Et la première médaille masculine française
La nation qui marque les esprits ce samedi, c’est la Russie. Deux catégories masculines engagées : deux médailles d’or. En -73kg, Denis Iartcev, le n°1 de la catégorie dans l’équipe d’Ezio Gamba, a paru affûté et au-dessus du lot, marquant ippon à tout le monde ou presque, et notamment au Géorgien médaillé olympique Lasha Shavdatuasvili en finale sur un gros ko-soto-gari. Plus intéressant encore, la victoire du jeune Aslan Lappinagov, champion d’Europe junior 2013, 23 ans, vainqueur du Grand Chelem de Tyumen et troisième à Tokyo en décembre. Elégant debout, très fort dans ses enchaînements au sol, ce jeune Russe vient « challenger » le champion olympique de la catégorie Khasan Khalmurzaev, 23 ans lui aussi. Une catégorie à la fois stable au meilleur niveau et déjà renouvelée pour renforcer dans les quatre ans qui viennent la force de frappe russe.
Dans ce contexte, les autres antions sont moins visibles, à commencer par le Japon, dont les combattants présents aujourd’hui se sont fait sortir aux pénalités sans trop de réaction.
-81kg, la rechute
Cela aurait pu être l’occasion pour les -81kg français de faire aussi bien qu’à Paris, confirmant une embellie au moins dans cette catégorie. Mais Pape Doudou N’diyae et Baptiste Pierre disparaissent rapidement. Le premier aux pénalités face au Canadien Etienne Briand (58e), le second largement dominé par l’Allemand Dominic Ressel, celui-là même qu’il était parvenu à battre au premier tour par ippon à Paris. Des signes contradictoires qui ne donnent pas beaucoup d’assurance à court terme.
Guillaume Chaine en prétendant
Des signes positifs, c’est en revanche ce que parvient à donner Guillaume Chaine en -73kg, sans doute bien conscient d’une opportunité à prendre dans cette catégorie où la jeunesse, comme en -66kg, ne parvient pas à prendre la relève – le champion de France Benjamin Axus, par exemple, et cette fois écarté dès le premier tour, battu par le Néerlandais Van T Westende. Battu la semaine dernière par Axus, Guillaume Chaine faisait à Dusseldorf une prestation digne d’un premier de cordée, battant même au premier tour le Japonais Arata Tatsukawa, 19 ans, troisième à Tokyo, d’un petit coup de patte bien placé au golden score, mais aussi pour la place de trois l’Israélien Butbul, finaliste du championnat d’Europe moins de 23 ans et troisième à Paris en battant Loic Korval au passage. Ce jeune combattant est désormais 20e mondial, c’est donc une belle performance générale de notre trentenaire 33e mondial, même si il est battu par le Suédois Tommy Macias, lui-même déjà 10e mondial. Sur ce beau parcours, qui contredit l’impression qu’il n’avait plus beaucoup d’impact sur l’international, Guillaume Chaine affiche au bon moment des prétentions crédibles à aller faire un championnat d’Europe.
Agbegnenou en or pour la première fois depuis un an
Comme vendredi, les féminines françaises se hissent par deux fois en finale ce samedi. Clarisse Agbegnenou (-63kg), n’avait plus gagné depuis le tournoi de Paris 2016 et avait dû céder encore une fois au dernier tournoi de Paris face à la Slovène Trstenjak, championne olympique. Mais cette fois la Slovène se faisait surprendre par l’une des Japonaises du jour, Nami Nabekura, laquelle était écartée en demi-finale par l’Allemande Trajdos. La Française passait à travers toute l’opposition : un waza-ari au « golden score » contre la Japonaise Megumi Tsugane, un énorme utsuri-goshi contre l’Anglais Reinshall, qui y laissait son épaule, et un o-soto-gari en trente secondes sur l’Allemande en finale, mais ne retrouvait pas cette fois l’obstacle majeur, la combattante qui reste sur quatre victoires successives contre elle, Tina Trstenjak. Une bonne occasion prise, tout de même, de rappeler qu’il y a elle est les autres. Pour Trstenjak, il faudra attendre encore un peu.
Gahié, une Japonaise sur deux
Ce sera la seule médaille d’or (en attendant dimanche ?). Marie-Eve Gahié, son bras droit d’enfer et ses 20 ans ont montré une nouvelle fois des signes de grande santé et de conviction, en l’absence de Fanny-Estelle Posvite – la seule à pouvoir encore lui reprendre la main avec la légitimité de sa médaille mondiale – est stoppée en finale. Comme à Paris, elle parvient à détruire la posture de la Japonaise Saki Niizoe, même âge qu’elle, qui avait gagné Tokyo. Mais en finale, Chizuru Arai, 23 ans, a géré la distance avec plus de maîtrise et parvient à la sanctionner deux fois par des ashi-guruma et la fixe au sol sur une tentative désespérée de la Française. Ce sera l’enjeu pour les adversaires de la puissante française dans les mois à venir, de parvenir à installer un schéma technico-tactique comparable. En attendant, la jeune combattante du FLAM91 est bien parti pour faire un nouveau championnat d’Europe.