Cette semaine, rendez-vous était pris avec Alain Schmitt, directeur technique de l’Étoile Sportive de Blanc-Mesnil Judo. Titulaire aux JO de Londres en 2012 et médaillé mondial en 2013 en -81kg, le natif de Forbach, dont l’envie de coacher à haut niveau vient de loin, revient pour nous sur son équipe (le club est double champion de France en titre), sa préparation et les ambitions de l’ESBM à une semaine des championnats de France par équipes à Brest.
Alain, où en est votre groupe ? Comment préparez-vous ces championnats ?
Des décisions vont être prises aujourd’hui (l’interview a été réalisée ce jeudi matin, NDLR). Si on ferme les gymnases, la pratique du judo va être très compliquée. Mais, et c’est un principe, j’essaie de ne me préoccuper que de ce que je peux contrôler. Penser à une chose sur laquelle on n’a pas la main, c’est en fait inutile. Concernant l’équipe, il y a des petits bobos mais rien de sérieux. J’estime qu’au niveau physique, elle se situe à 80 % de ses capacités maximales et se trouve dans une forme meilleure qu’avant le confinement. Une période – et un peu après – pendant laquelle on a mis en place un travail de préparation physique de fond, afin de travailler les muscles profonds. L’idée ? Prévenir les blessures. Au niveau de l’état d’esprit de l’équipe, il y a beaucoup d’incertitudes liées à la Covid-19 et à ses conséquences. Les championnats auront-ils vraiment lieu ? Dois-je me lancer dans un régime ? Sur ce point-là, c’est vrai, ce n’est pas idéal pour les combattants. Mais ce questionnement est commun à tous les judokas qui seront à Brest. La semaine prochaine, j’aurai tout le groupe à disposition. Nous allons donc faire de l’affûtage, essayer de croiser le moins de monde possible et alterner entre travail collectif et individuel.
Vous êtes tenants de titre chez les féminines et les masculins. Quelles sont vos ambitions ?
Cette compétition aura la même importance que l’année dernière… tout en étant une compet’ de reprise. Un peu comme si on revenait après une grosse blessure. C’est assez particulier. Je vois donc ces championnats comme l’occasion pour mes athlètes de remettre le pied à l’étrier. Et je n’ai aucun doute que l’équipe féminine et masculine se mobiliseront au maximum pour conserver leurs titres. Ce sont des compétiteurs de très haut niveau. Après, l’objectif principal du club reste que nos athlètes brillent individuellement.
Pouvez-nous en dire plus sur vos deux équipes ?
Chez les féminines, c’est assez simple puisque l’équipe sera identique à celle de l’année dernière avec Julie Weill dit Morey (-52kg), Astride Gneto (-52kg), Priscilla Gneto (-57kg), Fatiha Moussa (-57kg), Manon Deketer (-63kg), Margaux Pinot (-70kg) et Madeleine Malonga (+70kg). Chez les masculins, comme vous le savez, le club a opéré de gros changements. Cela sera donc sans doute une année de transition, même si l’équipe reste très compétitive : en -66kg, nous aurons deux -60kg avec Cédric Revol et Vincent Limare, en -73kg, Pierre Duprat, en -81kg, nous n’avons pas de combattant de haut niveau, en -90kg, Aurélien Diesse et en +90kg, Cyrille Maret.
Vous avez connu la victoire avec Levallois lorsque vous étiez combattant. C’est quoi les sensations du « par équipes » ?
Cela a bien évidemment une saveur particulière. Je pense surtout que cela permet à la fois de forger un groupe mais aussi d’avancer individuellement, d’une manière parfois très différente d’une compétition où l’on est seul sur le tatami. Cela offre un autre regard sur ses atouts et ses manques et donc sur les axes de travail à mettre en place pour progresser.
Vous êtes devenu entraîneur de haut niveau il y a quelques années. Cette vocation, elle vient d’où ? Quelle est votre vision du métier ?
De loin ! J’ai toujours senti ce besoin de transmettre au plus haut niveau. Le fait que mes parents soient judokas n’y est sans doute pas étranger. Lorsque j’ai pris mes fonctions, j’étais excité à l’idée de pouvoir mettre en place les idées que j’avais du coaching de haut niveau. Dans ma carrière, deux hommes m’ont « inspiré » : Waldemar Legien, au Racing Club de France. Un puits de connaissances techniques ! Et Christian Chaumont, à Levallois. De ce dernier, je retiens sa vision du travail tactique et sur ce qu’est le haut niveau dans notre discipline. Je ne fonctionne pas du tout avec la « peur ». Mon idée est bien plus qu’il faut « être bien dans sa tête et bien dans ses pompes !» (rires). J’estime qu’il faut s’entraîner beaucoup, être centré sur soi, sa progression et, comme je vous le disais, se focaliser uniquement sur tous les paramètres que l’on peut maîtriser.