La Limougeaude est seule la médaillée du groupe français en Chine
Après les deux cinquièmes places de Cédric Revol en -60kg et Daniel Jean en -66kg, vendredi, cinq combattants masculins avaient l’occasion d’ouvrir le compteur du groupe coaché, ici à Hohhot, par Christophe Massina. Malheureusement, il n’en sera rien avec les défaites en tableau de Guillaume Chaine, Nicolas Chilard, Alpha Djalo, Aurélien Diesse et Cyrille Maret. Chez les féminines, si il n’y avait pas d’engagées en -63kg et -70kg, les trois combattantes évoluant ce dimanche ne repartent qu’avec une seule médaille… mais d’or. Mention spéciale donc à Fanny-Estelle Posvite, la médaillée mondiale 2015 en -70kg au sein d’un groupe français qui sera passé à côté de ce Grand Prix chinois, au moins au niveau comptable.
Les garçons bredouilles
Convaincant vainqueur du GP de Géorgie et en bronze à celui de Turquie, on attendait Guillaume Chaine sur cette étape chinoise. Vingt-deuxième à la ranking list, et futur titulaire des championnats d’Europe, le -73kg disposait au premier tour de l’Azéri Mammadov, sanctionné de trois shidos à 45 secondes de la fin. Le combat suivant s’avérait piégeux contre l’Emirati Scvortov. Un combat où ce dernier, médaillé olympique de Rio, se montrait légèrement plus actif au départ. Très vite sanctionné deux fois, le Français, sous le couperet d’un troisième shido éliminatoire, essayait de prendre les choses en main sur la séquence suivante. Il cherchait à saisir la manche de son adversaire, qui protégeait visiblement cette dernière. Matte de l’arbitre et sanction…contre le Français pour, selon lui, avoir protéger lui-même la saisie de son « tsurite ». Une très étrange décision.
En -81kg, élimination au 1er tour pour Nicolas Chilard, tombé d’entrée face au Géorgien encore junior mais déjà médaillé sur le circuit senior (3e à Tbilissi et dernièrement au Grand Chelem de Bakou), Tato Grigalashvili. Un tirage tout sauf facile pour le retour sur le circuit international, depuis Paris, du champion de France en titre. Essayant de trouver la faille sur son morote-seoi-nage, le Breton se faisait contrer à quinze secondes de la fin. De son côté, Alpha Djalo disposait du Taiwanais Chuang au premier tour pour rencontrer ensuite Sotaro Fujiwara, le vice-champion du monde japonais. Si le combat débutait par une âpre lutte au kumikata, le Nippon marquait un premier waza-ari sur o-uchi-gari en réaction à une tentative de morote-seoi-nage bien bloquée par le Français. Sur la séquence suivante, Fujiwara éteignait définitivement les espoirs de Djalo sur un kata-guruma. En -90kg, Aurélien Diesse ne lâchait rien pour battre le Kirghize Cherov au premier tour. Mené waza-ari sur un contre après une tentative d’o-soto-otoshi, le Tricolore trouvait la faille sur o-uchi-gari pour ippon. Au tour suivant, c’était le Serbe Majdov, qui avait fait forte impression lors de sa victoire à Bakou. Après deux minutes où il ne se passe pas grand-chose mais où le Français tentait de placer un sankaku-jime (qu’il aura beaucoup tenté aujourd’hui), le champion du monde 2018, battu par Diesse aux Monde 2019, dans place un sumi-otosohi (waza-ari) lors d’une phase statique -qui ne sied guère à Diesse- bien suivi par une forte séquence au sol conclue en clé de bras. Enfin, Cyrille Maret s’incline à nouveau, après le GP russe, contre le Canadien ElNahas subissant un ko-uchi-makkikomi à droite à 1’15 de la fin. Un combat où le médaillé de Rio n’a que trop rarement réussi à mettre son kumikata de droitier en place, face à un adversaire gaucher, très mobile et attaquant sans cesse. Une saison en forme de chemin de croix pour le vice-champion d’Europe 2018 (défaite dès son premier combat au Masters, à Paris, Düsseldorf, Ekaterinburg et donc Hohhot) qui ira toutefois à Minsk, fin juin, tenter d’aller cherche une sixième médaille continentale.
Posvite, choix gagnant
A 26 ans, Fanny-Estelle Posvite vient de crédibiliser son choix de monter de catégorie. Médaillée mondiale en 2015, médaillée européenne en 2016, neuf fois sur un podium de Grand Prix (mais sans victoire) et finaliste à Paris en 2014, la judokate de l’AJ Limoges remporte, dès sa première participation dans sa nouvelle catégorie des -78kg, son premier Grand Prix. Gros physique, Posvite possède aussi de belles attaques de jambes dont a été par exemple victime en demi-finale la Japonaise Takayama, 3e à Ekaterinburg cette saison, qui subit un subtil ko-uchi-gari dès la première séquence. En finale, elle dipose de l’Allemande Anna-Maria Wagner, l’une desdécouvertes de la catégorie cette saison, sur une dynamique impressionnante depuis le début de l’année 2019. Significatif.
Troisième à Tbilissi en mars, Posvite réalise l’excellente opération du week-end au sein du groupe féminin coaché ce week-end de Larbi Benboudaoud. Si elle devait ressortir sur un des Grand Prix de l’été, avec une autre performance à la clé, l’hypothèse de la voir aux championnats du monde prendrait sans doute de l’épaisseur. Dans la même catégorie, Audrey Tcheuméo finit elle au pied du podium. Si elle bat joliment la Chinoise Ma, 5e aux championnats du monde 2018 et 3e au GC d’Abu Dhabi au début de la saison, une judokate franchement pas facile à prendre avec ses grands segments, sur un très classique ko-uchi-gari, elle s’incline en demi-finale contre l’Allemande Wagner. Une nouvelle défaite contre cette combattante allemande, qui s’est nettement affirmée cette saison chez les -78kg (vainqueur au GP du Maroc et de Turquie, 2e à Düsseldorf et à Bakou), après la demi-finale de Düsseldorf. Battue aux pénalités, la double médaillée olympique, subit le même sort pour le bronze face à la Cubaine Antomarchi. La dernière médaille d’Audrey Tcheuméo ? Le bronze au GP de Zagreb en juillet 2018. Une éternité pour la vice-championne olympique de Rio.
En +78kg, Julia Tolofua termine elle aussi cinquième. Victorieuse de la Coréenne Kim sur un contre et de la Russe Chibisova en quart de finale, une défaite aux pénalités après 3’15 de golden score face à la Japonaise Akiba en demi-finale et face à la locale Xu pour le bronze.
Vainqueur du GP de Géorgie, Julia Tolofua devra donc attendre pour glâner une seconde médaille sur le circruit IJF.
Les Coréens montrent leurs muscles
Comme vendredi, les débats sont nettement dominés par les combattants asiatiques, et coréens en particulier, chez les masculins. Seul Hidayat Heydrov, l’Azéri surfeur aux cheveux courts, s’immisce parmi les vainqueurs, battant l’Emirati Scvortov en finale des -73kg sur une forte poussée au sol en contre. En -81kg, remake de la finale mondiale entre l’Iranien Mollaei et le Japonais Fujiwara pour une nouvelle victoire du Persan sur un sode tout en puissance avec le bas de veste. Aucun doute, Mollaei défendra chèrement son titre fin août. Victoire japonaise en -90kg avec Kenta Nagasawa face à Nemanja Majdov, décidément très en jambes actuellement. En -100kg, le Coréen Cho, champion du monde en titre dispose de l’Irlandais Fletcher dans l’une des catégories à la plus forte densité alors que son jeune comaptriote Kim Minjong, junior 2e année, s’impose au vétéran mongol, Naidan chez les lourds. Quatre victoires coréennes lors de ce Grand Prix. L’équipe du Matin Calme est clairement en train de se dessiner et de monter en puissance avec Tokyo.
Chez les féminines, victoire de l’Allemande Martyna Trajdos en -63kg, de la Japonaise Saki Niizoe en -70kg et de la légende cubaine Ortiz chez les lourdes, invaincue depuis sa défaite en finale du Masters fin décembre. La championne olympique, désormais coachée par l’ancien -60kg Arencibia vient d’enchaîner quatre victoires consécutives : Paris, Düsseldorf, les championnats panaméricains et donc ce Grand Prix. Impressionnant.