À midi et demi, tout était fini, ou presque. Ce n’est pas le début d’un polar d’été, mais celui du bilan à mi-parcours, d’un « bad day » pour le judo français. Nos représentants étaient six pour quatre catégories sur les rangs ce matin, six pour trois catégories en fait, puisqu’aucune -63kg n’était engagée pour les tricolores. Et à la fin, il n’en reste qu’un(e).
Pas de -66kg hier, c’était l’occasion de voir en action deux -73kg et deux -81kg, avec le bon espoir de voir bouger les lignes, comme elles avaient bougé la veille en -60kg avec l’affirmation de Luka Mkheidze. Benjamin Axus et Guillaume Chaine en -73kg, Alpha Oumar Djalo et Nicolas Chilard en -81kg avaient eux aussi la perspective d’aller chercher une médaille européenne peut-être plus accessible qu’à d’autres époques, et avaient leur destin en main pour les Jeux, ou au moins une sélection mondiale.
Aucun de ces quatre là n’a passé les quarts de finale.
Et les féminines ? La France proposait une nouvelle fois son grand duel classieux entre la championne du monde et n°1 mondiale Marie-Eve Gahié et la championne d’Europe et n°2 mondiale, Margaux Pinot. Excusez du peu.
Une nouvelle fois, c’est Margaux Pinot qui est la seule au rendez-vous des phases finales, Marie-Eve Gahié chutant de façon inattendue sur un premier tour raté.
« Bad day » pour les hommes
Benjamin Axus était attendu pour un « reborn » une renaissance qui aurait été heureuse après une longue période « sans », une seule victoire en cinq sorties depuis novembre 2019. Son premier tour aurait du être une bonne étape sur le chemin de cette potentielle rédemption avec l’opposition du Polonais Adam Stodolski, 21 ans, 74e, soit une place de moins que lui au classement mondial. Mais la comparaison était cruelle pour le Français, dont le manque de rythme et de combat était criant. Il se faisait balayer pour waza-ari et contrer d’un « coup de volant » pour conclure, sans jamais avoir pu mettre d’impact ni même placer son fort bras gauche.
Guillaume Chaine le titulaire désigné pour les Jeux, devait lui aussi effacer sur ce championnat propice une mauvaise tendance, un palmarès vierge depuis février 2019, et pourquoi pas, emporter une première médaille européenne senior. Mais l’Italien Esposito, onze ans de moins que lui et deux places au classement mondial en dessous du sien, trouvait l’ouverture sur son excellent o-uchi-gari en réaction avant-arrière.
En -81kg, Alpha Djalo se chauffait bien en coupant la tête du Chypriote Aristos Michael d’un seoi-nage debout, et tentait de faire la guerre au Belge Sami Chouchi, vainqueur à Tbilissi trois semaines plus tôt, mais si il tenait jusqu’au golden score, il était pénalisé deux fois sévèrement dans le cours du combat et il suffisait au Belge de deux (fausses) attaques au timing millimétré pour obtenir la troisième pénalité fatidique.
Restait Nicolas Chilard, victorieux pour son premier combat du Slovaque Filip Stancel, 60e mondial d’un petit-waza-ari sur un seoi-nage tout en vivacité. Mais la marche suivante était trop haute : le Turc Vedat Albayrak, 3e mondial et bien requinqué par sa victoire récente au Grand Chelem d’Antalya. L’arbitre mettait rapidement les deux combattants dos au mur avec deux pénalités de part et d’autre. Une fois les mains posées, la leçon fut claire et nette, le très puissant combattant turc lançait deux fois la hanche et déroulait deux fois le Breton.
La mauvaise surprise Cvjetko
Il restait alors le duel féminin, mais il tournait court avec l’étonnante défaite de Marie-Eve Gahié, dont la dernière victoire remonte au championnat du monde 2019, face à une nouvelle venue, la Croate Lara Cvjetko, dix-neuf ans et 115e mondiale, championne d’Europe cadette 2017 et championne d’Europe 2020 des moins de 23 ans en 2020. Un combat qu’elle semblait dominer avant de perdre un peu le fil mentalement, peut-être surprise par la solide vitalité de la jeune Croate. Elle se jetait alors deux fois dans des yoko-guruma hasardeux et se faisait sanctionner d’un score contre elle sur le second. Pas très bien joué sur le coup, mais aussi dans la perspective des sélections à venir…
Il n’en reste en effet plus qu’une, celle sur laquelle on peut toujours compter puisqu’elle finit quasiment systématiquement sur le podium. Margaux Pinot a passé les obstacles sans avoir à forcer son talent, seoi-nage sur la jeune Roumaine Moscalu, et un étranglement opiniâtre pour venir à bout de l’Espagnol Bernabeu, 17e mondiale, ce qui lui suffit pour être en demi-finale. Un vrai test, contre la colossale Néerlandaise Kim Polling, 3e mondiale en pleine forme avec une toute récente victoire au compteur à Tel-Aviv.