Elle prend l’une des rares médailles laissées par le Japon
Si elle a raté son championnat d’Europe et son championnat du monde, la championne de France -52kg Amandine Buchard était en finale des deux derniers Grands Prix auxquels elle a participé, emportant celui de Géorgie fin mars, et sur le podium de ses deux derniers Grands Chelems, en Russie en mai et donc ce rendez-vous de décembre à Tokyo.
Beaucoup de chemin parcouru cette année pour la championne du monde juniors 2014 en -52kg, si on se rappelle le calvaire qu’avait été son année 2016, interrompue par son incapacité à descendre au poids à une encablure des Jeux. Sa carrière était en pointillé, la voici relancée, et malgré deux échecs en championnat qui prouvent sans doute que tout n’est pas réglé du traumatisme subi, Amandine Buchard, c’est l’évidence, est l’une des grandes espoirs de cette équipe de France féminine, et avec ses 22 ans – trois ans de moins que Clarisse Agbegnenou – elle a encore du temps devant elle.
Elle n’a donc pas beaucoup perdu en tournoi, mais c’est la deuxième fois qu’elle échoue devant la championne du monde juniors 2017 Uta Abe. Cette fois encore, alors qu’elle venait de transpercer facilement la vice-championne du monde et tenante du titre 2016 (devant la précoce Abe) avec ses kata-guruma, elle était stoppée net par un uchi-mata saignant de sa cadette, en route pour son premier Grand Chelem.
Ce fut tout pour les Françaises. Les deux -48kg Mélanie Clément et Lucile Duport ne firent pas long feu, battue pour la première au deuxième tour par une Chinoise sans référence, Yao Xiong, et la seconde par la modeste Belge Anne-Sophie Jura. En -57kg, la médaillée européenne et mondiale Hélène Receveaux était surclassée par la Japonaise Udaka Nae et Lola Benarroche tenait moins de deux minutes face à l’Allemande Amélie Stoll, soeur jumelle de la vice-championne d’Europe Theresa Stoll.
Pas de garçon non plus à l’honneur, malgré le retour de l’opposition en -60kg entre Vincent Limare et Walide Khyar. Ce dernier en effet, annoncé en -66kg depuis quelques mois – et à ce poids lors du dernier championnat de France – s’est pesé à 62kg et des poussières à quelques jours de la compétition et a bénéficié, du coup, du forfait de Revol pour blessure. L’encadrement lui a demandé ce qu’il souhaitait faire et il semble qu’il a bien l’intention d’insister en -60kg. Vainqueur d’entrée du Japonais Miyanohara à coup de pénalités (trop vite données), il faisait une belle partie face au futur finaliste, le Mongol Dashdavaa, avant de prendre son spectaculaire « spécial » : un arraché de face avec le genou. Un Mongol qu’on reverra sans doute dans les phases finales, tant son duel ultime perdu contre le Japonais Takato fut homérique.
Vincent Limare quant à lui devait rendre les armes face à Toru Shishime aux pénalités, comme Pierre Duprat en -73kg face à Soichi Hashimoto, le champion du monde en titre. Dans la même catégorie, Benjamin Axus se faisait contrer au premier tour par l’Américain Delpopolo.
Que du rouge
C’est ce qu’on a vu monter dans les hauteurs à chaque podium : vingt drapeaux avec un cercle rouge sur fond blanc sur vingt-huit hissés aujourd’hui – mention spéciale aux -57kg avec quatre Japonaises sur le podium. Sept « Kimi Ga Yo », l’hymne national japonais, ont résonné à la suite, une première depuis 2013 (la troisième fois en 10 ans), dans une journée où les cadors furent pourtant à la peine – Ono ne se présentait pas au deuxième tour après un premier combat laborieux, Hashimoto était battu pour la première fois depuis 2015 (aux pénalités), et même Hifumi Abe était poussé deux fois au golden score, avant d’emporter la catégorie des -66kg… laquelle n’a pas échappé depuis désormais dix ans aux Japonais.
Tout va donc bien pour le Japon, qui aura fait briller aujourd’hui les n°2 potentiels, l’excellent Isoda en -66kg et, dans la même catégorie, et l’élégant Joshiro Maruyama, un judoka fabrication Tenri. Ou encore en -73 kg avec un vainqueur imprévu, Arata Tatsukawa, 20 ans…, étudiant de 2e année à Tokai dont il est déjà l’un des leaders, et dont la sœur aînée était aussi en finale en -52kg, une finale perdue devant Uta Abe. De sacrées histoires de famille !
L’encadrement japonais des féminines est conforté par la victoire probante d’Ami Kondo en -48kg, laquelle parvient à fixer la Mongole Munkhbat au sol en finale, et par le retour en -63kg d’une convaincante Miku Tashiro. En l’absence de la Française Clarisse Agbegnenou, c’est sa rivale slovène Tina Trstenjak qu faisait le test : elle était battue par waza-ari et ippon en moins de deux minutes.
Demain, même configuration ?