Week-end en bleu pour le judo français. Avec un bilan sportif excellent et une organisation logistique saluée par les élus de l’Union européenne de Judo présents, cette coupe européenne cadets de Strasbourg restera. D’autant plus qu’il s’agissait d’une initiative pionnière avec pour la première fois sur le sol hexagonal, l’organisation d’une compétition européenne « jeunes », depuis la réorganisation du circuit européen il y a plusieurs années. Une anomalie (pas de compétition du circuit continental en France, pays central du judo européen et mondial) désormais réparée. Aussi faut-il saluer la ligue Grand Est, son président, Jean-Louis Duvergey, son directeur technique régional (DTR), Sebastien Girardey et leur équipe logistique de l’initiative et du travail accompli.
Avec l’organisation d’une coupe européenne juniors dans deux semaines par la ligue Île de France (à Nanterre), le judo français fera même coup double cette saison.
Un événement alsacien et européen qui réunit 350 combattants (dont 117 Français, soit un tiers du plateau présent), une copieuse délégation azerbaidjanaise (quinze masculins, trois féminines) qui avait forte impression à la coupe d’Europe d’Espagne (cinq titres pour quinze médailles) et une équipe allemande logiquement venue en nombre (soixante-et-un judokas). En revanche, pas de Géorgiens ni d’Israéliens (ils étaient à Zagreb), quatre Italiens, trois Ukrainiens et évidemment pas de judokas russes. Interrogés après la compétition, plusieurs entraîneurs de club habitués du circuit situaient cette coupe d’Europe strasbourgeoise, en termes de densité, « au-dessus de l’Italie et de l’Espagne, mais en-dessous de la République tchèque (en particulier chez les masculins) et de la Croatie. »
Une coupe d’Europe dont la configuration pour l’équipe de France était triple :
1) confirmer, affermir, valider les leaderships nés des précédentes échéances nationales et internationales.
2) remettre en cause des leaderships
3) faire naître un leadership
Une grille de lecture qui permet d’analyser la prestation globale tricolore.
Avec huit titres, neuf médailles d’argent et seize de bronze, la France remporte la moitié des titres en jeu !
Trois médailles d’or féminines (Alyssia Poulange en -48kg, Doria Boursas en -63kg et Léonie Minkada-Caquineau en +70kg) pour cinq titres masculins (Kais Guettari en -50kg, Zacharie Dijol en -55kg, Kylian Noël en -66kg, Tomas Puchly en -81kg et Keziah Harvent en -90kg).
Ainsi, Boursas, Dijol et Puchly sont à classer parmi la première hypothèse. Victorieux en Croatie et des championnats de France, Doria Boursas (AM Asnières) et Zacharie Dijol (Judo Atlantic Club) sont les n°1 sans aucune discussion possible. Thomas Puchly (Montpellier Judo Olympic), en bronze à Zagreb alors que Bastien Pons est en argent, sa victoire ici et lors des championnats de France fait de lui le leader plus que solide des -81kg.
Dans la seconde catégorie, on trouve Alyssia Poulange (SO2J Saint Ouen), championne de France mais éliminée prématurément en Croatie, Léonie Minkada-Caquineau, cadette première année (DAN 79), non sélectionnée à Zagreb et cinquième des championnats de France mais dont la prestation ce dimanche a beaucoup impressionné, Kais Guettari (Vaucluse Judo) et Kylian Noël. Formidable lors des France au début du mois, le jeune judoka du Stade Clermontois Judo remet le couvert samedi à la Rhenus Sport. Une catégorie où un autre Français, Alexis Renard s’était imposé dans la capitale croate. Ce week-end ce dernier, superbe judoka, prend un hansokumake direct (ô combien contestable).
Dans la dernière catégorie on trouve Keziah Harvent (La Couronne Grand-Angoulême Judo). Alors que le meilleur résultat français en Croatie était une septième place (Daniel Kotche de l’AJBD 21-25), la victoire du surpuissant couronnais (face à Kotche en finale) lui permet de prendre le leadership national, lui qui avait remporté les championnats de France il y a trois semaines.
À noter qu’en -57kg, la blessure sérieuse de Léa Chaouqui (AM Asnières) le samedi à l’entraînement rebat totalement les cartes d’une catégorie que l’Asniéroise dominait nettement (victoire à Zagreb et lors des championnats de France).
Au niveau global, il est intéressant de noter que l’équipe masculine termine, en nombre de médailles, devant les féminines. Plutôt rare ? Oui, si l’on prend sur le temps long. Et non, si on regarde de près les dernières années. En effet, en 2019, les cadets masculins avaient alors fini quatre fois devant les féminines au niveau du nombre de titres (et parfois médailles) : coupe d’Europe de Pologne (Bielsko Biala), championnats d’Europe, Festival olympique de la Jeunesse européenne (FOJE) et championnats du monde. Pour mémoire, il s’agissait de la génération des ACBB Boys, Romain Valadier-Picard et Kenny Liveze ainsi que de leurs copains Alexandre Tama et Arnaud Aregba.
Viendra ensuite l’arrêt total du circuit en 2020 puis seulement trois compétitions en 2021 (deux coupe d’Europe et un championnat d’Europe) lors desquels les féminines seront à nouveau devant mais pour une balance bien plus équilibrée qu’il y a quelques années.
Au niveau des autres pays, l’Azerbaidjan termine deuxième nation avec neuf médailles masculines (sur quinze sélectionnés), pour l’équipe déjà présente à Fuengirola. Côté individuel, la -57kg allemande Sara-Joy Bauer et le -73kg anglais Luke Davies ont tapé dans l’œil de nombre d’observateurs avisés. Attention aux Ukrainiens, qui malgré un contexte dramatique pour eux, arrivent à performer : trois médailles dont un titre en +90kg.
Trente-trois médailles françaises donc et un joli casse-tête pour le nouveau staff pour choisir les sélectionnés pour la dernière coupe d’Europe sélective (21-22 mai, Bielsko Biala, Pologne). Responsable de l’équipe masculine, Gilles Nahon expliquait que plusieurs critères allaient être prise en compte pour le choix des sélectionnés garçons : « les résultats à l’international, aux championnats de France et la place à la ranking-list mondial. Il n’y aura pas de critères prioritaires. L’idée est de partir du principe d’envoyer deux judokas par catégorie, en cohérence avec notre idée de booster la concurrence et l’émulation ».
Une sélection arrêtée lundi soir par le staff et qui vient d’être annoncée aux athlètes ce midi, à la fin du stage qui suivait cette coupe d’Europe.