Sept Français engagés ce vendredi pour un Grand Chelem d’Antalya dont la densité peut d’ores et déjà être considérée comme consistante : 525 judokas présente, contre moins de trois cents à Paris ou Tel-Aviv. Certes, on notera l’absence des Japonais (pris par leur championnat national), des Russes et des Coréens mais la présence de cinq n°1 mondiaux, dont quatre sont des médaillés olympiques : la Canadienne Jessica Klimkait (-57kg), la Française Madeleine Malonga (-78kg), le Taiwanais Yung Wei Yang (-60kg) et le Belge Mathias Casse (-81kg).
Ce soir, la première leçon tient dans la domination asiatique. Deux titres avec la Mongole Narangtseteg Ganbaatar en -48kg et le feu follet taiwanais Yang en -60kg. La première l’emporte aux pénalités en finale face à sa compatriote Baasankhuu Bavuudorj. Très impressionnante avec ses sode-tsuri-komi-goshi debout et son juji-gatame (elle bat la Française Blandine Pont grâce cette clé de bras en huitième de finale), Ganbaatar emporte son premier titre en Grand Chelem après sa cinquième place à Bakou fin 2021.Son adversaire malheureuse se positionne également comme une judokate à surveiller de très près, puisqu’à 22 ans, elle enchaine une troisième médaille consécutive en Grand Chelem, après l’argent à Paris et le bronze à Tel-Aviv. La relève en équipe nationale de la multiple médaillée mondiale (2017, 2019 et 2021) et médaillée olympique 2020 Urantsetseg Munkhbat, désormais partie au MMA, est d’ores et déjà assurée.
Côté masculin, Yang Yung-Wei, vice champion olympique surprise à Tokyo, vainqueur du Grand Chelem d’Abou Dhabi fin novembre se montre intouchable avec un sankaku-jime terrible (Cédric Revol en sera l’une des victimes du jour en huitième de finale) et un morote-seoi-nage qui perce la défense du Géorgien Lukhumi Chkhvimiani, champion du monde 2019, en finale. Ce judoka toujours en mouvement est magnifique d’élégance et d’efficacité. Remarquable dans ses déplacements sans jamais chercher la pénalité, précis dans ses attaques debout, épouvantable dans ses enchaînements en ne-waza, il a écoeuré les deux Géorgiens présents, dont Lukhumi Chkhvimiani, champion du monde 2019.
La seconde leçon du jour tient dans le retour sur la scène internationale de l’un des duels nationaux qui tint en haleine le judo mondial, cette fois-ci en vue de Paris. Jessica Klimkait, championne du monde en titre et médaillée de bronze à Tokyo contre Christa Deguchi, championne du monde 2018.
Ce vendredi la première prend l’ascendant avec une victoire probante, battant en finale la Française Sarah-Léonie Cysique sur un morote-seoi-nage victorieux précis et puissant après seulement vingt huit secondes combat.
Klimkait, pour son retour sur le circuit, se montra précise sur ses mouvements d’épaule, et, et c’est nouveau, plus entreprenante en ne-waza.
Christa Deguchi termine au pied du podium. La déception de ne pas avoir été la -57kg canadienne à Tokyo pèse-t-il encore dans la tête de l’ancienne étudiante de l’université japonaise de Yamanashi Gakuin ?
La dernière leçon, enfin, tient dans la solide prestation de Sarah-Léonie Cysique, qui bat justement Deguchi en demi-finale, de manière très nette, sur un joli ko-soto-gari. Si elle se fait totalement surprendre par Klimkait en finale, la vice championne olympique continue de reprendre solidement ses marques, après sa médaille de bronze à Paris en février.
L’autre médaille française est ce soir autour du cou d’Astride Gneto, battue aux pénalités en demi-finale par la Hongroise Reka Pupp, victorieuse à Bakou en novembre et cinquième des Jeux, avant de l’emporter contre la Brésilienne Larissa Pimenta trois shidos à deux.
Une troisième médaille en quatre Grand Chelem pour la cadette des sœurs corses (pour une victoire à Tel-Aviv), qui renforce la démonstration de sa régularité, elle qui est actuellement n°2 mondiale.
Au pied du podium, Mélanie Clément-Legoux (-48kg) se fait battre nettement par la Mongole Bavuudorj en demi-finale et l’Espagnole Lapuerta Comas sur le même mouvement : ura-nage.
Faiza Mokdar, en -57kg, se classe septième, battue par Klimkait en tableau aux pénalités avant de subir le ko-soto-gake de l’Israélienne Timna Nelson-Levy qui souffrira mille maux pour garder cet avantage décisif lors des repêchages.
Dernier vainqueur du jour, Denis Vieru, n°1 mondial dispose du très actif et efficace Brésilien Willian Lima aux pénalités. Troisième victoire consécutive pour l’esthète moldave après le Grand Chelem d’Abou Dhabi et le Grand Prix du Portugal.
Sur les six compétitions disputées par Vieru depuis Tokyo, le gaucher n’a perdu que trois combats. Confirmation, si on en doutait, qu’il faudra compter sur lui pour l’olympiade après son échec à Tokyo. Il a une revanche à prendre.