Onze poids, onze mesures
Dans le prolongement de L’Esprit du judo n°54 actuellement en kiosque, retrouvez ici la suite du journal de bord de la Judo Académie nouvelle génération.
Il s’est passé beaucoup de choses en janvier, et bien plus encore depuis. Retour en deux temps sur un trimestre agité dont voici une chronique des prémisses. Si vous avez manqué les épisodes précédents (voir EDJ46 à EDJ53 et ici), l’équipée comprend Amandine Buchard (France, -48 kg), Hedvig Karakas (Hongrie, -57 kg), Yarden Gerbi (Israël, -63 kg), Kayla Harrison (USA, -78 kg) et Idalys Ortiz (Cuba, +78 kg) pour les filles. Yakub Shamilov (Russie, -66 kg), Gideon « Jacques » Van Zyl (Afrique du Sud, -73 kg), Antoine Valois-Fortier (Canada, -81 kg), Tiago Camilo (Brésil, -90 kg), Toma Nikiforov (Belgique, -100 kg) et Islam El Shehaby (Egypte, +100 kg) pour les garçons.
Saison II, épisode 3, attitude… Ré !
D’entrée dans le vif du sujet pour Hedvig Karakas et sa garde rapprochée ©DR/L’Esprit du judo
Jeudi 1er janvier 2015. Bonne année aux World Judo Académiciens – qui retournent le compliment aux lecteurs de l’EDJ. Particularité de ces voeux-là : les SMS envoyés à minuit arrivent rarement à destination aux mêmes heures. Amandine et Hedvig confirmeront-elles les pièces d’or misées sur leurs titres mondiaux juniors (en 2014 pour la Française, cinq ans plus tôt pour la Hongroise) ? Yarden et Kayla doubleront-elles la mise en seniors (2013 pour l’Israélienne, 2010 pour l’Américaine) ? Idalys la triplera-t-elle ? Du côté des garçons, Yakub s’immiscera-t-il dans la fratricide ranking russo-russe des -66 kg ? Jacques cessera-t-il d’observer le circuit mondial par la vitrine comme la petite fille aux allumettes du conte d’Andersen [cf. EDJ54] ? Antoine saura-t-il à nouveau tirer son épingle du jeu de la mort des -81 kg ? Tiago a-t-il bien fait de déconstruire son judo pour se rebâtir un physique ? Les -100 kg chanteront-ils la saudade sous les sode de Toma ? Et Islam, dont le seul prénom fait éternuer tout un pan de l’Occident, retrouvera-t-il à 32 ans sa panoplie de « vengeur mosquée » ? Autant de problématiques qui passent outre les frisettes du -90 kg Mewen Fekir, connu jusqu’ici sous le nom de Mewen Ferey-Mondésir. Etudiant en troisième année de Sciences politiques, l’ancien champion de France cadet et junior a décidé à 21 ans de prendre le patronyme de son grand-père et d’entamer les démarches pour combattre désormais sous les couleurs de l’Algérie, sa seconde patrie. Parti se préparer seul au Japon à l’automne, le premier grand test a lieu dès aujourd’hui à Alger. Pesé à l’heure du réveillon, l’Orléanais « engagé pour l’instant sous les couleurs de l’Amicale des Algériens d’Europe » distribue quatre ippons et un waza-ari en guise d’étrennes et remporte ses nouveaux championnats nationaux… 8 000 km plus à l’ouest, l’année s’annonce chamboulée pour Idalys et ses partenaires d’entraînement de La Havane, orphelines notamment de leur -48 kg María Celia Laborde et devant composer avec d’autres changements significatifs [Plus de détails dans la version papier de l’EDJ55, à lire prochainement]. En France, une fusillade près d’Arras durant la nuit de la Saint-Sylvestre entraîne le décès tragique de Marc Morel, professeur de judo à Grenay et ancien international.
Vendredi 2 janvier. Anniversaire d’Arnaud Perrier, de Rok Draksic, de Shinji Hosokawa et d’Hitoshi Saito. Décès de Gérard Bertrand, président de la Fédération monégasque de judo, interviewé quelques semaines plus tôt par notre confrère Thomas Rouquette. Antoine à Montréal et Yarden à Netanya ont déjà repris le chemin de l’entraînement.
Samedi 3 janvier. Début du stage de Lignano pour Yakub. En Suède, Miryam Roper, Georgii Zantaraia, Lucie Decosse et Benoît Campargue encadrent un stage auprès de 280 enfants, pendant que le finaliste des trois derniers championnats de France – pour deux titres -, le -66 kg du Flam 91 Kilian Le Blouch, épouse Sarah Harachi, championne de France junior des -57 kg en 2014. En Belgique, l’ancienne double championne du monde Gella Vandecaveye prend part, comme chaque année, à la baignade du Nouvel An sur la plage d’Ostende.
Dimanche 4 janvier. Loin de la mer du Nord et de ses « vagues de dunes pour arrêter les vagues », Jacques « braai » en termine avec son rassemblement national de Bloemfontein. Hedvig est de retour de courtes vacances dans son appartement de Budapest.
Lundi 5 janvier. Reprise de l’entraînement pour Amandine mais aussi pour les Cubaines – sauf Idalys, qui a droit a quelques jours de rab pour compenser les nombreuses sollicitations induites par son statut d’Athlète de l’année -, pendant qu’Antoine et Kayla s’envolent pour Mittersill et qu’Hedvig trottine dans son club. Bien plus au sud, à Johannesbourg, Jacques est de retour dans ses bureaux. Le triple champion d’Afrique, comme beaucoup de cette majorité méconnue de combattants situés sur la face immergée de l’iceberg du judo mondial, jongle entre sa quête carioca – il s’est fait tatouer les anneaux olympiques de Londres au creux du biceps gauche – et la nécessité de gagner sa croûte, avec l’implication que requierrent ses activités de conseiller financier. « Ma semaine-type ressemble à ça : le lundi matin j’attaque en général par une séance de cardio. Puis je vais au boulot jusqu’au soir où j’enchaîne avec une séance de physique et de musculation. Le mardi, j’attaque à nouveau par une séance de cardio, puis je travaille jusqu’à 15 h 30. De là je file à Pretoria [70 km, NDLR] où je rejoins mon coach pour une nouvelle séance de préparation physique. Ensuite je prends une pause de 30 minutes avant d’enchaîner avec la séance de judo. Il est 21 h lorsque je rentre chez moi, où il me reste à bosser mes cours pour l’Université… Ensuite la journée du mercredi est calquée sur celle du lundi et celle du jeudi est organisée comme celle du mardi. Le vendredi je ne fais en général qu’une session de gym et un bon sauna – deux si je ne suis pas au poids ! – ou, si j’ai de la chance, je file à Pretoria pour faire un foot et un peu de judo. »
Mardi 6 janvier. Départ d’Hedvig pour Mittersill, à l’heure où Toma y atterrit. Islam n’en sera pas : « Nous avons reçu nos visas trop tard ». 250 km plus au sud, Yakub en finit pour sa part avec le camp de Lignano. Kayla retrouve avec joie son cher et tendre, présent au stage avec l’équipe britannique. « La présence de son copain lui rend plus doux ce genre de stages » confie en souriant son coach Jimmy Pedro. Antoine, lui, prend ses quartiers autrichiens avec Kelita Zupancic et Catherine Beauchemin-Pinard, mais sans Nicolas Gill, resté pouponner au pays pour l’arrivée de son deuxième enfant. En Autriche, ils seront 740 combattants venus de 47 pays.
Une recrue de choix fait ses débuts depuis quelques semaines dans le staff de La Havane aux côtés notamment du professeur Ismael Borboña : la quadruple médaillée olympique et septuple médaillée mondiale Driulis González ©Anaïs Bergamini/L’Esprit du judo
Mercredi 7 janvier. Attentats de Charlie Hebdo. « Je voudrais transmettre mes sentiments à tout le peuple français, réagira Tiago à chaud depuis Sao Paulo. C’est une barbarie. Nous sommes choqués, bouleversés. » Hedvig, Yarden, Kayla, Jacques, Islam… Au fil des jours, chacun des membres de la World Judo Academy se fendra d’une marque de sympathie. Avec, d’une culture, d’une latitude ou d’une tranche d’âge à l’autre, des grilles de lecture différant sensiblement [cf. EDJ54].
Jeudi 8 janvier. Parti la veille à 12 h 52 d’un tweet du styliste Joachim Roncin, le slogan « Je suis Charlie » est devenu viral en quelques heures, et le monde du judo s’y associe spontanément. Une minute de silence est observée à l’Insep par Amandine et ses camarades. Le pays est dans un tel état de tension que l’annonce de la suspension de trois mois (du 22 décembre au 22 mars) d’Adrien Bourguignon et Pierre Duprat pour leurs « fesses-tivités » russes passe presqu’inaperçue – sauf pour les intéressés et leurs clubs –, de même qu’un article du Télégramme de Brest racontant la joyeuse pige au club de rugby du SC Le Rheu de l’ancien champion de France des -100 kg Maël Le Normand… S’il y a une chose qui passe moins inaperçue en revanche ce sont quelques raccourcis malheureux repérés ici et là dans les fils d’info en continu, où vitesse se confond parfois avec précipitation. En témoigne cette dépêche postée à 09 h 05 sur le site d’un grand quotidien national, après une fusillade annoncée du côté de Montrouge : « Selon RTL, l’auteur suspecté de la fusillade serait d’ »origine africaine ». Nous livrons cette information car, si elle est avérée, cela signifie qu’il ne s’agit pas d’un des auteurs de l’attentat de Charlie Hebdo, qui sont eux de profil maghrébin. » Au Nigéria, les autorités avancent le chiffre de 2 000 victimes suite au dernier raid macabre de Boko Haram.
Vendredi 9 janvier. Au terme de plus de 48 heures d’apnée nationale, les forces de l’ordre mettent fin quasi simultanément à la cavale des auteurs présumés des meurtres de Charlie Hebdo, ainsi qu’à une prise d’otages débutée le jour même Porte de Vincennes – « Nous entendions les sirènes depuis l’Insep, il y en avaient qui ne se sentaient pas bien… » confiera Amandine quelques jours plus tard. Le soir venu, l’émotion n’est pas encore retombée que les sceptiques se plongent déjà dans la relecture de La stratégie du choc de Naomi Klein. À l’Institut Lumière de Lyon, Thierry Frémaux, 4e dan de judo, rend un hommage en images aux caricatures de sport publiées au fil des années par Charlie Hebdo. La séquence est longuement applaudie, avant que son invité Eric Cantona ne plante ses yeux dans ceux de l’assistance et ne « rappelle qu’en 1988 un cinéma parisien avait brûlé sous la pression d’intégristes catholiques. À l’époque personne n’avait demandé aux autres catholiques de se désolidariser d’eux puisque cela allait de soi ». Au Japon, Hiraoki Hiraoka annonce son retour et sa montée en -66 kg.
Samedi 10 janvier. Après trois jours d’opérations de communication auprès de 700 enfants au Festival de judo d’Eilat, dans le sud d’Israël, Yarden s’envole pour Mittersill. Kayla profite de sa journée de repos pour faire de la motoneige avec Marti Malloy, tandis qu’en France Cathy Fleury remet la Légion d’honneur à Martine Dupont et que Loïc Pietri y va de son dessin de soutien. Ronaldo Veitia se fend d’un message touchant depuis Cuba : « Toute l’équipe se joint à moi pour témoigner de notre solidarité à tous nos amis français suite au massacre et aux actes de terrorisme, qui sont la chose la plus dégradante de notre époque. Toute notre équipe vous envoie ses vœux de courage et de soutien. Avec notre solidarité affectueuse, Ronaldo et sa famille. »
Dimanche 11 janvier. 27 ans de Morgane Ribout, membre de la Judo Academie première génération (Rotterdam 2009 – Londres 2012) et retraitée depuis quelques mois. En France, plusieurs millions de personnes défilent dans les rues dans un mouvement de ferveur nationale. Une minute de silence est observée au stage de Mittersill en hommage aux disparus de Paris, d’où Hedvig envoie un mot dans lequel elle « espère que les athlètes peuvent vivre leur vie et se concentrer sur le sport ». Un stage autrichien qu’Antoine découvrait cette année. Le Canadien aura ainsi eu l’occasion de tester ses noueaux axes de travail ainsi que le uchi-mata du Russe Khalmurzaev. De son côté, Toma, venu en compagnie d’un fort contingent belge, se livrait à quelques empoignades dont il a le secret avec tout le grattin de la caté (Grol, Rakov, Peters, Frey, Fonseca, Berezhnyii…) Le grand raout s’achève sans la Judokate de l’année 2014 Maljinda Kelmendi. La n°1 mondiale des -52 kg se « rompt les croisés du genou gauche lors d’un randori avec l’Allemande Tarangul lors de l’ultime séance ». Elle se fera opérer dans la foulée et entamera une rééducation intensive entre Ljubjana et Celje, en Slovénie… En tennis, Roger Federer remporte le 1 000e match de sa carrière. De quoi rendre envieux Patrick Antaki, ce quinquagénaire +100 kg américano-libanais toujours à la recherche de sa première victoire sur le circuit [cf.EDJ34].
Lundi 12 janvier. Mystique des artistes. Le 11 septembre 2001, le groupe Noir Désir avait sorti son album Des visages des figures, dont un des morceaux, Le grand incendie, semblait avoir été écrit après les évènements de New York. Ce lundi, c’est au tour de Lino, vétéran du rap francophone, de sortir son album Requiem. La mélancolique piste 5, intitulée Fautes de Français, revêt là encore un écho étonnant au regard de l’actualité brûlante. Comme une mise en abyme du fossé énoncé par le morceau, l’ire gouvernementale du jour à l’égard d’un humoriste (Dieudonné, pour sa saillie « Charlie Coulibaly ») divise le pays – et les vestiaires – au point d’interpeler jusqu’aux observateurs étrangers réputés les plus intègres tel le journaliste américain Glenn Greenwald. Moins de vingt-quatre heures après l’union sacrée de la veille, le malaise est palpable. Il faudra attendre quelques semaines pour en formuler les raisons en mots, avec cette interview lue dans la presse japonaise du démographe français Emmanuel Todd, dont l’analyse rejoint presqu’au mot près celle entendue de la bouche d’Islam : « Se moquer de soi-même ou de la religion d’un ancêtre est une chose, mais insulter la religion d’un autre est une histoire différente. L’islam est devenu le support moral des immigrés de banlieue dépourvus de travail. Blasphémer l’islam, c’est humilier les faibles de la société que sont ces immigrants (…) L’absence de perspective d’avenir est une des causes de l’aliénation de ces jeunes. Et l’Europe de l’Ouest ferme les yeux sur son propre problème… » Loin de ces considérations voltairiennes, la compétition fait rage à Cuba entre les staffs masculin et féminin pour se répartir le budget annuel. Avec 56 médailles mondiales dont 16 titres depuis 1989, les féminines enfoncent leurs homologues masculins (12 médailles pour 2 titres). Des stats qui comptent dans les négociations et font les affaires d’Idalys et de ses copines, dont certaines prendront part au tournoi international par équipes de New York le 29 mars prochain – une première, dans la continuité du dégel diplomatique amorcé il y a quelques semaines.
Mardi 13 janvier. Son Institut étant fermé jusqu’au 2 février, Tiago poursuit son copieux programme au Pine Sports Club en compagnie de son partenaire Vinicius Panini : « Fitness les lundi, mercredi et vendredi matin, technique les mardi, jeudi et samedi matin, et randori tous les soirs. »
2015 ou l’année du Tiago Camilo nouveau (ici aux côtés de Vinicius Panini) ©DR/L’Esprit du judo
Vendredi 16 janvier. Anniversaire d’Emmanuel Charlot. Au sortir d’une semaine fertile en tribunes et analyses dans la presse hexagonale, c’est en Belgique désormais que la psychose s’installe avec l’épisode de Verviers. Une tension nouvelle que Toma observe avec sang-froid, rappelant qu’en tant que sportif son rôle n’est pas de mettre de l’huile sur le feu mais au contraire d’encourager les gestes qui apaisent. Et de citer l’exemple de la dernière finale des +100 kg aux championnats d’Europe juniors en septembre dernier à Bucarest, lorsque l’Ukrainien Yakiv Khammo aida son adversaire russe Ruslan Shakhbazov, blessé, à sortir du tapis : « Un Ukrainien qui aide un Russe, en 2014… L’image était belle ! »
Samedi 17 janvier. Fin d’une belle semaine pour Amandine, créditée d’un 19,6/20 à l’épreuve du 3 x 500 m comptant pour le baccalauréat. « J’ai perdu 0,3 points parce que j’étais trop rapide » rigole l’engin, dont les 1’40 puis 1’39 puis 1’38 ont calmé toute la classe. En virée dans la nuit de Budapest, Hedvig oublie son portable dans un taxi.
Dimanche 18 janvier. Anne-Laure Bellard s’impose à Tunis sous les yeux d’une internaute attentive prénommée Yarden, pendant que Tiago tape le barbecue à la maison avec ses camarades de club.
Lundi 19 janvier. Championne du monde 2013, vice-championne du monde 2014, Yarden ne parvient pas à joindre son Université pour aménager son planning d’examens. Une inertie qui la fait enrager. À Budapest, Hedvig en finit enfin avec le long cycle d’examens du premier semestre débuté au lendemain de la Coupe d’Europe par équipes de clubs, pendant qu’à Louvain-la-Neuve Toma s’entraîne en chambre hypoxie.
Mardi 20 janvier. À la cafète de l’Insep, Amandine commande un sandwich thon-crudités et un Coca zéro. « Je n’ai pas mangé de Grec depuis le tournoi de Paris l’année dernière, se vante-t-elle. Bon, ça m’empêche pas de me faire un McDo de temps en temps. » Une semaine avant le stage international de Saquarema, Yarden s’envole déjà pour le Brésil. Direction Sao Paulo et le club Hebraica, où s’entraînait sa coéquipière Camilla Minakawa avant d’effectuer son Alyah. L’équipe israélienne compte y prendre ses marques en vue des Jeux. « Shany veut que nous arrivions en avance ici. L’idée est que si l’endroit convient nous en fassions notre camp de base en 2016, afin d’échapper au village olympique et aux sollicitations qui iront avec… » À 18 000 km de là, le Japon pleure la disparition d’Hitoshi Saito.
Jeudi 22 janvier. 26 ans d’Ugo Legrand, membre de la Judo Académie première génération. Première pesée post-vacances pour Amandine, qui rase les murs en approchant de la balance. Premier entraînement pauliste pour Yarden.
Vendredi 23 janvier. À Cuba, Idalys et sa coéquipière Yanet Bermoy se voient remettre une médaille par le Conseil d’Etat et le ministère des Femmes cubaines. Tiago donne une clinic à Sao Paulo, profitant de la fermeture estivale de son institut.
Samedi 24 janvier. Alors qu’en Allemagne Miryam Roper remporte à 32 ans son premier titre national senior, Tiago voit pour sa part la fin de son gros cycle de PPG. « Place au stage de Saquarema » se réjouit le doyen de l’Académie avec l’enthousiasme d’un junior.
Dimanche 25 janvier. 22 ans de Toma et 25 morts pour le quatrième anniversaire de la révolution égyptienne – une journée qu’Islam « appréhende chaque année ». Kayla prend la pose avec Garth Wood et Trisha Yearwood, stars de la folk US. La championne olympique voit le bout d’un long cycle de conférences au centre et à l’ouest du pays [cf. EDJ54]. La voici sur le point de rejoindre New York et ses tempêtes de neige de janvier, avant de glisser son Stetson dans sa valise et d’aller se réchauffer aux 36°C du Brésil. Soit un différentiel de 78 °C avec les températures relevées en ce moment du côté de chez Antoine (-42 °C), dont le mois de janvier fut particulièrement studieux.
Lundi 26 janvier. Départ d’Amandine pour le stage de Saquarema. Elle y croisera Yarden et y apercevra Tiago. Pour le reste la vie de la World Judo Academy suit son cours, entre le genou d’Islam et les uchi-komi de Yakub, la prépa toujours dans l’incertitude de Jacques et la confiance tranquille d’Idalys et Kayla. Comme un écho à ces dernières semaines cul par dessus tête, les Pays-Bas s’apprêtent à vivre quelques jours plus tard une courte prise en otage de l’antenne en plein journal télévisé par un individu armé d’un… pistolet en plastique. À Arlon, l’insistance de Toma face à un vigile pour pouvoir accéder au tapis d’échauffement et y déposer le sac de son amie Nica Antonis blessée au coude lui vaudra un article salé dans la presse locale. Une semaine plus tard, la finale des championnats de Flandre de jeunes débouchera sur un golden score historique en -55 kg, puisqu’il fallut 17 minutes (!) à Jorre Verstraeten pour marquer un waza-ari à son rival Vladislav Lim. Les deux hommes se retrouveront à nouveau une semaine plus tard en finale du championnat national, pour un résultat identique et une prolongation de seulement… quatre minutes. Un championnat où le lauréat en -90 kg s’appelle Dilyan Nikiforov, petit frère et fierté de. Après des semaines à disserter sur les notions de liberté et d’égalité, ces quelques grammes de fraternité renvoient à la prière silencieuse, proférée du haut de ses 93 ans, par le sociologue Edgar Morin : « Tout est séparé, compartimenté, morcelé. Relions, relions, relions. »
La suite est à lire dans l’Esprit du judo n°54 actuellement en kiosques… et dans les prochains numéros.