La jeune combattante a ré engrangé de la confiance
Affectée par des championnats du monde juniors ratés, suspendue puis réintégrée à cette sélection pour les championnats du monde toutes catégories à Marrakech, alors même qu’elle doit gérer le passage chez les seniors, Romane Dicko, tout juste 18 ans, doit aussi assumer le statut, lourd, de « nouvelle pépite du judo français ». Ce soir, la judokate de Villeneuve Le Roi a sans doute retrouvé un peu de confiance égarée. C’est d’ailleurs une jeune fille souriante qui s’est présentée – un exercice qu’elle n’apprécie pourtant pas – devant les médias. Propos de la désormais n°1 française des +78kg qui est aussi une toute jeune fille à la marge de progression énorme, avec laquelle le judo français devra aussi savoir être patient.
Romane, vous aviez beaucoup d’ambition sur ce championnat…
Oui, parce que si on va sur une compétition, ça ne sert à rien si on n’est pas là pour gagner. Quand je vois Teddy, qui a décroché son dixième titre hier et qui avait pris le premier à 18 ans… Je suis venue en me disant que, moi aussi, je pourrais commencer au même âge. L’objectif, c’est toujours la médaille, l’or. Après, on voit aussi les limites en seniors : je suis nulle au sol et là, à, ce niveau, ça ne pardonne pas. Je sais que je dois le travailler.
La marche, tu la vois vraiment haute ?
Je ne sais pas si elle est si haute, mais elle existe. Je vais tout faire pour essayer de la franchir le plus rapidement possible, donc travailler techniquement. Sur la place de trois contre Ortiz, l’étranglement est là, elle prend du menton, fait descendre… En revanche, sur le quart (contre la Néerlandaise Tessie Savelkouls, NDLR), je fais l’erreur bête de vouloir tenter sumi-gaeshi alors que j’étais mal placée. Je pense que j’avais les moyens de passer cette adversaire, je la sentais bien dans les mains. Après, je dois revoir le combat, parce que mon ressenti est peut-être un peu différent des images.
Le fait d’avoir été d’abord suspendue puis réintégrée dans cette sélection, ça a été difficile à gérer pour toi, qui n’a appris l’information que jeudi soir ?
Finalement, c’était peut-être mieux, parce que je n’ai pas eu le temps de gamberger, ce qui m’avait nui par exemple lors des derniers championnats du monde juniors qui ont été très mauvais pour moi. J’avais vu mon tableau bien à l’avance, j’y ai pensé, repensé, je me suis fait tous les films… Finalement, c’est peut-être une leçon : je ne dois pas trop penser, en tout cas pas aussi longtemps avant. Je dois faire, être dans l’action. Là, je me suis entraînée normalement, j’ai eu cette montée d’adrénaline jeudi, je me suis dit que c’était une chance de pouvoir faire ces championnats du monde toutes catégories.
Cette annonce, elle t’a fait du bien après les dernières semaines compliquées ?
C’est sûr que j’ai eu un coup de mou entre les monde juniors nuls pour moi et la suspension. Après, on se dit qu’il faut repartir à l’entraînement, de toute façon, parce que les stages, les compétitions vont arriver et qu’il faut continuer à progresser. Le fait d’être ici, ça m’apporte une motivation en plus.
Tu es une jeune fille pressée. Cinquième, c’est forcément frustrant…
Oui, évidemment, mais je suis jeune, j’ai le temps. Les parcours sont différents, mais j’aurai encore 18 ans lors des mondiaux à Bakou l’an prochain, je n’abdique pas ! (rires)
Les France 1re division, c’est la semaine prochaine. De quoi reprendre le fil de ton parcours…
J’ai fait une bonne compétition dans l’ensemble ici alors, oui, j’espère que ça va continuer tout le reste de la saison, et toute ma carrière j’espère.
La clé, ce sera quoi : la confiance, celle qui t’a fait éclore au plus haut niveau ces derniers mois et qui t’a peut-être fuie ces dernières semaines ?
Oui, ne pas trop cogiter. Ça ne me va pas. Là, je n’ai pas eu le temps de réfléchir. Je dois me retrouver dans cet état d’esprit.
Une leçon donc des dernières semaines moins favorables pour toi…
Oui, on peut le dire comme ça.