27 août 2013 – Rio de Janeiro (Brésil)
-52kg F et -66kg M

Le deuxième jour des championnats du monde de judo 2013 à Rio ont consacré deux héros, chacun dans leur genre. Masatoshi Ebinuma (-66 kg), avec son visage d’ange ou de jeune moine bouddhiste est le judoka japonais dans toute sa gloire : la technique, l’attitude, l’esprit samouraï. Maljinda Kelmendi (-52 kg)  a réussi de son côté à devenir l’héroïne sportive d’un pays tout neuf, le Kosovo, dont elle est la première championne du monde.

Après une journée assez forte sur le plan judo hier, on est monté d’un cran ou même de deux aujourd’hui. Quoi qu’il se passe dans les jours qui viennent, on se souviendra de cette très belle bataille des -66 kg à Rio, animée par l’Ukrainien Zantaraiya, l’Azéri Shikalizada, le Brésilien Chibana, le Kazakh Mukanov, et surtout le magnifique Ebinuma.

Tandis que l’Ukrainien Zantaraiya et l’Azéri Shikalizada éclaboussaient leurs adversaires de leur spectaculaire talent, tandis que le Brésilien Chibana faisait exulter la foule juvénile du Maracazinho avec ses grands arrachés de classe, le Kazakh Mukanov, un quasi inconnu malgré sa troisième place au tournoi d’Asie, s’emparait du championnat sans demander l’avis de personne. Anonyme en début de journée, il sortait en dix secondes l’éphémère héros anglais Colin Oates tombeur de Sobirov et du champion olympique Shavdatuashvili, se révélait en projetant le Japonais Fukuoka sur un magnifique sasae-tsuri-komi-ashi et calmait les ardeurs de l’explosif ukrainien, finalement maté par la puissance et la fermeté de ce Kazakh. De l’autre côté du tableau, Ebinuma faisait la journée attendue, exceptionnel de talent, mais surtout très fort mentalement pour sortir d’un parcours finalement assez « piégeux ». Mené notamment jusqu’à quelques secondes de la fin d’une pénalité par le Brésilien Chibana, il trouvait la faille sur un avant-arrière lumineux. En finale, agressé physiquement par le Kazakh décidé coûte que coûte à être champion du monde, surpris au sol sur une clé en hara-gatame sur lequel Mukanov faisait tout ce qu’il pouvait pour lui disloquer le bras, il criait de douleur, mais ne frappait pas et sortait de là avec le bras pendant, les doigts figés, manifestement presque incapable de lever le bras. Pourtant, il trouvait l’ouverture pour son formidable o-uchi-gari en ken-ken. Un très grand moment des championnats du monde. Ebinuma emporte un deuxième titre mondial de haut niveau et réconforte le Japon.

Le Japon est éternel
Avec lui en effet, c’est le Japon qui gagne. Deux catégories masculines, deux médailles d’or et une médaille de bronze japonaises… Si on peut penser que le Japon est en train de manger son pain blanc car il était attendu dans les petites catégories et ce sera plus difficile dans les autres, il n’en laisse aucune miette et, avec déjà deux médailles d’or au compteur, mais aussi la médaille de bronze de Fukuoka, second engagé en -66 kg, il peut laisser venir les journées suivantes avec sérénité. Et d’autant que les féminines accompagnent le mouvement avec une nouvelle médaille aujourd’hui pour Hashimoto (bronze en -52 kg) suite à celle d’Asami hier (argent en -48 kg). Néanmoins, la tendance se confirme : si les garçons signent une prestation parfaite, notamment dans l’approche mentale, les féminines ont plus de mal à triompher. Cette fois c’est l’agressif bras gauche de la Kosovare Kelmendi qui a dominé le judo d’Hashimoto, qui n’avait plus perdu depuis longtemps. La Kosovare pouvait s’effondrer en larmes après sa demi-finale victorieuse contre la représentante japonaise, elle savait qu’elle venait de faire le plus difficile. Malgré le public et sa détermination, la Brésilienne Miranda – qui venait d’&carter la favorite russe Kyuzutina – ne pouvait empêcher l’avènement de la première championne du monde kosovare, quatre ans après son titre junior à Paris.

L’Asie domine toujours
L’Asie est toujours largement dominante aujourd’hui, malgré l’or de Kelmendi. Si le Brésil s’est montré à la hauteur de ses prétentions de pays hôte, il n’emporte toujours pas d’or et la révélation Chibana échoue à la cinquième place, non sans avoir secoué les deux Japonais, menant même d’un waza-ari sur Fukuoka pour la place de trois.
Le Kazakhstan aujourd’hui après la Mongolie et l’Azerbaidjan hier, les grandes steppes d’Asie centrale fournissent des champions tous les jours pour ce rendez-vous mondial de Rio 2013.
La France en revanche n’y parvient pas, et c’est une franche déception aujourd’hui avec deux engagés masculins, dont David Larose, excellent depuis le tournoi de Paris 2013 qu’il a emporté, et une médaillée olympique en lice. Priscilla Gneto n’a pas pu s’opposer à la Kosovare Kelmendi, et c’est sans doute logique après sa préparation perturbée. C’est plus frustrant de voir Larose échouer au premier tour devant un quasi anonyme « qui ne lui convient pas »…
Il va falloir mercredi effacer l’impression négative qui flotte désormais autour de l’équipe de France. En attendant, le Japon a déjà hissé trois combattant(e)s en finale, emporté deux titres et cinq médailles. La messe est-elle déjà dite ?

Revivez la deuxième journée ici

22h35. -66kg, Ebinuma fabuleux
Le Kazakh Mukanov ? Un jeune combattant de 23 que vous avez peut-être vu à Paris en février (7e), 3e des derniers championnats d’Asie (battu par le Japonais Fukuoka), et que le Brésil inspire visiblement bien. Il mettait tout de suite la pression sur le Japonais avec, notamment, ce passage au sol fabuleux en kansetsu féroce, au point qu’on se demande comment le champion du monde 2011 n’a pas tapé. C’est pour frapper plus fort encore : un o-uchi-gari incroyable sur le gaucher d’Almaty une minute plus tard malgré un bras gauche visiblement bien amoché, pour le pion qui lui permet d’engranger un 2e titre. Vraiment impressionnant.

22h10. -52kg, Kelmendi entre dans l’histoire!
Erika Miranda avait beau avoir le soutien de tout le Maracanazinho, c’est bien la Kosovare Majlinda Kelmendi qui devient championne du monde, au terme d’une lutte à couteaux tirés de près de quatre minutes. Jusque là, seules les pénalités étaient venues garnir le tableau d’affichage. C’est alors que, plein centre du tatami, Kelmendi lançait son uchi mata fatal, pour un waza-ari qu’elle bonifiait en immobilisation. Le Brésil devra encore attendre pour son premier titre à domicile.

21h30. -66kg, Ebinuma est un monstre !
Après la percée Kitadai aux JO l’an passé dans la catégorie inférieur, le Brésil voyait bien Charles Chibana venir tout casser aujourd’hui en -66kg. Vainqueur à Moscou, annoncé comme un crack, il a livré un combat énorme sur le Japonais Ebinuma, se sortant des attaques du Japonais comme un chat, enchaînant au sol… Tant et si bien qu’il faisait sanctionner le champion du monde 2011 et médaillé olympique le premier. mais Ebinuma, c’est vraiment un judo superbe. Il trouvait l’ouverture pour waza-ari enchaîné au sol en toute fin de combat : un avant-arrière magistral. Quelle demie !

21h15. -52kg, Kelmendi en larmes, Miranda étouffante
La n°1 mondiale Majlinda Kelmendi a mis de longues minutes à se relever de ce combat… pourtant gagné face à la Japonaise Hashimoto d’une pénalité (2-1). Un combat qui ne rentrera pas dans les annales sur le plan technique face à celle qui avait remporté Tokyo et Paris en début de saison ainsi que les championnats du Japon. Mais une grosse baston, dans le pur style Kelmendi et la voici en finale, ivre d’émotion. Sa première. En face, ce sera très chaud avec Erika Miranda. La Brésilienne a littéralement étouffé la Roumaine Chitu à coup d’attaques incessantes systématiquement enchaînées au sol notamment en étranglement. Un makikomi en bordure pour waza-ari lui permettait de prendre l’avantage pour ne plus le lâcher. Une finale de bastonneuses nous attend.

18h45. -52kg, le programme des demi-finales
Majlinda Kelmendi (KOS) – Yuki Hashimoto (JPN)
Andrea Chitu (ROU) – Erika Miranda (BRA)

18h45. -66kg, le programme des demi-finales
Georgii Zantarya (UKR) – Azamat Mukanov (KAZ)
Masashi Ebinuma (JPN) – Charles Chibana (BRA)

17h20. C’est fini pour les deux Français !
On sentait le coup venir : la médaillée olympique Priscilla Gneto n’a pas eu les armes pour aller contre l’agressivité de la Kosovare Majlinda Kelmendi, usante à pousser très fort, à traîner la Française qui se faisait vite pénaliser et continuait à subir, sans solution. Ça suffisait pour laisser s’écouler les 5 minutes sans guère de réaction de la Française qui s’incline 2 pénalités à 1 contre la Kosovare Kelmendi. Sur le tapis voisin, Dimitri Dragin se faisait, lui, foudroyer par un enchaînement splendide de Nijat Shikhalizade : uchi-mata, de-ashi-barai, tai-otoshi… Matte ? Non, ippon pour la table centrale après visionnage vidéo de cette séquence sans rupture et donc logiquement comptabilisée pour l’Azéri, médaillé mondial en 2005 en -60kg alors qu’il était encore junior. Un combattant par ailleurs suspendu pour dopage en 2007 (ce qui le priva de JO à Pékin) contre lequel Dimitri Dragin n’avait pourtant jamais perdu en trois confrontations dont la dernière à Budapest fin avril à l’occasion des championnats d’Europe.

17h20. -66kg, 3e tour, la sensation Oates !
Le Britannique est « on fire » : après avoir battu l’Ouzbek Rishod Sobirov, voici Colin Oates qui met une boîte au champion olympiques géorgien. C’est ce qu’on appelle bien entrer dans la compétition !

17h. -66kg, 3e tour, Dragin sur le coup
Ko-soto-gake dans le temps pour ippon et voici le médaillé européen de Budapest en quarts. 

15h55. -52kg, 2e tour Gneto passe
Dans un combat encore bien verrouillé, Priscilla Gneto passe cette fois la Biélorusse Darya Skrypnik, médaillée européenne -23 ans 2008, grâce à un ippon en contre en bordure de tapis, très généreusement accordé par les arbitres. L’essentiel est là, mais derrière c’est la Kosovare Kelmendi, n°1 mondiale en quête d’une première médaille mondiale seniors, qui se profile. Le vrai test.

15h45. -66kg, Dragin continue
Moins d’une demi-heure après son entrée en lice paisible contre le Malaisien Chong Wei Fu, Dimitri Dragin remettait le couvert contre le jeune Israélien Golan Pollack (21 ans), troisième du dernier Masters. Toujours premier sur l’attaque, le Levalloisien  voyait ses seoi et ses kata-gurama demeurer infructueux. C’est donc aux pénalités qu’il accède au troisième tour, où il retrouvera le vainqueur du combat Soares (POR) – Seidl (GER).

15h25. -66kg, 1er tour, Larose, la douche froide
Il n’a pas trouvé la soltuion contre son bourreau de 2010, David Larose. Les attaques en seoi-nage incessantes du Polonais Zagrodnik qui se jette à genoux ont pesé,et surtout marqué (waza-ari). Le réveil de Larose et le contre du combattant de Sainte-Geneviève auteur du excellente saison n’auront pas suffi. Il perd au 1er tour des championnats du monde. Une immense déception. Comme le confiait Franck Chambilly : « Il n’a pas su trouver la solution. Il a démarré trop tard. On a vraiment les boules. »

15h15. -52kg, 1er tour, Gneto passe mais ne rassure pas
Touchée au genou droit, la médaillée olympique aborde sans doute cette compétition avec quelques doutes. Elle passe son adversaire Néerlandaise du 1er tour, mais aux pénalités. Il faudra monter en puissance rapidement.

15h05. -66kg, 1er tour, Dragin passe
Un peu tendu à l’échauffement ce matin, le Levalloisien n’aura pas laissé beaucoup d’énergie sur ce premier combat : ippon en 1’10 sur un sode. Ça, c’est fait.

 

LE PROGRAMME

Il ne faudra pas arriver en retard sur notre direct aujourd’hui puisque Priscilla Gneto (-52kg) lancera cette deuxième journée des championnats du monde de Rio de Janeiro dès 15h (heure française) face à la Néerlandaise Miranda Wolfslag, membre de l’équipe championne d’Europe à Budapest.

La fiche athlète de Priscilla Gneto

Derrière, ce sont nos deux médaillés européens des -66kg, David Larose et Dimitri Dragin, qui tenteront de décrocher la timbale dans une catégorie très dense (66 combattants engagés).

La fiche athlète de David Larose

La fiche athlète de Dimitri Dragin