Les catégories masculines ont rendu leur verdict, sans les Japonais
Mauvaise surprise ce matin. En arrivant à la salle ce matin par un froid piquant, nul judoka nippon à l’horizon. Cette absence confirmait donc ce que beaucoup savaient déjà : suite aux attentats à Paris, la délégation japonaise avait décidé d’annuler sa venue.
Dommage pour les spectateurs et compétiteurs, toujours heureux d’observer ou d’avoir dans les mains des judokas du Pays du Soleil-Levant, champions nationaux high school et souvent futurs cracks du judo mondial. Un Naohisa Takato ou un Shohei Ono ont foulé les tatamis provençaux…
Perte d’intérêt ? Oui…et non. Ce tournoi, qui s’inscrit dans un triptyque (avec Cormelles-le-Royal et Epinay-sur-Sénart) réunit la crème des juniors français. Les champions de France 2016, étaient probablement là. Une belle occasion de se jauger et de marquer les esprits. A ce petit jeu, Romaric Bouda (Eure Judo, -60kg) et Daniel Jean (OM Judo, -66kg) ont réussi leur coup.
Romaric Bouda, la relève normande ?
Français d’origine burkinabè, protégé d’Olivier Mélicine, récemment admis à l’INSEP, il est l’un des grands espoirs de la discipline. Il suffisait de voir les regards, aimantés par le tapis n°2 lorsque le champion d’Europe cadet 2014 se tenait fixe, immobile comme une statue, avant de rentrer dans la carré rouge pour être assuré que sa réputation de judoka labellisé « à suivre » n’est plus à faire.
Des faux airs d’Ugo Legrand chez ce garçon, avec sa posture très droite, cette attitude mêlant concentration, décontraction et contrôle de soi-même et de ses expressions.
Un judo très différent du formidable technicien de Grand-Quevilly bien sûr, mais une similitude dans l’allure, qui nous ramenait neuf ans en arrière, lorsque le néo-retraité des -73kg avait époustouflé l’assistance, sur ces mêmes tatamis aixois.
Aujourd’hui, Bouda a « découpé » tout ce qui se présentait à lui jusqu’en finale, avec son judo explosif et spectaculaire. Ses spéciaux ? Morote, tani-otoshi, kubi-nage. Dans le dernier combat, il retrouvait l’autre favori de la catégorie, le Niçois Jolan Florimont. Champion de France en titre, titulaire aux Europe et au Monde, le judoka de Nice Judo a lui aussi traversé son tableau, avec une autorité et un tranchant qui s’affirme depuis quelques mois, selon Michel Carrière.
Ces deux-là se connaissent par cœur. Rien n’est marqué pendant 4 minutes et, c’est à noter au vu de l’arbitrage actuel, aucune pénalité n’est distribuée lors de ce mano a mano aussi tactique que technique. C’est lors du golden score que la décision va se faire : sur une attaque en kata-guruma un peu trop statique de Florimont, Bouda pousse son adversaire sur le dos. Waza-ari.
Une victoire pour celui qui avait fini 5e à Lyon en mai mais pas franchement de déception pour le champion de France 2015 qui sortait du tapis en sachant avoir fait une petite erreur. Bouda, lui, esquisse un grand sourire. Ce garçon fait plaisir et se fait plaisir. Une belle image du judo.
Ces deux-là seront favoris en mai à Lyon, dans une catégorie particulièrement intéressante et dense avec des garçons comme Rémy Cattez (OM Judo), Sina Sadroleslami (Chilly Mazarin) ou le néo-Français Luka Mkheize (JC Grand Rouen), un judoka qu’on a hâte de revoir dans un meilleur jour, car il pourrait mettre tout le monde d’accord.
Daniel Jean, la tête et les jambes
Serti d’un strap blanc autour du crâne dès son combat contre Daiki Bouba (JC Escales Argenteuil) dans l’un des chocs des -66kg, Daniel Jean a affiché une solidité à toute épreuve. 2e à Cormelles, battu par Sachat Flament (OJ Nice), le grand absent du jour et qu’il a battu depuis lors des championnats de ligue par équipes, cet étudiant en école d’ingénieur à Grenoble a démontré une maîtrise technique et tactique bluffante de lucidité aujourd’hui. Une intelligence de combat couplé à une technique séduisante, pour celui qui travaille cet aspect avec Bernard Tchoullouyan, au sein de l’OM Judo.
Lors de la finale, il ne lui lui fallut qu’une minute pour sceller sa victoire sur un uchi-mata donné ippon de manière un peu généreuse. Dommage pour le spectacle, car Jawad Abdelkrim (Dojo Nantais), vice-champion de France 2015, avait des arguments à faire valoir avec son judo dynamique.
Une joie très contenue pour un garçon que ses entraîneurs décrivent comme « l’élève idéal : intelligent, bosseur et toujours preneur de nouvelles connaissances technico-tactiques ».
Gengoul, Andreev et autre vainqueurs du jour
En -55kg, c’est Théo Raoul Hebrard (OJV) qui monte sur la plus haute marche du podium lors d’une fort jolie finale. Il marque dès la première attaque forte sur un o-uchi-gari circulaire pour finalement gagner sur immobilisation.
En-73kg, c’est le Normand Renaud Gadois (AJ 61) qui remporte l’or sur un o-soto-gari (waza-ari) contre Boivin.
En -81kg, Christ Gengoul (AJA Paris XX) règle la concurrence avec son judo de gaucher, à base de mouvements de hanche et d’uchi-mata. En finale, il lui faut moins d’une minute pour s’imposer à Enzo Hilaire (Sucy Judo). 3e à Cormelles, est-ce enfin la saison de Gengoul, lui qui fait régulièrement partie des favoris pour le championnat de France ?
En -100kg, c’était la revanche de Cormelles. Ce soir, cela fait 2-0 pour le russe German Andreev (Nice-Judo) qui s’impose une nouvelle fois à Alexis Rabier (FLAM 91) sur un contre comptabilisé yuko. 3e au dernier championnat de France en +100kg, ce jeune combattant, formé au célèbre club « Sambo 70 » a décidé de descendre dans la catégorie inférieure.
Ses deux victoires y trouve une solide justification.
En +100kg, une seconde médaille pour l’AJA Paris XX d’Alexandre Borderieux avec la victoire de Jean-Gabriel Kombo, 3e des France cadets 2015 pour le judo Kiai Sarcelles.
Le programme de 2016
Présent sur place, l’entraîneur national masculin Christophe Gagliano nous confiait les futures échéances concernant les juniors masculins : stage à Mittersill pour les juniors de l’INSEP (et quelques membres de l’INEF et de Pôles France), deux compétitions ouvertes aux clubs et au Pôle France avec Eindhoven et surtout Brême. Puis viendront les premières sorties internationales de l’équipe de France juniors garçons en Grèce et lors du très relevé tournoi de Saint-Pétersbourg.