
Crédit photo : Gabriela Sabau/IJF
Elle restera comme la seule médaillée tricolore de ce Grand Chelem de Tokyo édition 2025. Une médaille de bronze qui va autour du cou de Romane Dicko (PSG Judo) en +78kg. La double médaillée olympique individuelle, qui aura produit une journée tout de même paradoxale, puisqu’elle bat trois Japonaises ce dimanche : Akira Sone — revenue à la compétition par une victoire à la Coupe du Kodokan — Ruri Fujii (ex-Takahashi) en repêchages et Mao Arai, vice-championne du monde 2025, pour le bronze. Les deux derniers combats sont gagnés au sol, un domaine que la Parisienne a clairement travaillé ces derniers mois et dont on a vu les effets aujourd’hui. Une performance rarissime et notable — elle n’avait jusque là battu que deux fois des Japonaises dans sa carrière — puisqu’elle bat la n° 1 nipponne et celle qui le fut pendant deux olympiades. Mais un dimanche qui restera entaché d’une défaite en quart de finale face à l’Égyptienne Safa Soliman, 19 ans, 5e des Mondes juniors 2025, qui place un koshi-jime parfait qui envoie Romane Dicko dans les pommes !
Une défaite surprise qui prive la +78kg de deux possibles duels contre les deux meilleures +78kg du moment, à savoir les Coréennes Hayun Kim et Hyeonji Lee.
Un dimanche que la Tricolore termina toutefois sur une bonne note, puisque piquer Mao Arai en ne-waza n’est pas donné à tout le monde, le ne-waza étant la spécialité de cette double championne du monde juniors. Un parcours satisfaisant, frustrant, mais enrichissant dans un contexte où chaque combat, ou presque, dans le dernier carré, relève du très haut niveau mondial.
Une densité impitoyable que Romain Valadier-Picard (ACBB Judo) et Luka Mkheidze (FLAM 91), tous les deux à la cinquième place en -60kg, ont eux aussi très concrètement vécue. Après un quart de finale entre les deux Tricolores remporté par Mkheidze sur un makikomi, le vice-champion olympique subissait un uchi-mata impeccable d’Hayato Kondo, en argent au Grand Chelem d’Oulan-Bator et en or au Grand Prix de Qingdao cette année. Kondo ? Le numéro 3 japonais de la catégorie qui aura régalé les passionnés, puisqu’il place un magnifique uchi-mata en finale à Taiki Nakamura, n° 2 nippon et médaillé mondial 2025. Pour le bronze, Mkheidze avait affaire à… Ryuju Nagayama, médaillé olympique 2024 également. Un parcours diabolique pour le Français qui se faisait étrangler sur un kata-te-jime. Pour Valadier-Picard, le parcours était moins irrespirable du moins jusque pour le bronze. En repêchages, il battait le Brésilien Michel Augusto grâce à son juji-gatame parfait. Mais après, c’était le Coréen Lee Harim, médaillé mondial 2024 et en argent au Grand Prix de Chine. Un vieux routier du circuit. Roublard, il faisait ce qu’il fallait pour empêcher le Tricolore de développer son judo. Deux shidos partout, puis un troisième pour Valadier-Picard sur une attaque en sacrifice jugée comme une fausse initiative. Cruel.
Seul -66kg français, Daikii Bouba (AJA Paris XX) termine à la septième place, battu respectivement par Kairi Kentoku, le -66kg de Tenri, vice-champion du monde juniors 2024 et champion du monde universitaire 2025, puis par le Tadjik Obid Dzhebov, médaillé de bronze mondial 2025 et tombeur d’Hifumi Abe à cette occasion. Une catégorie où les quatre Japonais montent sur le podium !
Dernière engagée, Fanny-Estelle Posvite (Nice Judo), tête de série n° 4, subit l’o-uchi-gaeshi de Mao Izumi, n° 4 japonaise et finalement en bronze.
Hier, le Japon avait laissé filer deux titres. Ce dimanche, il n’en concède qu’un : en +78kg avec la finale 100 % coréenne, comme lors des derniers championnats du monde. Le Pays du Matin calme qui possède qui plus avec Hyeonji Lee, n° 1 mondiale et qui n’a que seulement dix-huit ans (elle est junior première année), une des très rares juniors à s’être fait une place au plus haut niveau senior sur les dernières années ! Un monstre de précocité.
Un dimanche marqué au sein de cette domination nipponne attendue, mais toujours aussi vertigineuse par l’incroyable journée d’Hifumi Abe. Challengé peut-être comme jamais avec Takeshi Takeoka — champion du monde en titre — Ryoma Tanaka — champion du monde 2024 —, Kairi Kentoku, le double champion olympique ébouriffante de force mentale, d’abnégation, de fureur de vaincre. Hifumi Abe a été au bout de lui-même ce dimanche pour s’imposer, et ce fut magnifique.
Onze titres au total pour le pays organisateur (pour un total ahurissant de trente-sept podiums sur cinquante-six engagés), la Russie est deuxième avec cinq médailles tout de même, dont celle en bronze de Timur Arbuzov, le diamant de Tuapse des -81kg et champion du monde de la catégorie, battu en quart de finale par Yoshito Hojo au corps-à-corps !


