Et le jour qui a consacré le retour au premier plan de Shohei Ono !
Shohei Ono, un champion du monde déjà mythique enfin de retour / Officiel IJF
Deux catégories féminines, deux catégories masculines pour cette seconde journée. Chez les féminines, Anne-Laure Bellard en -63 kg, si consistante jusqu’au championnat du monde, s’éclipse rapidement sur un décalage de pénalités pour une fois en sa défaveur, contre la Suédoise Barkeling, 46e mondiale. Un déplacement qui ne fera pas date pour elle. Dans cette catégorie, toujours pas de Japonaise en or, la championne du monde juniors 2010 Miku Tashiro, troisième des championnats du monde, reste sur la marche inférieure, en bronze. C’est la néo-Anglaise Alice Schlesinger, médaillée mondiale 2009 pour Israël, qui fait un retour tonitruant après de longs mois d’éloignement du judo où on l’a vu gagner entre autres un championnat du monde de Sambo. Comme pour la Belge Van Snick et la Chinoise Ma hier, Schlesinger s’impose aujourd’hui comme une fille avec laquelle il va falloir compter.
France – Allemagne en 70
En -70 kg, nos deux prétendantes à la place de titulaire tenue par Gévrise Emane étaient sur la ligne de départ. Margaux Pinot battait d’un yuko la dangereuse Tchèque Eiglova, mais perdait la bataille contre l’Allemande Marzok, onzième mondiale, à laquelle elle parvenait pourtant à infliger un yuko avant de prendre un waza-ari qui sera définitif. Quant à Fanny-Estelle Posvite, elle gagnait deux bons combats contre la Tchèque Gercsak, montée récemment des -63 kg et la Chinoise Zhou, 43e mondiale, mais perdait d’une pénalité absurde contre l’Allemande Diedrich (32e mondiale), malgré un combat plutôt favorable, et de deux pénalités sur le même registre en repêchages face à la Néerlandaise Sanne Lisa Van Dijke. Détail qui fait mal : Van Dijke est championne d’Europe juniors 2014 et Diedrich, médaillée mondiale juniors 2013. Et c’est la Japonaise Chizuru Arai, vice championne du monde juniors 2013, qui l’emporte en réglant les Allemandes Marzok et Diedrich en demi et en finale. De quoi prendre, déjà, un coup de vieux.
Chaine prend Ono
En -73 kg, le champion de France Guillaume Chaine avait seul la responsabilité de défendre le judo français dans un tableau qui demandait l’exploit. Si l’Estonien Rothberg, au delà de la 100e place au classement mondial, n’était pas sur le papier un obstacle insurmontable pour le Français désormais classé 85e mondial, il affrontait ensuite rien moins que le champion olympique des -66 kg, le Géorgien Shavdatuashvili, contre lequel il faisait une belle partie de manivelles. Parfois à la limite de la rupture, c’est pourtant lui qui trouvait l’ouverture pour un mouvement de hanche qui surprenait le 26e mondial. Juste derrière ce beau combat, c’est le… 6e mondial, le Belge Dirk Van Tichelt, qui passait par la fenêtre d’une pénalité, non sans avoir résisté pendant sept minutes et dix-huit secondes. Plus facile le combat suivant contre le 20e mondial ? Pas vraiment car c’était le classement du meilleur combattant du monde en 2013, l’étincelant Japonais Shohei Ono ! Guillaume Chaine résistait une bonne partie du combat avant de se faire projeter sur un o-soto-gari violent. Et c’est le n°2 mondial qui l’attendait pour l’achever en repêchages, l’Israélien Sagi Muki… Alors, si la 7e place est encore modeste, ce parcours dans un tableau ultra relevé exprime néanmoins bien le potentiel qui tardait à s’exprimer de Chaine, capable d’accrocher certains des meilleurs.
Mais celui que tout le monde regardait ce samedi avec les yeux de l’amour (du judo), c’est le Japonais Shohei Ono. Champion du monde 2013 exceptionnel, inexistant en 2014 après sa suspension au Japon pour violence sur des premières années, le jeune génie du judo japonais s’est reconstruit progressivement. Finaliste au Grand Chelem de Tokyo derrière le grand Akimoto, il a cette fois rendu une copie impeccable, retrouvant son impact sur uchi-mata et o-soto-gari, mais révélant aussi des capacités à projeter sur seoi-nage et sode-tsuri-komi-goshi… des techniques qu’il faisait beaucoup quand il était plus jeune (!) Bref le Ono nouveau est arrivé et a priori, à 23 ans depuis le début du mois de février et avec finalement peu de tournoi derrière lui, il a encore une bonne marge de progression et un arsenal technique plus riche que jamais. Ça promet !
Pietri, la bonne rentrée
En -81 kg, on retrouvait nos deux médaillés mondiaux Loïc Pietri et Alain Schmitt. Alain Schmitt prenait ippon sur un fort o-soto-gari du puissant américain Travis Stevens. Après Abou Dhabi et la Chine, c’est une nouvelle relative contre performance en Grand Prix pour le fort de Forbach – très relative car Alain Schmitt est 15e mondial quand Stevens est 5e, mais notre n°2 français a combattu deux fois pour le bronze mondial en 2013 et 2014 – qui devra bientôt montrer qu’il a toujours les moyens.
Loïc Pietri faisait son premier tournoi depuis sa troisième place du championnat du monde à Chelyabinsk. Il sortait de son quart de tableau sans trop de souffrance en dominant trois adversaires, dont le Mongol Dagvasuren Nyamsuren (33e) et le Biélorusse Aliakdsandr Stiashenka (26e), vainqueur du Japonais Nagase au tour précédent. Mais il était brutalement interrompu dans sa démonstration par le combattif Belge Bottieau (16e) qui lui marquait un petit yuko et ne rendait jamais le ballon. Dans un style à la limite, Joachim Bottieau qui avait battu le médaillé olympique et mondial canadien Valois-Fortier avant Pietri, s’en allait même casser la baraque en gagnant le tournoi, contrôlant au passage par sa précision tactique le champion du monde Tchrikishvili. Pendant ce temps-là notre champion du monde 2013 concluait par une victoire sur le Hongrois Csoknyai (34e) vainqueur de l’Américain Stevens au tour précédent. Un tournoi sans défis spectaculaires pour Pietri, malgré la présence des meilleurs mondiaux de la catégorie qu’il n’a pas eu l’opportunité de rencontrer, et frustrant par cette nouvelle défaite sur ce Belge qui l’avait déjà privé d’une médaille européenne il y a quelques années (mais Bottieau est très difficile à prendre quand on n’est pas à son pic de forme, la preuve, il bat ici le n°1, le n°2 et le n°4 mondial !) mais une nouvelle médaille pour le Niçois qui n’est jamais descendu du podium depuis son titre mondial 2013 à chaque sortie. Somme toute, donc, un bon tournoi de rentrée pour lui.