Pont fait le triplé, Nice Judo et le Dojo Romanais à la fête
C’est dans la superbe salle de l’Arténium, à Ceyrat, que les meilleurs cadets nationaux ont commencé à se retrouver ce samedi, à la quête d’un titre national. Des catégories denses (pas moins de 50 combattants par catégorie), une organisation millimétrée, des favoris qui tiennent leurs rangs, des combattants qui se révèlent, des finales intéressantes, franchement passionnantes pour certaines. Retour sur cette longue mais excitante 1ère journée.
1er championnat national individuel de l’année, les « France cadets » ont souvent l’avantage de nous proposer de jeunes judokas en herbe, portés sur l’attaque, parfois de manière brouillonne, mais toujours sincère. Peu de tactique pour plus d’engagement, qu’ils payent parfois cher… Parmi ces jeunes judokas, des jeunes pousses bluffent par une maturité et une intelligence supérieures à la moyenne et sans doute intéressantes pour l’avenir. Chez les féminines c’est le cas de Shirine Boukli (-44kg, JC Aramon) et de Blandine Pont (-48kg, OM Judo). Des filles attendues, analysées et craintes mais qui, dans leur costume d’archi-favorite ont prouvé le jour J qu’elles étaient bel et bien les patronnes de leur catégorie. Mention spéciale à la micro-machine marseillaise Blandine Pont, triple championne de France cadette depuis cet après-midi qui, outre cette autorité qui lui vaut ces trois tires, offre à voir un judo très plaisant basé sur un uchi-mata à droite et un sankaku-jime qui vont au bout de l’idée.
Boukli et Pont bien au rendez-vous
En -40kg, c’est Lucie Luther, la protégée du magicien de Marnaval, Francis Clerget, qui monte sur la plus haute marche du podium. Opposée à Cassandra Laroche (JC Saint Gengoux), victorieuse à Cannes au Tournoi de France, la première finira par l’emporter sur son spécial : un énorme yoko-guruma qui montera C.Laroche avant de la plaquer sur le haut des épaules pour ippon. Un combat intense, âpre, sans de temps mort, qui ouvraient parfaitement la série des finales à suivre.
En -44kg, S.Boukli se savait favorite. Pas dans un grand jour, sa marge restait tout de même suffisamment importante pour l’emporter sans trembler. Bien que bousculée en demi-finale contre J. Weill, dit Morey, (La Couronne Judo), le club de Guillaume Avril, gros fournisseur de féminines sur les podiums nationaux, Boukli gérait parfaitement sa finale contre Mélanie Vieu (Judo Ferrières). Menant très vite sur un waza-ari opportuniste en contre, S. Boukli, 2ème à Zagreb, ne se laissait pas prendre à l’enchaînement à la «Saidov » de son adversaire – yoko-tomoe-nage suivie en clef de bras – se contentant de poser son bras droit d’acier pour faire plier l’adversaire. Un premier titre cadet pour une combattante déjà performante chez les juniors.
Disons le tout net : les -48kg nous ont offert la plus belle finale du jour. D’un côté, donc, Blandine Pont, victorieuse à Cannes, 2ème à Zagreb, 1ère à Fuengirola (Espagne), un judo très riche et une envie à tout casser. De l’autre Anais Mosdier (ADST Judo), le deuxième nom du trio qui cannibalise tout en -48kg depuis deux ans (le troisième étant Coralie Marcus-Tabellion, ADJ 21). Un petit brin de femme aux morote seoi-nage diaboliques, tout comme ses sode ou ses ko-uchi makkikomi. A Cannes, Pont l’avait emporté d’un petit shido, non sans mal. Se connaissant par cœur, on se disait qu’encore une fois, cela allait se jouer sur de petits détails.
Comme cette manche, que Mosdier ne tirait pas suffisamment sur un morote supersonique ou la capacité de Pont de monter son bras droit avec plus ou moins de conviction. Combat tactique mais pas fermé, les deux jeunes filles ont montré l’image de judokates aux systèmes d’attaques déjà affûtés et capable d’adopter un véritable schéma pour la gagne. A ce petit jeu, c’est Pont qui finira par trouver l’ouverture en fin de combat. Arrivant à placer sa main au col, elle déclenchait un uchi-mata que Mosdier ne pouvait contrer. Yuko, la messe était dite. Toutes les deux cadettes 3ème année, leur duel pourrait donc continuer en junior. Avec le judo proposé, on ne s’en lassera pas, surtout qu’elles seront à Lyon pour les championnats de France. Une catégorie dans laquelle Pont a déjà posé des jalons avec sa finale à Aix.
On attend la suite, pour ces deux filles, avec beaucoup d’intérêt.
Enfin en -52kg, Emma Russaouen (Kumo) prend sa revanche de Cannes. Battue en finale du Tournoi de France par Noémie Brochot (JC Faulquemont), la Bretonne s’impose avec autorité sur un très joli tani-otoshi suivi en ne-waza, le tout dans la 1ère minute. Du travail propre.
Nice Judo c’est (toujours aussi) costaud, Le Dojo Romanais engrange
Hugo Bos, tout sourire sur la plus haute marche du podium/Thomas Rouquette
Quatre catégories ce samedi chez les garçons. Une belle confirmation, avec Hugo Bos (Nice Judo), une vraie affirmation, avec Reda Seddouki (Flam 91), Alix Raynard (JC Challanda) et Théo Riquin (JC Vallée du Clan) et une surprise avec Théo Lambert (Dojo Romanais).
En -46kg donc, c’est le petit Guyanais formé par Guy Pina, Hugo Bos, arrivé chez Michel Carrière en début de saison dernière, qui s’adjuge ce que beaucoup lui promettaient. Elégant judoka, très efficace avec ses sode ultra-rapides, il ne laissera aucune chance à tous ses adversaires du jour. Vainqueur par ippon de tous ses combats, il ne lui faudra pas plus de quinze secondes pour placer un juji-gatame joliment opportuniste en finale à Ugo Machefer (Petit Couronne). Du bel ouvrage pour un judoka aussi timide que son judo est affirmé, varié et surprenant, et qui ne quitte plus la plus haute marche du podium depuis quelques mois (Cannes et Brême). En -50kg, c’est la surprise du jour avec en finale deux judokas qu’on n’attendait pas à pareille fête. Yoann Lambert, 7ème à Cannes, 7ème à Nîmes fin 2014 et Kenny Briard (Nice Judo), 1ère année sans référence dans cette nouvelle tranche d’âge pour lui. Vainqueur surprise de Lorenzo Vassallo (Dojo Romanais), l’un des favoris du jour, Kenny Briard, chez Michel Carrière depuis son plus jeune âge, s’ouvrait les portes de la finale, grâce à un judo efficace. Mais en finale, Y. Lambert profitait d’un moment de déconcentration du Niçois pour lui placer une clé tout en verticalité. Croyant que l’arbitre allait dire matte, Briard se relâchait légèrement. Lambert, lui, ne lâchait rien et surtout pas le coude de son adversaire, finalement obligé d’abandonner. Une médaille d’argent malgré tout qui met le club niçois à deux médailles dès le 1er jour (1 or, 1 argent). Une performance que la constance des résultats chez les jeunes de Nice Judo prêterait presque à banaliser, mais qui révèle l’incroyable capacité à être performant dans la durée du club niçois. A croire que Michel Carrière est un sorcier.
En -55kg, Alix Raynard a tout simplement régalé. 2ème à Cannes et 5ème à Zagreb, le judoka vendéen a écoeuré Axel Beres (AS Jeunes du Taillan), 3ème à Nîmes, avec ses superbes morote dont trois comptés yuko et waza-ari ! Impuissant, A.Beres ne pourra que constater les dégâts.
En -60kg, Reda Seddouki, 2ème à Brême, aura fait montre d’une vraie maturité pour l’emporter face à l’une des surprises du jour le Géorgien Giga Abuashvili (Bordeaux Aquitaine). En permanence sur l’attaque, avec un gros physique et surtout un gros ippon-seoi-nage à gauche, le judoka aquitain n’a tout de même pas trouvé les ressources et les solutions pour battre le sociétaire du Flam 91. Menant rapidement sur un morote inversé, Seddouki tentera beaucoup puis finira par faire rompre G.Abuashivili sur un sankaku inversé. Il ne le lâchera plus, malgré les deux sortie d’immobilisation, pleines de panache, du jeune Géorgien. Un travail parfaitement exécuté sous le yeux d’un Baptiste Leroy et d’un Kilian LeBlouch, qui le suit au quotidien depuis deux ans, qu’on imaginait sans peine satisfaits du travail produit.
Enfin en -66kg, Théo Riquin remporte l’or après le bronze en 2014, vainqueur en finale de Hugo Metifiot (Dojo Romanais), sur une immobilisation pleine de malice et d’opportunisme dès le début du combat.
Une seconde médaille pour le club drômois qui fait donc jeu égal avec Nice Judo sur cette 1ère journée en terme de résultats.
Réactions :
Blandine Pont, vainqueur en -48kg : « Ce titre, c’est la récompense de mes trois années d’effort chez les cadettes. En finale contre Mosdier c’est toujours serré. Je savais qu’elle avait travaillé sur ma main droite qui monte. J’ai donc réfléchi à une solution avant ce combat pour ne pas être coincée. A la fin je lance, je marque puis je gère mon combat. Maintenant, j’ai le Tournoi de St Petersbourg (junior) dans une semaine puis les France Junior dans un mois. Un doublé ce serait pas mal !
Mes débuts dans le judo ? J’ai commencé au Castelnau Olympic Judo, à côté de Montpellier. Je suis arrivé à l’OM Judo en septembre 2013 où j’ai pu vraiment me perfectionner techniquement avec Bernard Tchoullouyan et Alain Girodengo. Une technique que je ne veux surtout pas négliger et que je continue à travailler toutes les semaines. Mes prochains objectifs ? La Russie tout d’abord. Ensuite, se seront le France Junior mais surtout les championnats d’Europe à Budapest et du monde à Sarajevo, si bien sûr je suis sélectionnée. J’ai l’impression d’avoir passé un cap à l’international la saison dernière et j’aimerais pouvoir le confirmer cette année. Gérer études et compétitions ? C’est un peu compliquée. Mais j’essaye de faire ça au mieux. Je suis une perfectionniste et avoir des bonnes notes est aussi un objectif pour moi, qui suis en 1ère S ».
Hugo Bos, vainqueur en -46kg : « Je suis évidemment très heureux. C’était l’objectif en début de saison donc contrat rempli après être arrivé en métropole et à Nice Judo en septembre 2014. J’ai commencé le judo à quatre ans avec Guy Pina. Alors même si le climat me manque parfois (rires), je suis très content car Nice est un club familial, une ambiance qui me plaît et qui m’a apporté beaucoup cette année techniquement. Mes prochains objectifs ? Les qualifications pour les France par équipe cadet ».