Pour sa seconde sélection, Amandine Buchard emporte son 1er tournoi seniors

Amandine Buchard la Française et Alessya Kuznetsova la Russe, deux filles qui vont beaucoup se croiser dans les années à venir / Photos © IJF Media Team by T. Zahonyi

« Elle a tout d’une grande » disait une  pub il y a quelques années à propos d’une petite cylindrée qui en avait sous le capot. Il y a fort à parier qu’on va retrouver ce slogan en titre de beaucoup de papiers consacrés à la « petite », la double championne de France de judo Amandine Buchard. Avec ses 18 ans, son air de gamine, son regard souvent lointain, elle fait fragile, petite enfant triste… mais elle accumule les performances avec l’assurance et le culot d’une championne qui se sent prédestinée à la victoire. Son doublé national, c’est déjà énorme. Mais gagner un tournoi seniors, ce Grand Prix d’Abou Dhabi 2013, pour sa seconde sélection (après Paris l’année dernière, à 17 ans), c’est un pas de plus.  Avec ses kata systématiques, sa stabilité, sa concentration sur les mains sans faille, elle paraît déjà expérimentée et sûr d’elle. Jusqu’où cela peut-il la mener ?

C’est encore plus beau quand c’est difficile !

On ne peut pas dire que cela a été facile. Elle été confrontée à des filles de l’élite mondiale, elle qui est pour l’instant non classée à la ranking list. Pour son premier tour, la Russe Rumyantsieva, 23e mondiale et récemment victorieuse du Grand Prix du Kazakhstan, commençait par lui mettre waza-ari avant que la petite combattante de Champigny ne retourne la situation en marquant ippon. Elle passait l’Italienne Moscatt, ancienne finaliste des championnats d’Europe et 20e mondiale, sans que rien ne soit marqué. Au tour suivant, elle était carrément opposée à la championne du monde en titre, n°2 mondiale, la Mongole Urantsetseg Munkhbat, de retour à la compétition à son poids, et elle parvenait à tenir le choc d’un golden score de 6 minutes et 3 secondes, avant que, de guerre lasse, la Mongole finisse par baisser la tête et être pénalisé ! En finale, elle devait tenir aussi contre la Russe Kuznetsova, 21 ans, l’une des combattantes les plus intéressantes du plateau par son engagement debout et son excellent travail au sol. Absurdement pénalisée deux fois – alors que les deux filles se rendaient coup pour coup dans un combat passionnant – la Russe était à deux doigts de conclure un beau travail d’amenée en juji-gatame et parvenait à prendre deux fois la Française en osae-komi, dont la deuxième à quatre secondes de la fin, cette dernière se dégageant à chaque fois. Une sacrée partie de manivelle et un très grand tournoi pour Amandine Buchard. Quelle présence ! Les étrangères sont prévenues.

 

Deux Françaises se sont hissés ce vendredi sur le podium : Pénélope Bonna en -52 kg, en plein regain de forme depuis son titre national – et sans doute aussi en voyant que la mainmise de Priscilla Gneto sur la catégorie a perdu de sa fermeté. La combattante du FLAM91 parvient à battre la Mongole Bundmaa Munkhbaatar, 16e mondiale, s’incline ensuite devant l’Espagnole Gomez (13e), mais termine fort en battant l’Algérienne Moussa (155e) et l’Allemande Tarangul (27e), pour une combattante désormais 37e mondiale et qui s’était un peu perdue de vue depuis son titre européen de 2011, c’est une renaissance. Dans cette catégorie, Lucile Duport était aussi de sortie. Elle est battue sans que rien ne soit marqué par l’Allemande Mareen Kraeh, troisième des championnats du monde et 7e mondiale. Frustrant, mais plutôt encourageant.

Encore une finale perdue pour Clarisse

Clarisse Agebegnenou faisait son grand retour à la compétition en -63 kg après sa finale mondiale. Elle crucifiait trois combattantes solides, l’Anglaise Howell, la Mongole Tsend-Ayush et l’Autrichienne Drexler. Mais en finale, la seconde Autrichienne du tableau, Kathrin Unterwurzacher, 19e mondiale et de la même génération que le jeune Française, faisait le combat parfait pour contrer le très fort bras gauche d’Agbegnenou. Acharnée à contrôler ce bras elle trouvait aussi l’ouverture pour lui marquer un très beau yoko-tomoe-nage. Un combat de référence « contre Agebegnenou » qui va en en faire réfléchir plus d’une.

Agbegnenou dominée par l’Autrichienne Unterwurzacher / Photos © IJF Media Team by T. Zahonyi

De retour à la compétition, Scarlett Gabrielli, 31e au classement mondial, perdait d’entrée sur l’Espagnole Figueroa, 51e mondiale. Les garçons se montraient bien discrets : deux champions de France en lisse, Killian Le Blouch (-66 kg), champion de France 2012 et vice champion de France 2013, et Pierre Duprat (-73 kg), médaillé au championnat d’Europe 2013. Après une victoire difficile sur le modeste Iranien Hassanzadeh, Le Blouch s’inclinait nettement devant l’Ouzbek Farmonov, 9e mondial. Quant à Pierre Duprat, classé 20e mondial, il était écarté d’entrée par un waza-ari de l’Allemand Wandtke, 38e mondial. Une contre-performance.

La Russie de retour aux affaires

Ce Grand Prix d’Abou Dhabi est intéressant notamment parce que la Russie a décidé d’en faire un terrain de manoeuvre. L’équipe de l’entraîneur Gamba était ici bien plus copieuse que celle des deniers championnats du monde ! On retrouvait notamment deux champions olympiques Galstyan (-60 kg) et Isaev (-73 kg)… d’ailleurs tous les deux battus, mais sur le podium. Isaev est joliment balayé en finale par le représentant des Emirats, Victor Scvortov, qui fait partie du lot moldave naturalisé « Emirate ». À vrai dire, même si le geste est superbe, il n’y avait manifestement que waza-ari, ce qu’avait décidé de donner l’arbitre sur le tapis. Mais après visualisation, et en constatant pourtant sans doute au ralenti que le Russe tombe sur le coude, le responsable de la table centrale décide de donner ippon, à la grande joie de l’Emir assis pas loin. Mais quel est donc le rôle de cette table centrale et à quoi servent les arbitres ? Un petit élément de plus pour alimenter la mauvaise humeur générale autour de l’arbitrage. Cela n’empêch cependant pas la Russie de truster les médailles avec déjà cinq finales et trois titres pour Mudranov en -60 kg, Pulyaev en -66 kg, et l’excellente petite Yulia Rhyzova en -52 kg. Les catégories légères  ches les féminines russes s’étoffent.