Humo Arena de Tashkent. © Emmanuel Charlot / L’Esprit du Judo
– Pensez à rafraîchir régulièrement la page pour mettre votre direct à jour –
Jeudi 6 octobre 2022 – Tashkent (Ouzbékistan)
-48kg F, -60kg M
Les leçons de Tashkent, épisode 1
« Hajime », le podcast de L’Esprit du Judo – qui se met en mode quotidien pendant une semaine – vous livre son analyse de cette première journée des championnats du monde. Espoirs français déçus, impérial Takato, Tsunoda qui perpétue un héritage féminin… et tous les autres. C’est à écouter maintenant !
Les trois faits marquants du jour :
L’ensemble des résultats est disponible ici
15h05. -60kg : Takato, fabuleuse leçon de ko-uchi-gari
Cela paraît tellement facile le judo pratiqué comme cela. Naohisa Takato ou l’excellence incarnée aujourd’hui encore : un premier ko-uchi-gari pour waza-ari au bout de vingt-cinq secondes sur le surprenant Mongol Ariunbold Enkhtaivan, une tentative opportuniste de makikomi qui ne marque pas, avant un autre ko-uchi-gari à 2’40 de la fin. Splendide. Voici le Japonais, 29 ans, champion olympique à Tokyo (et médaillé en 2016), désormais quadruple champion du monde. La très grand classe.
14h45. -48kg : Tsunoda, impeccable
Elle est sortie du tatami presque comme elle y est entrée : placide. Tenante du titre, la Japonaise Natsumi Tsunoda vient de s’offrir un deuxième titre mondial consécutif, sa troisième médaille mondiale, elle qui fut aussi vice championne du monde en 2017 dans la catégorie supérieure. Si l’Allemande Katharina Menz lançait bien un mouvement d’épaule, elle se faisait contrer en sutemi avant un long travail au sol où elle était complètement dépassée, finalement fixée pour le compte. La série des championnes du monde japonaises en -48kg continue…
L’info -> Pas de médaille française en -60kg depuis trente ans
Si Luka Mkheidze est revenu de Tokyo l’an passé avec une merveilleuse médaille olympique dans la catégorie – une performance sans doute un peu trop passée sous les radars dans la ferveur des JO et les nombreuses médailles françaises, la France court après une médaille mondiale en -60kg depuis celle décrochée en… 1991 par le regretté Philippe Pradayrol, décédé en 1993 dans un accident de la route. Un long bail déjà, sachant qu’à part l’Avignonnais, seuls Patrick Roux, médaillé de bronze en 1987 à Essen et avant lui Thierry Rey, champion du monde en 1979 à Paris, ont coché cette case. Il faudra donc attente mai prochain et les mondiaux au Qatar pour espérer voir un nouveau léger s’illustrer.
12h20. Les finales du jour (à partir de 14h heure française)
-48kg
Finale : Naomi Tsunoda (JPN) / Katharina Menz (GER)
Combats pour le bronze :
Assunta Scutto (ITA) / Julia Figueroa (ESP)
Mary Dee Vargas Ley (CHI) / Abiba Abuzhakynova (KAZ)
-60kg
Finale : Naohisa Takato (JPN) / Ariunbold Enkhtaivan (MGL)
Combats pour le bronze :
Yam Wolczak (ISR) /Yung Wei Yang (TPE)
Yeldos Smetov (KAZ) / Dilshodbek Baratov (UZB)
12h15. -48kg : Tsunoda sans forcer
La Japonaise Natsumi Tsunoda vit une journée tranquille. D’une précision chirurgicale aussi : enchaînement tomoe-nage / juji et la question est rapidement réglée aujourd’hui. La Kazakhstanaise Abiba Abuzhakynova qui a battu Shirine Boukli ce matin, en était quitte pour repartir avec son coude endolori sur un mouvement classique de la championne du monde en titre. En finale, c’est l’étonnante Allemande Katharina Menz qui s’avance. Médaillée européenne en 2020, désormais trente-et-un ans, elle retrouve les joies d’une finale mondiale après celle disputée en… 2009 lors des mondiaux juniors à Paris. L’argent suffit peut-être déjà son bonheur. Il faudra être très très forte pour piéger Tsunoda aujourd’hui.
L’info -> Takato pour entrer dans la légende
Naohisa Takato peut donc aller chercher aujourd’hui un quatrième titre mondial après ceux de 2013, 2017 et 2018. Seuls trois de ses compatriotes ont réalisé cette performance insensée avant lui : Shozo Fujii (1971, 1973, 1975 en -80kg, 1979 -78kg), Yasuhiro Yamashita (1979, 1981 et 1983 +95kg, 1981 Open) et Naoya Ogawa (1987 Open, 1989 +95kg et Open, 1991 Open). Seul Yamashita a aussi, comme lui, été champion olympique, Ogawa et Yamashita ayant eu l’opportunité de combattre en lourds et en Open lors d’un même championnat. De quoi entrer encore un peu plus dans la légende pour le lutin génial des -60kg.
11h45. -60kg : Takato au rendez-vous de la finale
Ce sera donc une finale entre Ariunbold Enkhtaivan et Naohisa Takato. Le Japonais, opposé à Yung Wei Yang, actuel numéro 1 mondial sur la base notamment de sa finale olympique face au Japonais et ses victoires aux Grands Chelems d’Abou Dhabi et d’Antalya, trouvait la solution sur le gong sur uchi-mata. La seconde demi-finale de la catégorie a été encore plus longue à accoucher de son vainqueur avec près de quatre minutes de golden score entre le Mongol Ariunbold Enkhtaivan et l’Ouzbèke Dilshodbek Baratov, champion du monde militaires en titre et évidemment soutenu par son public. Cela n’aura pas suffi, le local était pénalisé une troisième fois et laissait la porte de la finale s’ouvrir à Enkhtaivan, 7e à Paris en février dernier.
11h10. Les demi-finales du jour
Voici le programme des demi-finales de ce premier jour de compétition à Tashkent.
-48kg
Abiba Abuzhakynova (KAZ) / Naomi Tsunoda (JPN)
Katharina Menz (GER) / Julia Figueroa (ESP)
-60kg
Yung Wei Yang (TPE) / Naohisa Takato (JPN)
Ariunbold Enkhtaivan (MGL) / Dilshodbek Baratov (UZB)
10h20. -48kg : la désillusion pour Boukli
Alors que les combattantes étaient à un shido partout, la Française, moins tranchante face à cette Kazakhstanaise Abiba Abuzhakynova, double vice championne d’Asie et vice championne du monde juniors 2017 des -44kg, tentait bien de passer la hanche, mais il manquait cette étincelle et c’est elle qui se faisait piéger sur un uki-waza très malin d’Abuzhakynova à cinquante-cinq secondes du terme. La Kazakhstanaise l’amenait au sol sur la séquence suivante pour gagner du temps, refusait le combat sur deux dernières séquences sans être pénalisée. Défaite au deuxième tour pour Shirine Boukli que l’on attendait pourtant sur le podium aujourd’hui à Tashkent, et même sur le plus haute marche. L’équipe de France va devoir se relancer après cette journée loin de ses objectifs.
8h50. -48kg : Boukli expéditive
Moins d’une minute : Shirine Boukli a posé les mains sur la Belge Ellen Salens, modeste cinquième de l’European Open de Coimbra fin août et qu’elle avait déjà battue aux championnats d’Europe, qui lançait assez maladroitement sa jambe gauche… immédiatement reprise de volée pour uchi-mata par la double championne d’Europe. Un premier tour parfait.
8h50. -60kg : Revol et Valadier-Picard battus
Une minute trente dans le golden score et une dernière pénalité contre Romain Valadier-Picard face au Néerlandais Tornike Tsjakadoea, cinquième des derniers JO… Plus de quatre minutes au golden score et une troisième pénalité, alors que les deux combattants étaient aussi à deux shido partout, contre Cédric Revol face à l’Israélien Kokolayev… Deux de chute, au même moment, l’un sur le tapis 1, l’autre sur le tapis 2, pour les -60kg français très tôt aujourd’hui. Alors que Romain Valadier-Picard s’enfermait sans doute un peu trop dans son schéma tactique d’amenée au sol sans proposer une variété qui aurait pu donner davantage d’opportunités, Cédric Revol semblait subir physiquement face au longiligne Kokolayev, un grand chat qu’il ne parvenait à fixer ni sur son seoi-nage ni au sol malgré des situations qui lui étaient favorables. Petit coup de froid pour une équipe de France pas suffisamment libérée ce matin chez les masculins.
7h55. Notre podcast « Hajime » passe en mode quotidien !
À l’occasion de ces championnats du monde, notre podcast « Hajime » passe en mode quotidien depuis Tashkent avec les commentaires et les invités d’Emmanuel Charlot. Du judo à écouter, disponible ici et sur toutes les plateformes (Spotify, Deezer, Apple Podcasts…). Abonnez-vous !
Et si vous n’avez pas encore écouté l’épisode d’hier avec Romain Valadier-Picard, Joan-Benjamin Gaba et Kenny Liveze, c’est ici !
7h40. -60kg : Valadier-Picard au golden score
Pas si dangereux sur le papier, le Kirghize Khanbolot Yrysbekov, 97e mondial et vice champion d’Asie juniors fin 2021 comme nous vous l’indiquions hier, a donné du fil à retordre au Français au point de l’emmener au golden score après une dernière séquence au sol, l’un des points forts de Romain Valadier-Picard qui ne parvenait toutefois pas à conclure, lui qui avait été pénalisé deux fois dans le combat, peut-être un peu plus tendu qu’à l’habitude. Quelques mots de Yacine Douma sur la chaise et il attaquait ce golden score avec envie et sans s’affoler, avec le risque tout de même de rester dans le dos… mais il finalisait au bout de cinquante secondes sur une nouvelle séquence yoko-tomoe-nage/juji gatame. Son adversaire essayait encore de réchapper mais sans pouvoir, cette fois, sortir de la souricière. Pas de confort pour ce premier tour de premier championnat du monde seniors pour le jeune Français.
7h15. Boukli, Valadier-Picard et Revol pour lancer l’équipe de France
Bonjour, il est 10h15 à Tashkent et c’est parti pour huit jours de compétition lors de ces championnats du monde 2022. Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi le tirage au sort d’hier après-midi, voici ce qui attend nos Français aujourd’hui à la Humo Arena. Début de la compétition dans quinze minutes.
Ils sont trois à entrer en lice ce jeudi pour la France : Shirine Boukli (FLAM 91) en -48kg, Cédric Revol (ES Blanc-Mesnil Judo) et Romain Valadier-Picard (ACBB Judo) en -60kg.
Shirine Boukli, tête de série n°1 et championne d’Europe en titre, n’a pas eu de mauvaise surprise en découvrant son tableau hier. Exemptée de premier tour, elle sera d’abord opposée à celle qui l’emportera au préalable entre la Dominicaine Estefania Soriano (49e mondiale) et la Belge Ellen Salens (42e mondiale). La première a terminé troisième des championnats panaméricains 2022. Mais toutes les deux sont sans référence sur le circuit de la FIJ. En quart de finale, cela pourrait bien être la Serbe Milica Nikolic, cinquième des derniers championnats d’Europe et bourreau de la Française au premier tour des Jeux de Tokyo.
Le premier très gros morceau pour Boukli arriverait ensuite en demi-finale avec, potentiellement, la Japonaise Natsumi Tsunoda, championne du monde en titre et invaincue cette saison (deux victoires à Paris et Oulan-Bator). Une judokate remarquablement redoutable en ne-waza. Un seul combat entre la Française et la Nippone, c’était en finale du Grand Prix de Tel-Aviv en 2020, pour une victoire de Tsunoda. Là encore, il y a une revanche à prendre.
Dans le second demi-tableau, c’est l’autre Japonaise, Funa Tonaki, vice championne olympique et tête de série n°3, qui sera l’indubitable favorite.
Chez les masculins, Romain Valadier-Picard, médaillé mondial juniors en août, sera le premier Français en lice. Pour son premier tour, l’ACBB Boy devra se défaire du Kirghize Khanbolot Yrysbekov, 97e mondial et vice champion d’Asie juniors fin 2021. Depuis, ce sont trois sorties en Grands Chelems (Antalya, Tbilissi et Oulan-Bator) pour trois éliminations en tableau pour Yrysbekov. Un combattant à la portée du Français.
Si cela passe, le niveau montera de plusieurs crans avec le Néerlandais Tornike Tsjakadoea, cinquième des derniers JO et septième des championnats d’Europe 2022. Ensuite ? Cela pourrait bien être le Mongol Aruinbold Enkhtaivan, 13e mondial et classé sur quatre des cinq derniers Grands Chelems auxquels il a participé (mais sans médaille au bout), puis en quarts le Belge Jorre Verstraeten, vainqueur des Europe puis du Grand Chelem de Budapest. Pas les plus gros morceaux de la catégorie, mais du solide et de l’expérimenté pour le jeune tricolore, qui a cédé contre le Mongol au Grand Chelem de Paris 2021 avant de connaître à deux reprises la défaite face au Belge en début d’année, à Paris et à Budapest.
Dans la même catégorie, Cédric Revol, lui, entrera dans la compétition face au rugueux Israélien Matan Kokolayev. Senior première année, ce dernier a fini cinquième du Grand Chelem d’Oulan-Bator fin juin. Rien d’insurmontable toutefois pour le médaillé continental 2022. Reste que cela se corsera immédiatement après avec Yeldos Smetov, le Kazakhstanais double médaillé olympique (argent en 2016, bronze en 2021) ou l’Azerbaïdjanais Kamarat Huseynov, médaillé mondial 2021. Du copieux dans deux styles totalement différents. En cas de succès, rendez-vous très possible en quarts avec la tête de série n°1, le Taiwanais Yang Yung Wei, vice champion olympique remarquable sur ses mouvements d’épaule et son terrible sankaku-jime.
Son bourreau de la finale de Tokyo, le lutin malin de Tokai Naohisa Takato, est seulement tête de série n°8. Pas encore sorti cette saison, le Japonais sera à observer pour son retour sur le circuit. Logique favori (même s’il faudrait sans doute battre Francisco Garrigos, champion d’Europe en titre), une demi-finale revanche face à Yang pourrait bien attendre le triple champion du monde nippon. Dans l’autre partie de tableau, le Géorgien Lukhumi Chkhvimiani, tête de série n°3, fait figure de prétendant sérieux. Attention toutefois au Coréen Lee Harim, victorieux au Portugal, cinquième à Paris et troisième à Oulan-Bator, tout comme au Kazakhstanais Magzhan Shamshadin, troisième des Jeux d’Asie et en or au Grand Prix de Croatie mi-juillet.