Au lendemain d’une journée plutôt fructueuse pour le clan tricolore, ce samedi ne laissera pas que des bons souvenirs aux six engagés français du jour sur ce Grand Chelem d’Abou Dhabi. Seule Marie-Ève Gahié (-70kg, PSG Judo) est parvenue à s’inviter sur le podium, en troisième position, après avoir retournée puis immobilisée la Russie Taisia Kireeva, trentenaire sans référence notable. Auparavant, la championne du monde 2019 n’avait fait qu’une bouchée de la toute jeune Mongole Enkhchimeg Tserendulam, septième à Paris comme à Baku, sur son avant-arrière qui la plaquait sur le dos en seulement vingt secondes. Derrière, c’est après plus de cinq minutes et trente secondes que Shiho Tanaka, championne d’Asie en et victorieuse de la Coupe du Kodokan 2019, qui n’était plus apparue à l’international depuis le Grand Chelem d’Osaka 2019, trouvait la faille sur un ko-uchi-gari parti de très loin. Pas d’or pour célébrer son quart de siècle mais une médaille qui fera certainement du bien à la Parisienne, battue dès son entrée en lice lors des derniers championnats d’Europe et du monde.
Autre féminine en lice en ce début de week-end, Manon Deketer (ES Blanc-Mesnil) débutait son parcours par un succès par ippon contre l’Allemande Agatha Schmidt, avant de céder dans le temps additionnel sur le sasae de l’olympienne russe Daria Davydova, vice championne d’Europe en avril dernier.
En -73kg, Théo Riquin (Sainte-Geneviève Sports) succombait au sumi-gaeshi du Mongol Odbayar Ganbaatar, médaillé mondial 2017, tandis que Luca Otmane (PSG Judo) décollait sur le mouvement de hanche du Russe Armen Agaian, champion d’Europe juniors 2020 et des -23 ans il y a quelques semaines. Dans la catégorie supérieure, Loïc Pietri (OJ Nice) se faisait quant à lui contrer sur son kata-guruma à mi-combat, sans jamais parvenir à combler son retard, tandis que Tizie Gnamien (OJ Nice) se payait le Tadjik Khaknazar Nazarov en deux temps – kata-guruma puis sumi-gaeshi – avant de se faire lui aussi contrer sur son seoi-nage au golden score par le Russe Aslan Lappinagov, non sans lui avoir fait vaillamment face pendant plus de cinq minutes.
Tsogtbaatar Tsend-Ochir et Lucy Renshall
Deux fois finaliste mondial junior en 2014 et 2015, champion d’Asie 2019, le Mongol Tsogtbaatar Tsend-Ochir a impressionné le monde du judo en se montrant un très redoutable adversaire en -73kg pour sa majesté Shohei Ono, qu’il rencontrait en demi-finale des Jeux de Tokyo, avant de s’emparer du bronze. Présent à Paris pour un combat seulement, en bronze à Bakou, le voici en or à Abou Dhabi devant l’Ouzbek Turaev, lui-même vainqueur en demi-finale du champion du monde et médaillé d’argent des Jeux olympiques, le n° 1 mondial géorgien Lasha Shavdatuashvili. Le Mongol flirte désormais avec la première place à la ranking mondiale. Une nouvelle hiérarchie est en train de s’établir, notamment avec le Russe Makhmadbek Makhamadbekov, vainqueur à Kazan et à Bakou devant le Mongol.
Dans la catégorie des -81kg, c’est le champion du monde et médaillé olympique Matthias Casse qui règle le contentieux russe. Le Belge se montrait tactique contre Aslan Lappinagov en demi-finale avec des sutemis à répétition que l’arbitrage ne cherchait pas à sanctionner comme les fausses attaques qu’elles étaient, mais se faisait pardonner en finale avec un très beau uchi-mata sukashi sur Alan Khubetsov, l' »olympien » de la catégorie pour la Russie, 7e à Tokyo. Pour décider du meilleur Russe de la caté, il faudra donc repasser.
Si la Japonaise Tanaka a eu le mérite de surprendre la Française Gahié sur ko-uchi, c’est sur le même mouvement qu’elle se faisait finalement dominer en finale après plus de quatre minutes de golden score par l’Italienne Scoccimarro, septième mondiale et cinquième des Jeux. La Japonaise arrivait à plat ventre sous les yeux de l’arbitre placé du bon côté et à un mètre de l’action qui ne voyait pas de marque. Mais grâce à la vidéo, le waza-ari invisible était repéré par la table. C’est beau la technologie.
Enfin c’est la fête du côté britannique où la grande droitière au style très « anglais » (combatif, anguleux et fort dans les transitions au sol) Lucy Renshall emportait en -63kg son deuxième tournoi de suite ! Finaliste à Paris, victorieuse à Bakou et ce samedi à Abou Dhabi, l’Anglaise médaillée mondiale juniors 2015 et troisième des championnats d’Europe 2018 ne vaut sans doute pas la troisième place mondiale qu’elle est en train d’atteindre dans cette catégorie dominée par Clarisse Agbegnenou, la Japonaise Tashiro ou la Slovène Trstenjak, mais il faudra sans doute compter avec elle pour se battre dans le top 10 jusqu’à Paris. Dans le sillage de l’inattendue médaillée de bronze en -52kg Chelsie Giles, avec Kelly Petersen Pollard en -70kg, troisième ici à Abou Dhabi après avoir été finaliste au Grand Prix de Croatie et cinquième au Grand Chelem de Paris, une nouvelle génération britannique est en train de prendre ses marques.