Udaka Nae prend le leadership en -57 kg
En projetant Anzu Yamamoto en finale des -57 kg, Udaka Nae a pris son destin en main.
Pour le spectacle, on repassera. Deux ippons sur les sept finales du jour aux championnats du Japon 2014. Pour les surprises, par contre, il fallait être à Fukuoka. Kaori Matsumoto s’est plantée en beauté, Daiki Kamikawa a confirmé qu’il avait retrouvé une part de la magie qui en font un lourd un peu « spécial ». Les noms à retenir sont : Ami Kondo, Yuka Nishida et Nae Udaka. En attendant le verdict des sélectionneurs dimanche soir, plusieurs athlètes ont certainement déjà validé leur participation aux Mondiaux comme Kondo la super-légère ou Masyu Beiker, malgré une 2e place en moins de 90 kilos. Les autres peuvent commencer à stresser. On vous raconte cette première journée, avec les vidéos de toutes les finales.
-48kg : C’est Kondo le bonheur
1) Ami Kondo 2) Emi Yamagishi 3) Tamami Yamazaki et Misato Toda
C’était une finale 100% Mitsui-Sumitomo. Ami Kondo et Emi Yamagishi s’entraînent tous les jours ensemble au sein de la section judo de la grande entreprise nippone. Leur finale s’est jouée sur un superbe uchi-mata rotatif de Kondo en début de match. A 18 ans, la fille en or du Grand Chelem de Tokyo a frappé un très grand coup. Après ses victoires sur Menezes et Munkhbat en décembre dernier, le billet semble lui revenir. La nouvelle micro-machine ? C’est Ami Kondo. À découvrir.
-52kg : Nishida prend sa revanche
1) Yuka Nishida 2) Misato Nakamura 3) Yuki Hashimoto et Nodoka Tanimoto
Un petit crochetage donné en début de combat et une gestion tranquille. Voilà la recette qui emmènera peut-être Yuka Nishida à Chelyabinsk. C’est en tout cas comme cela qu’elle a dominé sa plus grande rivale, Misato Nakamura, en finale des championnats du Japon. Ces deux-là ont squatté le haut des hit-parades avec 3 titres mondiaux entre 2009 et 2011 plus 2 médailles d’argent. Ce samedi, Nishida prend aussi une revanche sur sa non-sélection pour les JO. Elle avait versé des torrents de larmes en direct à la TV pendant que Nakamura partait à Londres se crasher contre la Nord-Coréenne. Entre ces deux-là et Yuki Hashimoto (3e), la championne de l’année dernière, difficile de faire un pronostic.
-57kg : Udaka, la troisième voie ?
1) Nae Udaka 2) Anzu Yamamoto 3) Makiko Otomo et Christa Deguchi
Sérieuse, appliquée, régulière, Nae Udaka avait toutes les qualités pour viser haut. Mais avec Kaori Matsumoto, Anzu Yamamoto et Aiko Sato dans sa cour, il était difficile pour elle de s’exprimer à l’international. Elle est présente depuis 2005, dans l’ombre de ces trois-là. Déjà championne du Japon en 2010 devant Matsumoto, elle avait fait ses premiers championnats du monde en n°2 cette année-là, sans réussite, tandis que Matsumoto gagnait le titre. Demain soir, elle aura peut être en main sa 2e sélection et ce sera mérité. Quasiment absente en 2011 et 2012, Udaka Nae a senti la porte s’ouvrir en 2013. Matsumoto n’était pas là, Yamamoto en perte de vitesse. À 29 ans, elle s’est engouffrée, gagnant Tokyo, perdant en finale à Paris, battu par Yamamoto. Mais cette fois, à Fukuoka, c’est elle qui a administré l’un des plus beaux pions de la journée, et à Yamamoto en finale. Par contre, Kaori Matsumoto, c’est étonnant, a loupé son rendez-vous. La championne olympique 2012 glisse à trente secondes de la fin du premier tour contre l’inconnue Makiko Otomo, alors qu’elle menait : « J’ai eu une intuition mais j’ai mal contrôlé ce que j’ai tenté. Il est encore possible que je sois championne du monde » a relativisé celle qui a tout de même laissé passer un an avant de revenir aux affaires. Le titre mondial ? Oui c’est possible. Mais désormais improbable. Comment ne pas emmener Udaka après une telle performance ? Ou alors l’encadrement nippon misera-t-il sur un ticket Udaka-Matsumoto ?
-63kg : La surprise Osumi
1) Yuka Osumi 2) Natsumi Katagiri 3) Maho Nishikawa et Miku Tashiro
Il fallait être très fort pour deviner que Yuka Osumi allait traverser la compétition. Cette ancienne moins de 70 kilos anonyme (battue en Tchéquie en 2011 par la Française Karine Berger, puis deux fois par l’Allemande Vargas-Koch dans ses sorties internationales en 2012 et 2013) est descendue de catégorie l’an dernier, sans grande réussite jusqu’à présent (3e à la Coupe du Kodokan et une défaite au premier tour au Grand Prix de Corée). Mais c’était son jour ce samedi. La finaliste Natsumi Katagiri était à peine plus connue avec sa victoire à la Coupe du Kodokan. Ces deux combattantes ont 25 ans. Un parcours rendu possible par l’énorme surprise du jour, la défaillance de Kana Abe qui sort à son premier combat. Le comité de sélection osera-t-il se passer de celle qui est sa meilleure chance à l’international ? Ou prendra-t-il un risque avec une gamine qui galope sur les crêtes, Miku Tashiro, championne du monde cadette en 2009, championne du monde juniors en 2010, et un seul combat perdu par an depuis 2010.
-90kg : Yoshida surprend Beiker
1 ) Yuya Yoshida 2) Masyu Beiker 3) Shohei Shimowada et Takeshi Sugawara
Avec son physique atypique pour un moins de 90 kilos, le petit Yuya Yoshida, 24 ans, deux victoires en Grand Prix en 2010 et la World Cup de Tashkent en 2012, n’a jamais marqué les esprits. Il s’impose pourtant en finale sur l’étoile montante, Masyu Beiker, grâce à deux yuko imaginaires marqués sur makikomi. Un peu de chance pour s’offrir un premier titre national après 4 médailles. Mais quelque chose nous dit que c’est Beiker que l’on devrait voir en Russie.
-100kg : Kumashiro satellise Haga
1) Yusuke Kumashiro 2) Ryunosuke Haga 3) Takashi Ono et Mizuki Otsu
Dans la catégorie masculine la plus sinistrée au Japon, Takashi Ono ne comblera plus le vide, le numéro un japonais à la ranking n’atteint que le bronze. On retient le magnifique sode de Yusuke Kumashiro sur Ryunosuke Haga en finale. Haga ? Le magnifique « uchi-mataman » champion du monde juniors en 2010, et qui semblait parti pour aller vers les Jeux 2012 en jeune outsider, avant de se blesser gravement au genou. Il vient de revenir, à 22 ans. Kumashiro ? Un maigre CV : un succès au Grand Prix de Chine 2012 et récemment une nette défaite contre Cyrille Maret à Paris. Il reste modeste, conscient du trou face aux Européens : « Il faudra travailler dur pour combler cet écart. »
+100kg : Lumineux Kamikawa
1) Daiki Kamikawa 2) Ryu Shichinohe 3) Hisayoshi Harasawa et Takeshi Ojitani
Il a fallu attendre la finale des poids lourds pour voir un vrai retournement de situation. Ryu Shichinohe face à Daiki Kamikawa, une vraie opposition de style entre deux athlètes en renaissance, les deux hommes attendus. En vingt secondes, Shichinohe pensait plier son affaire avec un o soto-gari malin compté yuko et une immobilisation en suivant. Délesté de 14 kilos, Kung-Fu Panda est parvenu à sortir. Shichinohe a alors continuellement cherché à imposer sa garde et sa distance. Kamikawa n’a vraiment combattu que 40 secondes dans le combat. Suffisant pour trouver la lumière sur un incroyable o soto-gaeshi, d’un genre différent que celui qu’il a administré au n°1 mondial, le Brésilien Silva à Düsseldorf. Il ne restait que deux secondes. La sélection se jouera peut-être à la fin du mois au Zen Nihon.