Le champion français entendu par la Police
Lundi, Teddy Riner a été entendu lundi par les policiers de la brigade de la répression de la délinquance économique dans le cadre d’une enquête sur la gestion de son club de Levallois et sur son salaire.
Hormis cette spectaculaire audition, rien de vraiment nouveau dans cette affaire dont nous rappelons les fondamentaux :
Dans un rapport révélé au mois de mars de cette année, la Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France a pointé du doigt la situation financière du Levallois Sporting Club, « sensiblement détériorée », évoquant « la forte progression des charges de personnel, avec notamment le recrutement d’un « judoka professionnel de tout premier plan mondial ».
Par ailleurs on relève aussi la hausse sensible des revenus du judoka grâce à « des clauses contractuelles favorables », notamment une part variable de sa rémunération en fonction de ses performances sportives.
En 2010, Teddy Riner touche 192.682 euros en rémunération brute. Une somme qui atteint 429.293 euros en 2013. À ce moment-là le champion a effectivement ramené deux nouveaux titres mondiaux et surtout son premier titre olympique au club.
Selon la CRC la venue en 2009 de Teddy Riner à Levallois était « censée accroître le rayonnement national et international du club et de la ville », et finalement « n’a pas entraîné de hausse importante des recettes issues des sponsors privés, mais a lourdement pesé sur la masse salariale du club ».
Teddy Riner a été entendu en tant que « suspect libre » dans ce qui est aujourd’hui une affaire de détournement de fonds publics. Il était assisté de son avocat, son passage dans les locaux a duré moins d’une heure.
Auprès de nos confrères de l’Equipe qui publie une interview du champion français ce mardi, Teddy Riner a encore affirmé sa bonne foi et en particulier le fait qu’à aucun moment on ne peut considérer qu’il a bénéficié d’un emploi fictif par la ville de Levallois.
Sans être au cœur du dossier, on peut déjà aller vers la conclusion logique (et espérée) de cette affaire désagréable. On peut considérer qu’un champion de la mesure de Teddy Riner n’a pas volé l’argent que lui a donné par contrat le club et la ville de Levallois. Qu’il a sans aucun doute contribué par son rayonnement, bien plus que d’autres sportifs moins connus et mieux payés, à l’image de Levallois et on ne peut lui reprocher le fait que la gestion de sa présence n’ait pas été mieux négocié par l’équipe en place, notamment pour la venue de sponsors spécifiques. Néanmoins, même « libre » le voici suspecté. Ce coup porté à sa réputation sera une leçon pénible, mais profitable sans doute. Au point où en est arrivé aujourd’hui Teddy Riner – qui gagne beaucoup plus par ses contrats de sponsorings divers que par ce que lui donne Levallois – il est désormais nécessaire pour lui de mesurer avec beaucoup de rigueur comment les choses se structurent autour de lui. Ill pensait ne pas être « responsable » du montage de Levallois pour le garder, la Police lui pose aujourd’hui des questions sur cette naïveté. Sa bonne foi sera établie. Et il n’y a aucune faute morale, dans la société d’aujourd’hui, à gagner très bien sa vie quand on a atteint le niveau qu’il a atteint. L’expérience devra cependant lui servir pour son prochain employeur.