Après une longue et faste carrière, dont l’apothéose aura été une médaille de bronze décrochée aux Jeux olympiques de Rio, le Dijonnais de trente-quatre ans a annoncé sa retraite dans une interview publiée ce jeudi 10 mars par France Judo.
Une belle page du judo français se tourne. Cyrille Maret a décidé de raccrocher le kimono. Membre important de l’équipe de France depuis une dizaine d’années, le Côte-d’Orien a annoncé la nouvelle dans une interview accordée à Frédéric Lecanu et parue ce jeudi. « Un peu compliqué certes, mais j’ai envie d’annoncer officiellement que j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de sportif de haut niveau », confie le médaillé de bronze olympique.
Originaire de Bourgogne, le judoka à la mère cariste chez Amora pendant trente-sept ans et d’un père longtemps à son compte dans les travaux publics évoluera au sein de l’ADJ 21, avant de rejoindre l’INSEP à dix-sept ans. « On a mis six mois avant de pouvoir assumer les séances de randori à l’INSEP. Mais on n’a pas douté. C’est Stéphane Traineau qui nous avait demandé de rejoindre l’INSEP. D’un coup, j’étais sur le tapis avec lui, que j’avais vu avec mes yeux d’enfant. J’ai découvert le niveau de Ghislain Lemaire. Je n’arrivais pas à poser une main sur le kim’ mais c’est le mec qu’il fallait aller chercher à chaque séance. Contre lui, si je ne prenais pas dix pions par randori au début, je n’en prenais pas un. La première fois que je l’ai déséquilibré, il m’a vite fait comprendre que ça ne lui plaisait pas. Pourtant, si nous n’avons pas eu de relation privilégiée, il avait une attitude de seigneur. Il ne m’a jamais refusé un randori. C’est ma référence judo, je me rappelle avoir pris des techniques dont je ne savais même pas qu’elles existaient. C’était dur, oui. Mais le soir, quand on rentrait avec Hervé dans la chambre, les doigts en feu, et on se disait : c’est bon quand même ! », soulignait-il dans nos colonnes il y a quelques années. Avec Hervé Fichot justement, ils s’empresseront pourtant chaque vendredi soir de rejoindre la Gare de Lyon et de sauter dans le train pour Dijon. Pour rentrer, l’un sur Chaugey, l’autre sur Savolles, retrouver famille et petites amies de l’époque. « Au début, on ne passait quasiment aucun week-end sur Paris. Encore aujourd’hui, j’en ai besoin, j’aime ça. Prendre le train après le dernier entraînement de la semaine pour me retrouver dès le lendemain matin à la chasse avec les chiens dans la forêt, aller pêcher à la carpe ou faire la terrine de sanglier, c’est ma vie aussi », avoue celui qui va désormais se tourner vers l’immobilier.
S’en suivra une carrière jalonnée de succès dans la catégorie des – 100 kg. Auréolé d’une médaille de bronze olympique conquise en 2016, Cyrille Maret compte également deux médailles d’argent européennes (2017 et 2018), et quatre de bronze (2013, 2014, 2015, 2019), sans oublier quinze médailles en Grand Chelem, dont quatre en or. Au niveau national, l’homme aura également terminé à cinq reprises sur la plus haute marche du podium lors des championnats de France. En quête d’une dernière aventure olympique, la fin de carrière du Bourguignon aura malheureusement été affectée par un accident de scooter survenu en octobre 2020. Exit alors les rêves de lauriers olympiques au pays du judo. Un ultime défi en poids lourds ? Pas suffisant cependant pour raviver la flamme. « Je pense que cela fait partie des moments où je me suis dit que c’était le bon moment de raccrocher. J’ai assisté au Tournoi de Paris, je suis allé voir les copains, mais je n’ai à aucun moment ressenti le besoin, l’envie, de me retrouver au milieu de Bercy », admet le désormais ex-judoka.
Prince de Paris
Cyrille Maret aura donc connu sa dernière grande émotion lors du Grand chelem de Paris 2021 à Bercy salle de ses plus belles performances. C’est par une victoire face à l’Égyptien El Gharbawy que le jeune colosse dijonnais, qui n’a alors que dix-huit ans, inaugure brillamment sa première sélection au TIVP. Nous sommes en 2006. Champion du monde juniors quelques mois plus tard, Cyrille Maret va devenir un incontournable de l’événement parisien : sélectionné durant treize années consécutives, le Français pose son empreinte sur l’histoire du tournoi au milieu des années 2000. D’abord en bronze en 2013 (sa première médaille), il s’impose en 2014, 2015 et 2016, battant en finale lors de son premier sacre le Tchèque Lukas Krpalek, futur double champion olympique dans un Bercy en fusion.
En 2017, Maret repart avec l’argent autour du cou, surpris par une jeune pépite japonaise et son uchi-mata très pur, Kentaro Iida. L’année suivante, c’est le bronze de l’opiniâtreté que celui qui fut médaillé olympique à Rio s’adjuge face à l’Israélien Peter Paltchik. Puissant, craint pour son harai-goshi et sa science du ne-waza, Cyrille Maret restera, avec Teddy Riner (cinq titres) comme le masculin français des années 2010 du côté de l’Est-Parisien.
En 2021, donc, pour les cinquante ans du tournoi, le Bourguignon se lance un ultime challenge avec une participation en +100kg. Histoire d’écrire une nouvelle page de la magnifique histoire que le lie à Paris. Pour l’occasion, le Dijonnais décroche la médaille d’argent, s’inclinant seulement en finale face au Russe Tasoev. Chant du cygne d’un judoka à qui, depuis ses débuts, la Porte de Bercy réussissait.
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