Lucie Rullier, championne de France -70kg, dans ses œuvres. Crédit photo : L’Esprit du Judo

Avancés au début du mois de mars, les championnats de France cadets ont donc rendu leur verdict ce week-end, au Grand Dôme de Villebon. Analyse de ce premier événement national jeunes, durant un mois de mars qui voit arriver la Coupe de France minimes (22-23 mars) et les championnats de France juniors (29-30 mars).

1) Le portrait-robot des champions de France 

— La première chose à retenir tient dans l’expérience des combattants sacrés dans cette catégorie d’âge. En effet, sur les dix-sept médaillés d’or, seulement trois ne sont pas des troisièmes années : le -46kg Noham Benkrouidem (AS Montferrand Judo) est première année, alors qu’Helea Bailleul (AJ 61) en -52kg et Azriel Dekenne Diffo (JCD Orgemont) en +90kg sont deuxième année.

 — Deuxième point : quand on prend en compte le palmarès national dans cette catégorie d’âge, le paramètre de l’expérience se confirme pour les féminines. Mais pas pour les masculins. En effet, chez les championnes de France, cinq ont déjà connu la joie de monter sur un podium national cadets : Héléa Bailleul (en bronze chez les 48kg l’année dernière), Nourane Moussati en -48kg (DC Wasquehal, vice-championne de France 2024 en -48kg), Isciane Dye en -57kg (US Entraigues, en bronze en 2023 en -48kg, en bronze l’année dernière en -52kg), Lucie Rullier en -70kg (US Entraigues, vice-championne de France 2024) et Emma Feuillet-Nguimgo en +70kg (JC Villiers-le-Bel, vice-championne de France 2024).

La dernière mérite une mention spéciale, car la performance tient de l’exploit historique et statistique. Mathilde Aurel (Judo Lons 64) remporte samedi son troisième titre national consécutif. Après le doublé en -40kg, la judoka du pôle espoir de Poitiers s’impose en -44kg. Si on ajoute son titre en juniors l’année dernière en -44kg, la protégée de Pierre Sanders en est déjà à quatre (d’où le signe de la main après sa victoire).

Ils ne sont que trois chez les cadets : Victor Maingot en -55kg (Union Anjou Judo, troisième en 2024 en -50kg), Arthur Tchendje Kenmeue en -81kg (CO Sartrouville, troisième en 2024) et Cédric Multon Kandu Mpala en -90kg (JC Saverne, troisième en 2024).

– être leader à la ranking-list donne plus de chances d’être champion de France

Chez les féminines, la statistique est presque parfaite : sept médaillées d’or sur huit étaient numéro une à la ranking-list nationale ! Il n’y a que Helea Bailleul, tête de série n°3 et Chloé Jean en -63kg (Budokan Deuil), tête de série n° 4 qui n’étaient pas TS1.
Chez les masculins, la prédiction est moins spectaculaire, mais reste solide : cinq d’entre étaient TS1 le matin de la compétition : Marius Amalbert en -60kg (US Lagnieu Judo), Ishak Tabet en -66kg (Sainte-Geneviève Sports Judo), Pierick Gerault en -73kg (Sucy Judo), Cédric Multon Kandu Mpala et Azriel Dekenne Diffo. Ils sont trois TS2 à monter sur la plus haute marche : Noham Benkrouidem, Tim Villa Arthur Tchendje Kenmeue.

– la trajectoire de performance entre les minimes et les cadets — surtout chez les féminines — tient toujours

Elles sont six sur huit à avoir été classées lors de la coupe de France minimes : cinq de la génération 2022 (le titre pour Jean et Rullier, l’argent pour Da Costa et Feuillet-Nguimgo — battue par Rullier — et le bronze pour Daye), une de la génération 2023 (victoire de Bailleul).

Même chiffre que les masculins : en 2022, Maingot est en or, Tchendje Kenmeue en argent, Amalbert et Tabet en bronze. En 2023, Dekenne Diffo est or, comme Benkrouidem en 2024.

2) L’US Entraigues, formation de pointe
Dimanche fut le jour de l’US Entraigues Judo. Deux engagées pour deux titres qui ne souffrent aucune discussion. Deux judokas au style spécifique, fait de ashi-waza dévastateurs : un ko-soto-gari infernal pour Dye, un uchi-mata très pur pour Rullier. Solides sur leurs jambes — ce qui n’est pas anecdotique dans cette catégorie d’âge —, un ne-waza simple, mais très précis, et voilà les deux judokas du club vauclusien — dont vous pourrez retrouver la présentation dans notre prochain magazine à paraître — heureux hasard ! — qui s’en vont offrir à leur structure une première place au classement des médailles, au nez et à la barbe des clubs venus en nombre ce week-end.
Totalement dans les canons de la performance chez les jeunes (voir plus haut), Dye et Rullier — qui est, rappelons-le championne du monde 2024 ! — laissent une forte impression. Des idéaux types en somme, en termes de contenu judo et de trajectoire de performance.

3) Y a-t-il trop d’engagés ? 
La question s’est posée dans de nombreuses discussions ce week-end. Rembobinons : dans les textes fédéraux, il est écrit que le nombre de combattants sera de plus ou moins 55 par catégories.
Soit 935 au total (certes, sans compter les podiums N-1). Ce week-end, ce sont 1004 judokas qui ont participé à ces championnats de France. Soit près de 70 judokas en plus. Ou le nombre de combattants en -55kg le samedi. La catégorie la plus chargée du week-end. Au total, neuf catégories sur dix-sept dépassaient les soixante combattants !
Comment expliquer une telle inflation ? Les conséquences sur cette compétition sont-elles négligeables, ou bien réelles ? Quid de la logistique ou de l’impact sur le niveau attendu de championnats de France première division ?