28 août 2013 – Rio de Janeiro (Brésil)
-57kg F et -73kg M
Pavia 5e, Legrand en argent.
On l’avait pronostiqué juste avant ces championnats du monde : si le Japon ne profitait pas de ses trois flèches dans les catégories légères, il risquait une grosse déconvenue. Il faut désormais renverser la proposition : Après un tel triomphe dans les catégories légères masculines, qu’est-ce qui peut encore atteindre le Japon ?
Il est probable que le pays roi aura du mal à emporter d’autres médailles d’or masculines à partir de jeudi, mais engranger trois titres en trois jours, et surtout avec une telle démonstration de force, il n’y a encore que le Japon pour pouvoir faire ça. En rappelant ce qui la rend quasi inimitable : hyper technicité, force de la posture physique et mentale, élégance et sobriété chez des jeunes gens de moins de vingt-cinq ans, la maison-mère s’est rassuré sur elle-même. Rio 2013 restera une compétition de référence, celle de l’éternel renouveau nippon.
Takato, Ebinuma, Ono
Le super léger Takato a fait souffler lundi le vent de la technique, de la maîtrise physique et de l’entousiasme juvénile. Mardi, Ebinuma ajoutait l’élégance et la « samouraï attitude » pour un championnat des -66 kg à garder dans les annales. Avec Shohei Ono, 20 ans à peine, on touche à la très haute exception, celle des grands « monstres » des générations précédentes. Ce jeune combattant a montré aujourd’hui qu’il était peut-être de la trempe des légendes. Puissant et stable, charismatique, il a fait sombré en à peine plus de deux minutes le Coréen Wang au premier tour, sorti par hansokumake comme un combattant de troisième division, il a su renverser dans les dernières secondes une situation qui lui échappait face au renard néerlandais Dex Elmont –très fort encore aujourd’hui – et il lui aura suffi de poser une seule fois sa main sur la manche d’Ugo Legrand en finale, pour le satelliser sur uchi-mata. Champion du monde 2013 à 20 ans, Shohei Ono prend date. Cette Olympiade est pour lui.
Les garçons passent, les filles doutent
Trois titres donc, et une médaille de bronze, les garçons nippons font le boulot à la perfection, même si Nakaya, assommé net par un o-soto-gari / nidan ko-soto-gari du Mongol Sainjargal, ne pouvait défendre ses chances pour le podium en -73 kg. Trois titres masculins, c’est déjà au dessus de la moyenne habituelle, c’est déjà mieux qu’à Paris en 2011 (deux titres pour quatre finales, cinq médailles en tout). Il reste quatre catégories pour que le Japon gonfle son butin déjà exceptionnel. La position est confortable.
Comme on le pressentait dès la défaite d’Asami (-48 kg) le premier jour, les féminines japonaises en revanche ont le plus grand mal à s’élever au niveau requis. Autant les garçons se sont trouvés une motivation, autant les filles semblent flotter. Aucune médaille d’or dans les catégories légères, et ce mercredi, Anzu Yamamoto sans souffle ni mobilité est même éjectée du podium… L’or s’éloigne.
Après l’Asie, les Amériques
Si l’Asie marque un peu moins la journée que les deux précédentes, malgré la victoire de Ono, l’Europe n’en profite pas complètement. C’est l’Amérique qui fait en effet la finale féminine. Brésil contre USA, et le Brésil, vainqueur par Rafaela Silva (-57 kg) d’un maître de-ashi-barai sur l’Américaine Malloy, revient dans la course. Si la nation auriverde avait déjà sa championne olympique avec Sarah Menezes, la guerrière Silva aura le privilège d’être la première championne du monde de judo brésilienne. Deuxième nation avec déjà l’or, l’argent et le bronze, le Brésil n’a pas encore joué toutes ses cartes, loin de là.
Et la France ?
Elle a « débloqué le compteur » comme s’en félicitaient certains entraîneurs. Mais la journée reste mitigée. Car si la performance de Ugo Legrand, « l’homme qui dit ce qu’il va faire et qui fait ce qu’il a dit », est exceptionnelle, surtout après une préparation aussi perturbée par les blessures, celle d’Automne Pavia déçoit. La n°1 mondiale domine la Japonaise, mais passe à côté de sa demi-finale face à la Brésilienne et rate sa place de trois contre l’Allemande Roper qu’elle avait pourtant souvent dominé avant ce championnat. Aucun podium après trois catégories et le parcours de deux médaillées olympiques, le signal n’est pas très positif. On se console cependant en se rappelant qu’en 2011 aux championnats du monde à Paris, à ce moment de la compétition, seul Ugo Legrand était médaillé. Il y avait encore quatre belles médailles d’or à conquérir (Emane, Décosse, Tcheuméo et Riner).
Cuba, la Corée, la Chine, la Géorgie et la Russie sont encore plus loin du compte. Il reste trois jours pour se refaire.
DIRECT – Revivez la troisième journée ici
22h35, -73 kg. Legrand en argent, Ono inouesque
Le grand rêve bleu aura fait long feu. Après une première semonce dans la première minute réchappée de justesse par le félin Français (yuko), Shohei Ono plaçait à mi-combat un uchi-mata maki-komi de mammouth en plein centre du tapis, apprécié en connaisseur depuis les tribunes par Kosei Inoue himself. Tombeur notamment de Wang au premier tour puis de Elmont en quarts (ippon au golden score après un final litigieux), il est un champion du monde indiscutable et le troisième or masculin nippon en trois jours. Avec cette première médaille d’argent mondiale – le même métal que son mentor Dany Fernandes il y a dix ans à Osaka – Ugo Legrand ouvre le compteur français.
22h05, -57 kg. Rafaela Silva championne du monde
Un petit coup de patte annoncé waza-ari après 59 secondes de combat face à l’Américaine Malloy, puis corrigé en ippon. L’élève de Flavio Canto, enfant de la favela de Rocinha, pouvait écarter les bras façon Christ de Corcovado et donner des frissons à toute la salle de Maracanazinho. Comme le dit le speaker en transe, la voici « Campeeeeeão do Muuuuundo » !
21h58, -57kg. Pavia la déception
La question était : Automne Pavia allait-elle se remettre dans le bain après la déception des demi-finales ? La réponse est non. Ce combat pour le bronze l’opposait à l’Allemande Roper, qu’elle avait battue quatre fois sur quatre – mais qui lui avait marqué waza-ari à la première prise de garde au 1er tour des derniers championnats d’Europe. Quatre reprises de garde consécutives, l’Allemande plaçait ko-soto gake. Quatre fois la Française vacillait sur ses appuis. Allait-elle anticiper la cinquième tentative ? C’était exactement le plan de l’Allemande qui la cueillait cette fois sur un coup du volant limpide. Elle offre sa deuxième médaille de bronze en deux jours à l’Allemagne après celle de la -52 Kraeh hier. Quant à la Française, cette 5e place met fin à une série de neuf podiums consécutifs en compétition individuelle depuis janvier 2012. Dur.
21h35, -73kg, Ugo Legrand en finale !
« Il n’y a rien de plus beau : annoncer un truc et le faire… » Ugo Legrand assume, il est un homme de grand championnat, comme il le confie dans le numéro actuel de L’Esprit du Judo. Opposé à l’excellent Mongol Sainjargal, n°1 mondial avec ses grandes attaques en ashi-guruma et en sode qui dépotent, le Français a montré la même assurance que celle de ce matin. Il eut du mal à attraper la manche, il se fit pénaliser, et paraissait fatigué à l’entame de la dernière minute. C’est pourtant là qu’il choisit de remettre de l’intensité. Bien lui en a pris : un sukashi sur une attaque en uchi-mata du Mongol Sainjargal alors que celui-ci menait au bénéfice des pénalités à 30 secondes de la fin, ippon ! Ugo l’avait annoncé, il l’a fait : le voici en finale mondiale au terme d’un match parfaitement géré. Aucun Français n’a remporté le titre mondial dans cette catégorie, Serge Dyot puis Marc Alexandre devant se contenter de l’argent, respectivement en 1981 et 1987 en -71kg, tout comme Dany Fernandes en 2003 à Osaka.
Tout est possible désormais, sachant que la pépite japonaise Shohei Ono, qui l’attend en finale, a traversé la compétition de manière incroyable, à l’image de la demi-finale expédiée en quelques instants sur un o-soto-gari de folie sur le Belge Van Tichelt.
21h20, -57kg, Silva stoppe Pavia
Rafaela Silva issue du quartier de Rocinha à quelques kilomètres de la salle (voir son histoire ici), était plus qu’à domicile. La gamine de la favela est même devenue une star à travers tout le Brésil. Injustement disqualifiée à Londres, elle est revancharde et ne laissera personne lui prendre cette finale tant rêvée. Sanctionnée rapidement de deux shido, puis d’un troisième après une attaque qui venait un peu égayer le tableau, Automne Pavia se faisait contrer sur son uchi-mata en bordure de tapis. Waza-ari. Il restait 1’10, il fallait courir après le score et malgré une ultime séquence chaude à dix secondes du terme, la Brésilienne vice championne du monde de 21 ans tenait le combat jusqu’au bout des 5 minutes. Elle est à un combat de la consécration absolue. La finale l’opposera à l’Américaine Marti Malloy, qui l’emportait avec son puissant sode (waza-ari) avant de remarquer yuko sur la Slovène Vlora Bedeti.
19h35, -57kg, le programme des demi-finales
Automne Pavia (FRA) – Rafaela Silva (BRA)
Vlora Bedeti (SLO) – Marti Malloy (USA)
Automne Pavia tient parfaitement son rang pour le moment. Elle s’est même offert un bon bol de confiance en dominant sa rivale japonaise Anzu Yamamoto en quarts de finale. Il en faudra dans moins de deux heures au moment de croiser le fer avec la Brésilienne Rafaela Silva, pour le Maracanazinho va s’enflammer. L’autre demie opposera la jeune Slovène Vlora Bedeti, récente vainqueur des Jeux Méd’, à la coriace Américaine Marti Malloy, en bronze comme Pavia lors des derniers Jeux.
19h15, -73kg, le programme des demi-finales
Nyam-Ochir Sainjargal (MGL) – Ugo Legrand (FRA)
Dirk Van Tichelt (BEL) – Shohei Ono (JPN)
Il aura fallu attendre le troisième jour de compétition pour voir un tricolore se hisser jusqu’en demi-finales. Il s’agit du maître tacticien Ugo Legrand, parfait dans ses confrontations musclées avec le Mongol Khashbaatar, l’Ouzbèk Sharipov et le Kazakh Ykybayev. Un autre combattant des steppes l’attend désormais, et pas des moindres, en la personne de Nyam-Ochir Sainjargal, en bronze comme Legrand à Londres l’année dernière. Le vainqueur briguera alors l’or soit contre le Belge Dirk Van Tichelt, déjà dans le carré final à Rotterdam, soit contre le jeune Japonais Ono, intraitable avec ses glorieux aînés Dex Elmont et Miklos Ungvari.
19h13. -57 kg, 1/4 de finale. Pavia en demies
La grande droitière aura eu raison de la petite gauchère. Au jeu des pénalités, la Française parvient à faire sanctionner deux fois la Japonaise. Elle prendra en demies à partir de 21 heures (heure française) la Brésilienne Rafaela Silva, tombeuse de la surprise kossovare Nora Gjakova, dans un Maracanazinho tout acquis à son adversaire.
18h50. -73 kg, 1/4 de finale. Ugo en demies contre Sainjargal
Le quart a mis quinze minutes avant de démarrer. La raison ? La grave blessure du Japonais Nakaya, évacué sur civière dans l’impossibilité de bouger suite à la boîte qu’il venait de subir face au Mongol Sainjargal. Dans ce contexte fébrile, Ugo trouvait l’ouverture à mi-combat sur o-soto gari. Un waza-ari qui l’envoie comme en 2011 en demi-finale mondiale, cette fois face au n°1 mondial mongol. Monsieur Jour J tient son rang.
18h23. -57 kg, 3e tour. Pavia retrouvera Yamamoto
Deux yukos et un ippon rapide sur la Russe Tatiana Kazenyuk. Voici Automne Pavia en quarts elle aussi. Ce sera face à la Japonaise Anzu Yamamoto, dans un remake de la finale de Paris en février remportée par ippon par la Française.
18h19. -73 kg, 4e tour. Legrand en tacticien
Le piégeux Sharipov n’aura pa su gêner la marche en avant. Mené deux pénalités à une à mi-combat, Ugo Legrand a repassé devant en deux reprises de gardes, entraînant son adversaire dans le piège des deux mains sur le kim pour faire lâcher la garde. Une tactique qui aura raison de son adversaire ouzbek, pénalisé une quatrième fois à 1’30 du terme. Il afrontera en quarts le finale le Kazakh Ykybaev, tombeur par ippon du Géorgien Tatalashvili.
17h35. -73kg, 3e tour, Legrand gère parfaitement
Ugo Legrand le savait : le guerrier des steppes Khaashbaatar allait lui rentrer dedans, venant le chercher au corps à corps. L’enjeu était donc de bien poser les mains pour le maintenir à distance et, c’est très clair, le médaillé olympique de Londres avait parfaitement préparé son combat. Il tenait cette manche gauche et faisait pénaliser le Mongol deux fois en 40 secondes, lequel prenait encore un shido à mi-combat. Ugo n’avait plus qu’à gérer. Plus facile à dire qu’à faire évidemment contre cet excellent adversaire bien qu’étouffé jusque-là. Mais le Français restait solide jusqu’au bout, lançant même un tomoe-nage pour contrôler un adversaire qui se ruait sur lui dans les dernières secondes. Il s’agit maintenant de récupérer vite de ce combat éprouvant.
17h15. -73kg, 2e tour, Ono fait exploser Wang
On attendait ce premier tour de folie entre la star montante japonaise Shohei Ono et la star Coréenne, certes vieillissante, Wang Ki-Chun. Il n’y a pas eu de match ! Le Japonais a fait monter les pénalités en deux minutes jusqu’à la disqualification de son adversaire. Clairement la fin d’une époque.
16h45. -57kg, 2e tour, Pavia ipponise
Exempte du 1er tour, Automne Pavia a été prudente face à la Sénégalaise de l’ACBB, Hortense Diedhou, coachée d’ailleurs par le Français Thierry Dibert : deux minutes pour bien poser les mains et trouver l’ouverture pour placer sa hanche : ippon. La Française est dans le rythme.
16h45. -73kg, 2e tour, Legrand en 11 secondes
… C’est le temps qu’il aura fallu à Ugo Legrand pour placer son tani-otoshi au modeste représensant des Seychelles, Nady Jeanne. Ce sera un combat d’une toute autre envergure au prochain tour puisque le Français devra s’imposer au champion du monde 2009 des -66kg Khaashbaatar.
15h45. -73kg, 1er tour, Duprat prend la porte
Pierre Duprat n’aura pas fait long feu à Rio. Opposé à l’Espagnol Uematsu, médaillé mondial il y a huit ans au Caire, le médaillé européen de Budapest n’a pu imposer son judo. Un dernier contre aurait pu lui offrir un petit yuko sur le gong, mais l’arbitre n’a pas bronché. Le décalage de pénalités en faveur de l’Ibère, Duprat quitte la compétition dès le premier tour.
15h20. -73kg, 1er tour, Ugo Legrand sans problème
Le médaillé olympique ouvrait le bal des Français aujourdhui. Uchi-mata gaeshi au bout de 40 secondes pour waza-ari enchaîné au sol, retournement et immoblisation… Le Kényan Kynianjui n’a pas vu la ballon. Tout juste un petit échauffement.
Pour Pierre Duprat (-73 kg), l’entrée dans le très grand bain va être rude. Il devra d’abord étouffer les derniers feux de l’excellent Espagnol Kiyoshi Uematsu, qui fut en son temps trois fois finaliste d’un championnat d’Europe senior (et champion en 2004). Si ce piège ne se referme pas sur lui, il doit batte ensuite soit le nouveau jeune héros japonais, Shohei Ono, un technicien hors-classe, ou le monstre coréen Wang Ki-Chun, champion du monde et médaillé olympique. Un combattant qui ne perd que peu de combat… mais en Allemagne au tournoi de Dusseldorf, il en a laissé un à Pierre Duprat. Tant mieux.
La fiche athlète de Pierre Duprat
Pour Ugo Legrand (-73 kg), le tableau paraît plus accessible… si ce n’est que dès le second tour, il doit faire face au guerrier des steppes, le champion mongol Hashbaatar Tssagaanbatar, champion du monde 2009 et très en forme depuis qu’il a changé de catégorie. Vainqueur à Paris, troisième du Master, 2e du Grand Prix de Mongolie… Il sera fort, encore une fois.
La fiche athlète d’Ugo Legrand
Automne Pavia (-57 kg) devrait dérouler jusqu’en quart de finale, où elle rencontrera très probablement sa plus grande rivale, la Japonaise Anzu Yamamoto. La jeune championne nipponne l’avait battue à Tokyo et Pavia lui avait rendu la pareil à Paris. Une finale avant la lettre… même si l’eventuelle demi-finale contre Telma Monteiro ne devrait pas être facile à gérer non plus.
La fiche athlète d’Automne Pavia