Demontfaucon, dans la catégorie supérieure, depuis 2001.
22h10, -81kg, bronze : une belle récompense pour Alain Schmitt
Alain Schmitt se voyait proposer le Mongol Otgonbaatar, battu par Loïc Piétri un peu plus tôt. Un grand gabarit qui venait pourtant s’empaler sur le seoi du Levalloisien. Waza-ari. Il allait falloir tenir jusqu’au bout. Fatigué, Schmitt se faisait pénaliser mais conservait suffisamment de lucidité pour un ou deux derniers petits coups de pattes. Il est désormais médaillé mondial. Une belle récompense pour cet excellent judoka.
21h45, -63kg, finale : Agbegnenou battue en 43 secondes !
On vous parlait de cette Yarden Gerbi dans le dernier numéro de l’EDJ : une Israélienne qui a beaucoup progressé ces derniers mois et pris le leadership à Alice Schlessinger pourtant médaillée mondiale. La voici championne du monde au terme d’un scénario pour le moins inattendu : attaque en harai-goshi pour yuko sur la première prise de garde ou presque… enchaîné en shime-waza dont elle a le secret, comme en demie. Evanouie, Clarisse Agbegnenou a eu du mal à reprendre ses esprits. Ces deux là sont amies dans la vie et Gerbi, heureuse, avait le beau geste de venir tenir la main de la Française. Rien à dire.
21h45, -63kg, Emane en bronze
Vous vouliez une réaction d’orgueil de la championne ? La voici : avec ce seoi à la volée contre la Slovène Trstenjak, Gévrise Emane, sacrée ici à Rio en 2007 (en -70kg), décroche sa 4e médaille mondiale, la première en bronze, le seul métal qui lui manquait encore.
21h35, -81kg, Piétri en finale
Il est impeccable Loïc Piétri aujourd’hui : opposé au Mongol Otgonbaatar, 3e des derniers championnats d’Asie et finaliste au Grand Prix de Mongolie, il lançait d’entrée les hostilités, fidèle à son schéma, pour marquer vite : un sode pour yuko après 50 secondes de combat, avant de gérer les pénalités, puis de contrer cet uchi-mata sur la 2e partie du combat. Loïc Piétri est en finale des championnats du monde. Une première pour les Français en -81kg depuis 2007 et la finale d’Anthony Rodriguez. Rappelons qu’aucun Français n’est parvenu à décrocher le titre dans cette catégorie…
21h30, -81kg, Alain Schmitt pour le bronze
Joachim Bottieau, double médaillé européen et tombeur notamment de Loïc Piétri en avril dernier à Budapest, fait partie de ces empêcheurs de tourner en rond. Le Français le savait et l’a plutôt bien géré au pénalités. Maintenant, cap sur le bronze !
21h15, -63kg duel fratricide remporté par Agbegnenou
C’était un duel de génération entre la double championne du monde gévrise Emane et celle que l’on arrête plus, sa cadette de dix ans. Gévrise, tentait bien de verrouiller la manche, mais c’est pourtant l’impétueuse combattante du JC Escales qui trouvait l’ouverture : un ashi-guruma en bordure qui insiste, qui insiste… pour le pion. Un moment dur pour Gévrise Emane dans ce qui ressemble à une passation de pouvoir. Dans l’autre demie, c’est l’Israëlienne Gerbi qui crée la surprise en battant la Japonaise Kana Abe sur un étranglement parfait.
19h30, -63kg, le programme des demi-finales
Yarden Gerbi (ISR) – Kana Abe (JPN)
Clarisse Agbegnenou (FRA) – Gévrise Emane (FRA)
Trois combats, moins de six minutes sur les tapis, le parcours de Yarden Gerbi ressemble à s’y méprendre à une promenade de santé jusque là. Mais la finaliste du dernier Master devra se méfier de la Japonaise Kana Abe, sortie triomphante de sa lutte fratricide avec Miki Tanaka.
À peine plus longue que l’Israélienne, Clarisse Agbegnenou justifie, elle aussi, parfaitement les attentes qui planent autour d’elle. Mais sa demi-finale aura une saveur particulière, son opposante se prénommant Gévrise Emane. Une tenante du titre qui fait le métier jusque-là.
18h45, -81kg, le programme des demi-finales
Loïc Piétri (FRA) – Uuganbaatar Otgonbaatar (MGL)
Avtandil Tchrikishvili (GEO) – Ivan Nifontov (RUS)
Comme en 2011, LoÏc Piétri accède au carré final. Au terme d’une première partie de journée tonitruante, notamment contre le numéro 1 mondial brésilien Victor Penalber, balayé comme le champion d’Asie Hong, le Néerlandais Van de Kamer et le Russe Vorobev par les seoi et sode du Niçois. Il ne devra sa place en finale qu’à un combat dans la lignée de son championnat contre le Mongol Otgonbaatar, qui s’est défait plus tôt du Géorgien Tsiklauri. En bas de tableau, le Géorgien Avtandil Tchrikishvili, champion d’Europe en titre, a disposé d’Alain Schmitt en quarts pour se retrouver face au Russe Nifontov, absent des Europe mais vainqueur du dernier Master.
18h35, -63kg, 2e tour, Emane à l’expérience
Menée aux pénalités par l’Américaine Martin, la double championne du monde ne s’est pas affolée : deux ou trois tentatives de contre mais surtout cette fin de combat bien gérée sur le plan tactique où elle faisait pénaliser son adversaire pour l’emporter d’un shido.
18h35, -63kg, 2e tour, « Agbe » expédie les affaires courantes.
Waza-ari, puis, très vite, une grosse attaque en o-soto-gari qui laisse son adversaire, la Portugaise Ana Cachola, sur les fesses, avant de remettre ça à l’autre de bout du tapis. Waza-ari awasete-ippon : certes, c’était contre cette modeste Portugaise, mais qui pourra arrêter la Française aujourd’hui ?
18h30, -81kg, 1/4 de finale. Alain Schmitt sorti
Dans ce combat contre l’un des nouveaux hommes forts du groupe géorgien, champion d’Europe en avril dernier en Hongrie, Avtandil Tchrikishvili, Alain Schmitt a vu défiler les pénalités au cours d’un combat tactique parfaitement géré par le Géorgien. Hansokumake au bout de quatre minutes… Dur, frustrant, pour le Français qui doit maintenant aller chercher le bronze au cours d’une journée qui pourrait être très très belle pour les -81kg.
18h13, -81kg, 1/4 de finale. Piétri en demies
Un waza-ari en début de combat puis une gestion de vieux renard face au Russe Vorobev. Voici Loïc Piétri en demies, comme en 2011.
18h00, -63kg, 1er tour. Gévrise au diésel
La tenante du titre réussit son entrée tardive dans la compétition. La porte n’est pourtant pas passée loin : Anna Bernholm, son adversaire suédoise, profitait d’un seoi mal assuré de la Française pour lui marquer yuko en contre dans la première minute. A l’expérience, Gévrise reprenait peu à peu le contrôle de son destin. D’abord en égalisant au terme de la troisième minute sur un ura-nage, puis en faisant pénaliser et en contrôlant la manche de la grande gauchère. Next !
17h35, -81kg, 3e tour, Piétri déboîte Penalber
Victor Penalber ne l’a pas vu venir : un seoi-nage à genoux pour ippon d’un Loïc Piétri visiblement très bien aujourd’hui est venu doucher tous ses espoirs de médailles à domicile. Et si c’était le jour du Français ?
17h20, -63kg, 1er tour, Agbegnenou peinard
Opposée à une adversaire qu’elle connaît bien, la franco-marocaine Rizlein Zouak, Clarisse Agbegnenou, l’une des favorités du jour, plaçait son sumi-gaeshi por un petit yuko enchainé en immobilisation. Une entrée en douceur pour la championne d’Europe qui vise clairement le titre.
17h10, -81kg, 2e tour, Schmitt s’offre Valois-Fortier
Alors que le Canadien Antoine Valois-Fortier mène au bénéfice des pénalités (3-0), Alain Schmitt trouve l’ouverture sur un coup de patte pour yuko. Un avantage qu’il va parfaitement géré jusqu’au bout.
16h30, -81kg, 2e tour, Piétri sur seoi
Seoi-nage à une trente de la fin alors qu’il menait aux pénalités face au Néerlandais Van de Kamer : c’est un Loïc Piétri conquérant qui avance dans son tableau. Prochain client : le Brésilien Penalber que le Français est l’un des rares combattants à avoir battu depuis deux ans.
16h, -81kg, 1er tour, Alain Schmitt sans forcer
Ippon en moins de deux minutes sur son seoi-nage : Alain Schmitt n’a pas tremblé face au Néo-Zélandais Mark Brewer. Le prochain tour l’opposera au médaillé olympique canadien Antoine Valois-Fortier. Un gros match en perspective.
15h30. -81kg, 1er tour, Piétri assure
Opposé au Coréen Hong, champion d’Asie en titre, Loïc Piétri n’a pas fait de détail : deux yuko (en contre et sur ura-nage) et un waza-ari obtenu sur son sode.
Les Français du jour
Ils seront quatre aujourd’hui à fouler les tatamis brésiliens. Et pas des moindres chez les féminines, où Gévrise Emane vient défendre son titre acquis à Paris tandis que Clarisse Agbegnenou tentera de faire règner sa loi comme elle le fait depuis le début de l’année. Elle est en effet invaincue depuis sa défaite en quarts de finale du Grand Chelem de Tokyo en décembre 2012. C’était contre la Cubaine Espinosa, qu’elle ne pourrait au mieux retrouver qu’en finale. Il lui faudra toutefois dominer la Russe Labazina, son adversaire en finale des Europe de Budapest, en quarts – ou peut-être une Mongole, une Chinoise sans référence – , avant de se disputer le ticket pour le duel final contre – espérons le – Gévrise Emane, qui aura, elle, sans doute à battre la Néerlandaise Van Emden. Les deux Japonaises sont dans le même quart de tableau.
La fiche athlète de Clarisse Agbegnenou
La fiche athlète de Gévrise Emane
Chez les hommes, il faudra répondre présent d’entrée pour Loïc Piétri et Alain Schmitt. Le Niçois a hérité d’emblée du Coréen Suk-Woong Hong, ni plus ni moins que le champion d’Asie. Pour le Mosellan, c’est un autre champion continental qui se dresse sur sa route, à savoir… le Néo-Zélandais Mark Brewer. Un obstacle largement surmontable, pour s’offrir alors une belle opposition contre le Canadien Antoine Valois-Fortier, sur le podium olympique à Londres. Dès lors, tout serait permis.
La fiche athlète de Loïc Piétri
La fiche athlète d’Alain Schmitt