Cadre technique en charge des vétérans au niveau national (avec Philippe Taurines), Cathy Arnaud (8e dan, double championne du monde et quadruple championne d’Europe) revient pour L’Esprit du Judo sur le succès français lors des championnats du monde qui se sont déroulés la semaine dernière à Cracovie (Pologne). Un événement toujours autant prisé des vétérans tricolores*.
Quel bilan tirez-vous de cette compétition ?
Un bilan évidemment positif. Avec neuf titres (trois féminins, six masculins) pour un total de quarante-deux médailles, notre pays termine en tête au classement des nations. Mais il y a plus. Aux côtés de Philippe Taurines, je suis les vétérans français depuis quatre ans. Et j’ai pu observer à l’occasion de ces championnats du monde que les judokas français étaient devenus de plus en plus rigoureux : plus mûrs, plus préparés. J’ai remarqué cela par exemple dans leur échauffement. Une partie parfois négligée auparavant. Ce n’est plus le cas.
Pour en avoir discuté avec des entraîneurs et les arbitres, je trouve, enfin, qu’il y a une évolution vers le haut du niveau global. Beaucoup moins de combats se gagnent à la pénalité du fait d’une différence de fraîcheur physique. Il y a plus d’opposition, plus de mouvements qui font tomber.
Quel fut votre rôle auprès des judokas tricolores ?
Il y a d’abord du coaching, puisque certains viennent sans leur entraîneur. S’ils me sollicitent je suis là pour eux. Dans la majorité des cas, les conseils portent sur des choses assez basiques : avoir confiance dans son judo, l’attitude, la posture.
Ensuite, je suis également là pour leur donner des informations sur le protocole, la logistique : lorsqu’ils sont appelés en chambres d’appel par exemple. Certains participaient pour la première fois, et n’ont pas forcément toutes les données.
Comment expliquez-vous cet engouement du judo vétéran dans notre pays ?
Au-delà du fait que notre discipline soit un sport populaire, je pense que l’organisation mise en place depuis plusieurs années au sein du judo français a initié une dynamique vertueuse avec des tournois, des stages, la nomination de référents au sein des OTD et au sein de la fédération. Une structuration qui a le mérite de proposer aux judokas vétérans qui aiment la compétition de se fixer des challenges. Certains étaient compétiteurs étant jeune. Avec ce qui leur est proposé, ils retrouvent ainsi le goût de l’effort, l’envie de travail. Tout cela dans un esprit de convivialité, qui est un trait qui caractérise les événements vétérans.
Il faut d’ailleurs noter que cette dynamique continue avec la mise en place de championnats de France. À court terme, la commission fédérale vétérans va sans doute proposer l’idée de pouvoir organiser un championnat d’Europe ou du monde en France.
Un dernier mot si vous me permettez : je sais bien que certains judokas sont critiques sur la valeur sportive de ces événements. Mais j’aimerais leur répondre que, pour le vivre de l’intérieur depuis maintenant plusieurs années, il s’agit de quelque chose de vrai. Il y a du travail derrière. Et il faut le respecter.
*103 judokas français (13 féminines, 90 masculins)