La Marseillaise est la seule à conserver son titre
Organisée pour la seconde fois à Cannes, sous les yeux de la « reine » Lucie Decosse, cette compétition qui accueillait tous les meilleurs cadets français et deux délégations étrangères pas avares de talents (Suisse et Allemagne) devait être considérée comme une véritable répétition générale des Championnats de France qui auront lieu les 11 et 12 avril à Ceyrat. En effet, comme l’avait prouvé la cuvée 2014, il y a fort à parier que les futurs champions nationaux se trouvaient sur le podium, ce samedi, en terre azuréenne. Bilan ? Une journée moins riche en judo que l’année dernière aux dires de nombreux observateurs. En effet, alors qu’en 2014 de jeunes pousses sortaient clairement du lot (Romaric Bouda en -60kg et Gwenaëlle Patin en -52kg), l’homogénéité de la majorité des catégories sautait aux yeux. Effet générationnel ? Sans doute un peu tôt pour le dire.
Débuté à 9h, le rideau tombe vers 18h sur la compétition, au Palais des Victoires. A l’heure du bilan, une lauréate fait consensus au sein du microcosme cannois.
Le coup de cœur du jour sur la Croisette ? Blandine Pont (OM Judo), judokate format micro-machine (-48kg) mais maxi-talent.
Cher lecteurs, sans plus attendre, voici donc le palmarès de ce 3ème Tournoi de France Cadet.
Palme du meilleur combattant étranger
Les lauréats sont : Lars Kilian (-81kg, Allemagne), Luc Heitz (-90kg, Suisse) et Daniel Messelberger (+90kg, Allemagne). Soit trois médailles d’or sur neuf catégories masculines.
Un résultat qui confirme celui de 2014 (2 médailles d’or : une allemande, une suisse).
Dans le détail, outre le fait que les deux judokas allemands gagnent tous leurs combats par ippon,on aura apprécié la qualité du judo de Kilian qui s’impose sur Ait Mohamed (Cheminots Lunel) dans une très jolie liaison debout-sol fini sur un sankaku-jime.
Chez les lourds, Messelberger, avec sa ceinture verte, déroulera Neamt Darius (Judo Club Drancy) sur un sumi-gaeshi enchainé par une immobilisation. Simple mais diablement efficace.
Palme du meilleur scénario
La finale des +70 kg entre Sarah Ponty (Sporting Marnaval) et Derouazzi Soumaya (AS Limay Judo). Une finale décousue, un tantinet brouillonne, mais où les deux combattantes auront été au bout d’elles-mêmes, sans calcul. Une finale aux tripes, qui consacrera finalement Sarah Ponty (2ème à Clermont Ferrand en 2014) : waza-ari en bordure de tapis suivi en hon-gesa-gatame pour ippon.
Grand Prix du Jury
Cette 3ème Tournoi de France cadet a permis de voir éclore une nouvelle vague chez les cadets.
En effet, nombre de vainqueurs de l’édition précédente et des championnats nationaux 2014 sont depuis maintenant un mois devenus junior et ont donc laissé la place à de nouveaux prétendants, avides de titres et de podiums. Les chiffres parlent donc d’eux-même : sur les 17 catégories du jour, une seule a été remporté par un combattant (en l’occurrence une combattante) déjà titré l’année précédente.
Ainsi, ce sont donc seize nouveaux vainqueurs qui ont été primés ce samedi à Cannes. Les nouveaux jeunes premiers du judo français sont : Cassandra Laroche (-40kg, JC Saint Gengoux) qui s’impose à Charlène Quilghini (JC Ars sur Moselle) dans une finale brouillonne, que Laroche remportera de deux shidos. Shirine Boukli (-44kg, JC Aramon), 2ème l’année dernière et vainqueur du Tournoi Juniors d’Aix en décembre dernier. Noémie Brochot (-52kg, JC Faulquemont), 3ème l’année dernière et 3ème à Clermont-Ferrand en novembre dernier. Marine Giraud (-57kg, Sainghin en Mélantois), vainqueur à Clermont et qui ipponise toutes ses adversaires du jour. Leila Verepla (-63kg, Entente Rochelaunis), 3ème à Clermont-Ferrand.
N’Tcham’Po Dorine (-70kg, Judo Club des marches de Bretagne, Judo Fougères), 7ème l’année dernière et 3ème, elle aussi à Clermont.
Chez les garçons, Hugo Bos (-46kg, Nice Judo), 5ème aux France 2014, 2ème à Clermont, s’impose d’un yuko sur un joli sode-tsuri-komi-goshi en début de combat contre Ugo Machefer (Petit Couronne). Guyanais, formé, tout comme L.Decosse par Guy Pina, c’est au Nice Judo de Michel Carrière que ce cadet 3ème année a décidé de poursuivre l’aventure judo en métropole. Laudort Widdman (-50kg, Dojo Villecresnois), 3ème aux France 2014 (en -46kg) et vainqueur du Tournoi de Harnes aussi en 2014. David Pablo (-55kg, UJ Bas), vainqueur du Tournoi de Lormont et 3ème à Clermont-Ferrand en 2014. Gomes Benjamin (-60kg, RSC Champigny) l’emporte lui contre Reda Seddouki (FLAM 91), vainqueur l’année dernière ici même en -55kg, dans une finale au cordeau. Vainqueur par waza-ari, Gomes aura été l’une des bonnes surprises de la journée avec un judo très dynamique et un gros potentiel en ne-waza. Hugo Tchorowski (-66kg, Cahors Judo), 5ème à Clermont, qui s’adjuge la victoire finale dans une belle caté (50 combattants). Enfin David Khalatian (-73kg, Passion Judo 35), s’impose avec autorité. 2ème à Forge-les-Eaux en 2014, le judoka breton a collé des ippons toute la journée.
Palme d’Or
Si il n’y avait qu’un nom à retenir de ce 3ème Tournoi de France cadet, sans doute serait-ce celui de Blandine Pont. A l’heure du bilan, sa performance cannoise restera comme l’une des belles images dans l’œil des photographes et des spectateurs de ce samedi.
Revêtue de son judogi frappé de l’emblème « OM Judo », la -48kg est donc la seule vainqueur 2014 à conserver son titre. Une ligne de plus à un palmarès qui s’étoffe à chaque sortie. Jugeons-en plutôt : Championne de France 2013 en -44kg, 2014 en -48kg, vice-championne d’Europe cadette à Athènes l’année dernière, 2ème à Cormelles et à Aix chez les Juniors toujours en 2014, seulement battue par la japonaise en finale. Une vraie graine de championne en devenir avec un judo et un mental déjà affuté.
En effet, c’est à la « gnac » qu’elle emportera son combat le plus difficile de la journée, contre l’une de ses grands rivales, Anais Mosdier (ADST Judo, 3ème aux France 2014, 2ème à Clermont, 2ème à Nîmes déjà battue par B.Pont), d’un petit shido en demi-finale. Un gros combat entre deux judokates aux styles différents mais très plaisants : uchi-mata à droite, o-goshi à gauche, sankaku-jime côté Pont ; ko-uchi makkikomi et mouvements d’épaule côté Mosdier. En finale, elle rencontrera Coraline Marcus-Tabellion (ADJ21), le 3ème nom de ce trio infernal qui se dispute le leadership en -48kg. 2ème aux France 2014 (vaincue par…Blandine Pont), vainqueur de cette dernière à Clermont Ferrand en 2014 en tableau, elles se retrouvaient donc encore une fois pour la gagne. Et autant le dire clairement, il n’y a pas eu vraiment photo. En effet, à mi- combat, Pont sort un uchi-mata « inouesque » qui monte Marcus-Tabellion au plafond du Palais des Victoires. Annoncé ippon, ce superbe mouvement est ramené à waza-ari par les arbitres. Nullement déconcentrée, la marseillaise parachève son œuvre avec son spécial en ne-waza, un sankaku-jime de facture classique mais diablement efficace. Pont peut exulter. La patronne sur la Croisette, c’est elle.