Le Niçois Pape Doudou Ndiaye se révèle en montant sur le podium mondial juniors
Pape Doudou Ndiaye arrache une fantastique médaille de bronze au championnat du monde juniors 2014 en -81 kg / Officiel IJF
Pape Doud Ndiaye à la vitesse supérieure
FORT LAUDERDALE – J3 / 24 octobre 2014 : Cette journée sera pour la France celle des trois médailles sur trois, un beau tir groupé pour les combattants engagés sur la journée, deux filles, toutes les deux engagées en -70 kg, les -63 kg étant sacrifiées, et un garçon, en -81 kg.
En -70 kg, on attendait une performance des Françaises, étant donné la médaille de bronze au championnat d’Europe junior de la championne de France dijonnaise Melissa Heleine, et le titre mondial cadet 2013 de Marie-Eve Gahié. Elles sont au rendez-vous. Melissa Heleine continue sa grande saison en jouant sur les qualités qui lui ont réussi jusque là, le rythme et la détermination. Elle bat en quart de finale la Bosniaque Samardzic, qui avait comme elle attrapée le bronze au championnat d’Europe. En demi-finale, elle est très largement dominée par la combattante la plus forte du moment, la Croate Barbara Matic, désormais double championne du monde junior, mais aussi, déjà, troisième des championnats d’Europe et cinquième des championnats du monde seniors, 10e mondiale. Avec ses grands makikomi et ses attaques de hanche puissantes, elle est irrésistible chez les juniors, même si la Néerlandaise championne d’Europe en titre Sanne-Lisa Van Dijke est parvenue à lui marquer un beau yuko. On peut manifestement compter sur Heleine pour aller au bout des choses. Elle prenait la combattante du Costa-Rica Diana Brennes à la gorge en place de trois, et ne lâchait pas tant que la médaille tant désirée ne fut pas tombée.
Gahié, de la fougue et beaucoup de jeunesse
Marie-Eve Gahié, 17 ans pour encore un mois, est précédée par sa réputation. Championne du monde cadette, agressive dans le combat et ultra-puissante, on l’attendait déjà au championnat du monde juniors en 2013 – où elle est battue rapidement par la Russe Tokareva – et au championnat d’Europe juniors 2014 – où elle est sortie d’entrée par Barbara Matic. Cette fois, pas de rendez-vous manqué. Elle s’engageait dans le championnat avec décision, se permettant de surclasser au deuxième combat la Japonaise engagée, Erina Ike, qui ne s’attendait manifestement pas à subir un tel traitement sur le plan physique. Elle était jetée deux fois au sol comme une poupée et finalement immobilisée. Malheureusement, c’est encore tout ou rien pour la nouvelle perle française de la catégorie, qui ne se méfiait pas assez du judo chiffon et dangereux de l’Anglaise Ebony Drysdale Daley, 5e du championnat d’Europe, qui la hissait une fois sur sa hanche dans leur corps à corps permanent. Dommage, Gahié rate donc la finale à étincelle contre la Croate Matic. Mais elle s’empare facilement du bronze contre la Bosniaque Samardzic. On peut parier qu’avec un peu plus de contrôle de la situation et vue son jeune âge, la nouvelle combattante du FLAM91 a de belles années à venir en junior. Elle sera aussi, c’est clair, l’une des filles à battre en seniors dès ce mois de novembre dans cette catégorie en plein bouleversement.
Une catégorie incroyable
La troisième médaille est celle de notre combattant du jour, le champion de France -81 kg Pape Doudou Ndiaye. Il avait impressionné tout le monde lors du championnat de France junior (et aussi en finissant 5e de championnat national senior), mais n’avait pas réussi à marquer aussi nettement la catégorie à l’international. Au championnat d’Europe, il avait cédé d’un shido face au Néerlandais De Witt au second tour. Cette fois, il est présent au moment décisif, s’affirmant comme l’un des leaders de sa génération – une génération très impressionnante qui plus est.
Dans son style très mobile et en décalages constants qui empêche l’adversaire de le fixer et de trouver ses marques en défense, il conclue souvent par des grands mouvements de jambe et de hanche. Il passait à travers deux hommes forts du continent européen, l’Ukrainien Makuha et le Bulgare Ivanov, faisait face ensuite avec la même vista au petit Géorgien Levan Gugava, médaillé européen 2014, allait au bout du combat à égalité aux pénalités dans un affrontement de grande intensité, lui faisait faire un incroyable soleil sur un mouvement de hanche, mais avec une arrivée acrobatique à plat ventre… et prenait un petit yuko stupide à cinq secondes du gong. Sa volonté de mettre son empreinte sur la catégorie n’était pas entamée par cet échec rageant qui le privait de demi-finale. Il faisait deux combats tout aussi brillants en repêchages, contre le champion d’Europe en titre le Serbe Nemanja Majdov, battu au rythme, et contre l’animateur du jour, le Suédois Jonas Bjorktorp, qui prenait un ippon rapide. Un avènement brillant pour l’un des plus prometteurs nouveaux venus français.
Igolnikov, un monstre à venir
C’est dans cette catégorie qu’on pouvait assister à l’un des plus grands combats de ces championnats du monde réjouissants sur le plan technique. À gauche, un incroyable jeune Russe de 18 ans, Mikhail Igolnikov, déjà multi-médaillé d’or en cadet et quasiment invaincu depuis qu’on a commencé à le voir combattre, vainqueur ce jour-là de tous ses combats avec des ippons aussi tranquilles qu’énormes pour sa première participation à un championnat junior. À droite un ébouriffant technicien brésilien Rafael Macedo, 20 ans, qui explose cette année avec le titre continental pan-américain. C’est le Brésilien qui surprenait son cadet sur de merveilleux uchi-mata et ashi-guruma circulaires avec une préparation en deux pas de dégagement tout en élégance classique. Des combats comme celui-là, on en veut tous les jours !
Un podium -81 kg dont on va reparler très vite : le Brésilien Macedo (1e), le Russe Igolnikov (2e), le Géorgien Gugava et le Français Ndiaye (3e) / Officiel IJF
Cinq médailles d’or, cinq nations différentes
Un Brésilien en -81 kg et un Hongrois en -90 kg. C’est en effet la révélation des championnats du monde senior de la catégorie, le petit bloc Krisztian Toth, qui confirmait sa finale mondiale en sortant notamment dans un combat là aussi de très haut niveau le terrible Géorgien Beka Gviniashvili, un Iliadis junior. Depuis le début de ces championnats du monde, les titres masculins ont été répartis en autant de nations différentes !
En revanche chez les féminines, le Japon continue à aligner tranquillement les combattantes en or, et même les finales entièrement japonaises. Après Tamaoki – Deguchi en -57 kg la veille, c’était cette fois un Nakebura – Minei en -63 kg. C’est Miho Minei qui devient championne du monde en affirmant une sacrée solidité. Une finale seulement, mais deux médailles pour le Japon qui continue à survoler le championnat. La France fait déjà un beau deuxième dans le concert des nations.