La double championne du monde explique son retour en -70kg

Il y a quelques semaines, Gévrise Emane annonçait, via sa page athlète Facebook, son objectif de performer en -70kg. Ou plutôt re-performer. Championne du monde et triple championne d’Europe dans cette catégorie, elle s’était lancé un défi en 2008 après le Jeux Olympiques de Pékin : être la meilleure en -63 kilos. Et c’est ce qu’elle fit, redevenant Championne d’Europe et du monde, avant sa troisième place à Rio cet été. Aujourd’hui, à 31 ans, elle remonte dans la catégorie supérieure pour conclure sa carrière en beauté.

 

Gévrise, pourquoi as-tu décidé de monter de catégorie après les mondiaux de Rio ?

Je me suis beaucoup posé la question. Les régimes pour être au poids dans la catégorie des -63 kg devenaient de plus en plus durs, surtout cette année, même si j’ai toujours réussi. Ensuite j’ai envie de mettre l’accent sur mes études. Je prépare le concours du professorat de sport, qui me demande beaucoup d’investissement. Je pense que ça devenait trop compliqué d’allier judo, régimes et études. J’ai donc décidé de me lancer un nouveau challenge chez les -70kg.

Le leadership de Clarisse Agbegnenou en -63kg et le départ de Lucie Décosse en -70kg n’ont donc rien à voir dans ta décision ?

Non. Si cela avait été le cas, je serais montée de catégorie il y a un an, quand Lucie a annoncé qu’elle arrêtait sa carrière après Rio. Il s’agit vraiment d’une décision personnelle.

Tu n’as pas été annoncée dans les sélections du grand chelem de Bercy. Pour quelle raison ?

Si, le Tournoi de Paris est l’une des plus grandes compétitions du circuit, ce n’est pas pour autant un objectif en soi. Il s’agit simplement d’un tournoi de préparation pour être prête pour les championnats d’Europe ou du monde. Cette année, j’ai décidé de me préparer différemment, en  choisissant soigneusement les compétitions sur lesquelles je m’aligne et en ajustant mieux mon entraînement lui-même.

C’est-à-dire ?

Pour les compétitions, je veux cibler précisément ce dont j’ai besoin pour être prête pour les championnats d’Europe. J’ai récemment discuté avec Christian (Chaumont, son entraîneur au Levallois SC, NDLR) et nous avons décidé que j’irai à l’African Open de CasaBlanca pour me remettre sur les rails.  Pour l’entraînement, je m’entraîne beaucoup avec mon club, en faisant moins de séances de judo mais plus de préparation physique. J’essaie d’y mettre de la qualité au quotidien.

Tu as déjà été championne du Monde et d’Europe en -70kg, comment abordes-tu ce retour dans la catégorie ?

J’aborde cette nouvelle saison comme un nouveau challenge. J’ai été championne du monde dans cette catégorie mais les filles ont changé depuis. Et les règles aussi. Il va falloir que je me réhabitue à tous ces paramètres. Le fait d’avoir gagné mes combats en -70kg pendant le par équipes de Rio m’a donné confiance et m’a conforté dans mon choix. Ensuite, il ne faut pas oublier qu’une compétition par équipes est très différente d’un championnat individuel. À l’entraînement, je me sens bien, il faut voir ce que ça donne en compétition. Je prends tout cela comme du bonus car j’ai déjà prouvé ce qu’il fallait.

Tu nous as parlé du professorat de sport, quels sont tes projets professionnels ?

Pour le moment, je me concentre sur ce concours. C’est beaucoup d’investissement, mais mon emploi du temps est quand même aménagé. Je suis déjà titulaire d’un Master mais j’avais perdu l’habitude d’aller à l’école. C’est difficile mais pas insurmontable, d’autres athlètes y arrivent très bien. En ce qui concerne le futur, voire même dès l’année prochaine, je dois avouer que je ne me suis pas encore posé la question de ce que j’allais faire.