La Franco-Marocaine entre dans le « top ten » mondial
Asma Niang contrôle l’Anglaise Sally Conway au sol e n finale des -70 kg / photo officielle FIJ
Pas de médaille pour les trois Français en action aujourd’hui. On attendait avec intérêt le parcours du combattant de l’AC Boulogne-Billancourt, Jonathan Allardon en -73 kg, un jeune fougueux dont on sent que les accélérations sont à deux doigts d’en faire un challenger sérieux dans la catégorie. Mais comme à Paris, Allardon a soufflé le chaud et le tiède, incapable de convertir en brasier mémorable de très bons départs de feu. Cette fois encore, le Français part fort avec trois victoires épatantes, avec ses harai-goshi en cercle et ses o-uchi-gari de grande classe, notamment face à l’Allemand Wandkte, 35e mondial, devant son public. Mais le champion d’Europe en titre, le Slovène Rok Draksic, 3e mondial, se chargeait de l’arrêter net dans son style enfiévré. En repêchages, le jeune Français commençait par prendre l’avantage d’un yuko sur le Russe Musa Mogushkov. Titulaire en 2012 dans l’équipe russe en -66 kg et 38e mondial seulement en -73 kg, celui que l’entraîneur Gamba considérait comme le meilleur de son équipe en 2012, est toujours terriblement dangereux, à la fois incroyablement relâché, comme la plupart des combattants russes, et toujours capable d’une attaque décisive. Il parvenait à projeter Allardon pour ippon et allait se hisser ainsi jusqu’au podium. Troisième, pour avoir peut-être sous-estimé l’un des hommes du jour, le très stable et physique israélien Muki, qui bat aussi Draksic par ippon. Jonathan Allardon, 7e en Allemagne, 5e à Paris… C’est bien et c’est aussi 148 points précieux qui vont s’ajouter aux 130 que possède déjà le Français, 83e mondial (pour l’analyse du classement actuel de la ranking list, c’est ici) et qui devrait le faire entrer dans les cinquante premiers mondiaux. Mais on attend encore mieux de celui qui s’annonce comme l’un des beaux espoirs du judo français.
Et un, et deux, et trois défaites pour Trstenjak
Deux Françaises étaient en piste aujourd’hui, Anne-Laure Bellard (JC Pontault-Combault) en -63 kg, finaliste à Paris avec son judo tactique et sa rage de vaincre de tous les instants, et Lucie Perrot (JCE Argenteuil) en -70 kg, inattendue 5e à Paris. Lucie Perrot subissait d’entrée l’impact physique de la Russe Gazieva et tombait pour ippon sur un corps conclu en kos-soto-gake arraché. Anne-Laure Bellard pouvait-elle encore faire parler la poudre en -63 kg ? Après un premier hansokumake en une minute trente contre une malheureuse Argentine, la combattante de Pontault-Combault retrouvait une nouvelle fois sur sa route la Slovène Trstenjak, 6e mondial, mais sans doute bien mécontente de retrouver une nouvelle fois la Française après Tokyo et Paris – deux défaites. Cette fois l’arbitrage semblait en défaveur de Bellard, mené jusqu’à quelques secondes de la fin aux pénalités, mais sous la pression, la Slovène se désunissait progressivement et se faisait rattraper à quelques secondes du terme, puis pénaliser une nouvelle fois au golden score. Troisième défaite d’affilée ! Mais la machine Bellard allait s’enrayer au tour suivant contre la très solide Allemande Trajdos, 5e mondiale, qui résistait tant bien que mal à l’envahissement des longs bras de la Française et trouvait la clé du combat sur un ko-uchi-gari malin. Dommage car l’Allemande allait ensuite plier devant la championne du monde israélienne Gerbi, que la Française avait facilement poussé dehors à Paris. Reléguée en repêchages, Anne-Laure Bellard devait faire face à l’Autrichienne Unterwurzacher, celle-là même qui était parvenu à vaincre Clarisse Agbegnenou pour son retour au Grand Prix des Emirats Arabes Unis. À deux secondes de la fin, Anne-Laure Bellard devait s’incliner pour le compte.
Le jour d’Asma
Fini pour les Français ? Oui et non. Car si désormais Asma Niang tire pour le Maroc, en 2011 encore elle faisait le championnat de France et y obtenait même son premier podium. Sans carrière junior de bon niveau national, c’est déjà une réussite singulière. Mais la Franco-Marocaine ne s’en satisfait pas et choisit le Maroc, dont elle devient championne nationale, puis championne d’Afrique. La porte des tournois internationaux s’ouvre. Elle fait la finale du Grand Prix de Turquie l’année dernière, perd celle de l’Open de Casablanca cette année face à Gévrise Emane. Mais cette fois, à Dusseldorf, Asma Niang va jusqu’au bout, dans l’un des « Grand Prix » les plus prestigieux et difficiles du circuit. Tout en puissance, agressive au kumi-kata, elle bat en quart la Coréenne Kim, 6e mondiale et 3e des derniers championnats du monde, puis la Néerlandaise Bolder, 5e mondiale, avant de disposer en finale de l’Anglaise Conway, 9e mondiale, fixée au sol pour le compte, pourtant son domaine de prédilection. Déjà 11e mondiale avant le tournoi, la Marocaine Asma Niang a frappé fort en ce début de saison où les hiérarchies sont encore à faire. Elle vient non seulement de gagner un grand tournoi international, mais de s’afficher aussi en outisder pour une médaille au championnat du monde.
Akimoto, le retour show, show, show
Le Japon n’a pas tout gagné aujourd’hui, après les trois titres d’hier, mais il a encore une fois impressionné avec un show fabuleux du champion du japon, des Jeux d’Asie et du championnat du monde 2010, Hiroyuki Akimoto. On avait presque oublié ce formidable talent, amoindri depuis par les blesures. Mais à 28 ans, il revient plus fort que jamais. Son festival de seoi-nage, techniques de jambe variées et autres renversements au sol restera mémorable. Cinq yuko, un waza-ari et six ippons en six combats… L’Israélien Muki, intraitable avec les autres, fit une finale tellement défensive qu’il prit trois pénalités… avant d’être satellisé sur le merveilleur ippon-seoi-nage du Japonais… à huit secondes de la fin du combat.C’est incroyable à dire, mais avec Shohei Ono, le Japon a désormais le choix des génies dans cette catégorie des -73 kg. Et quand on pense que Riki Nakaya a aussi été champion du monde (2011)… Un summum dans l’embarras du choix.
En -81 kg, les ko-uchi-gari redoutables du petit Allemand Sven Maresch paraissait l’amener directement jusqu’à l’or, mais l’Américain Stevens, à la fois puissant et précis dans ses attaques d’épaule, inventif dans ses renversements au sol, le surprenait en finale. Lui aussi est apparu comme un des évidents leaders de la catégorie, prêt pour disputer une titre mondial.
Les Russes montent en puissance chez les filles
Surprise du jour, en -63 kg c’est finalement la Russe Marta Labazina, 33e mondiale, qui l’emporte en battant au passage la Japonaise Abe Kana, 3e mondiale, la Néerlandaise Van Emden, 4e mondiale, et l’Israélienne Gerbi, 1e mondiale, d’un « coup de volant » puissant. Physiquement plus puissante et plus stable, dangereuse dans ses attaques debout et toujours aussi forte au sol, Marta Labazina démontre que les féminines russes ont considérablement progressé. Rendez-vous à Chelyabinsk ?