Deux coups de chance et un exploit pour une grande médaille
Derrière deux Japonais, à côté du champion olympique Galstyan, un podium qui va compter pour Vincent Limare / photo officielle IJF
Ça n’a pas souri pour les Françaises engagées en -52 kg et -57 kg. Pénélope Bonna (FLAM91) commençait pourtant très bien avec un beau o-uchi-gari sur son adversaire coréenne au premier tour, et semblait tenir une belle perf’ au second en traversant plusieurs fois par des attaques efficaces le petit buldozer israélien Gili Cohen, qui l’avait éliminée à Paris et qui est classée 11e mondiale. Mais alors qu’il ne lui restait que quelques poignées de secondes à gérer, elle sortait du tapis, avant de mettre un genou au sol sur une traction adverse. Deux pénalités en dix secondes d’un combat à sa main pour finir par un hansokumake fatal… de quoi se manger un peu les ongles au retour. Une très belle occasion gâchée de prendre des points, d’autant plus que la championne de France paraissait bien dans son judo ce vendredi.
En -57 kg, mauvaise surprise pour Laetitia Blot (JC Pontault-Combault), qui tombait d’emblée sur un os avec la solide petite Anglaise Nekoda Davis, championne d’Europe juniors en titre. Rablée et puissante, une garde ferme toute en traction, elle ne convenait manifestement guère à la championne de France qui aime être un peu plus libre pour ses seoi-nage et ses ko-uchi-gari. Cette série de compétitions rapprochées a peut-être aussi amenée doucement dans la zone tempérée cette combattante tonique, mais trentenaire, et qui travaille à plein temps à la SNCF. Moins vive qu’à Paris, sans solution technico-tactique, elle prenait finalement pour le compte un énorme uchi-mata. Quant à Hélène Receveaux (Alliance Dijon Judo 21), elle passait bien la Néerlandaise Verhagen sur son o-uchi-gari, mais la Mongole Dorjsuren, victorieuse du Master 2013 et n°4 mondiale, est encore trop « copieuse » pour elle. Dominée à la garde, elle se faisait prendre au sol sans pouvoir faire face à la pression.
Limare prend sa chance
La comparaison a finalement tourné en défaveur de Sofiane Milous (JCE Argenteuil) en -60 kg. L’ancien champion d’Europe avait l’occasion de montrer qu’il a encore pour lui l’expérience du haut niveau et du timing. Pour cela, il fallait « performer » ici et faire la différence décisive avec son challenger Vincent Limare (JC Maisons-Alfort), ce qu’aucun des deux n’avait su faire à Paris. Mais c’est Vincent Limare qui finalement réussi à le faire. Milous passait avec un peu de chanche le jeune Ouzbek Inoyatov qui se voyait marquer ippon sur un contre de son propre ura-nage difficile à percevoir – et donner après deux changements à l’arbitrage – et il se montrait à l’aise contre le petit Allemand Englmaier, totalement incapable de gérer ses sumi-gaeshi. Mais le Kazakh Smetov, 21 ans et 8e mondial, médaillé au championnat d’Asie 2013, allait le forcer à rester à deux mains sur le judogi. Mal à l’aise et soumis aux attaques très vives du Kazakh il allait s’incliner sur un seoi-nage magnifique. Repêché il était opposé au champion olympique Galstyan, à la fois étincellant et fragile. Si le Russe avait globalement le dessus, le combat était totalement gâché par un arbitrage une nouvelle fois délirant, qui accumulait les pénalités et sortait le Français en moins de deux minutes… Désabusés et déçus l’un et l’autre, les deux combattants se sont regardés, bien mécontents d’être privé de leur combat.
Pour Vincent Limare toute sa journée fut ensoleillée par la chance (qui sourit aux audacieux). Un premier tour facile, le Brésilien Santos sorti hansokumake pour – probablement car rien n’est clair dans l’arbitrage actuel – le réflexe défensif de passer son bras entre les jambes de son adversaire pour ne pas être entraîné en makikomi. Puis un forfait au tour suivant ! Il était en quart de finale, et c’est alors le petit Japonais Yuma Oshima, spécialiste des seoi-nage et ko-uchi-gari, qui le sortait du tableau d’un waza-ari, non sans que le Français, encore un peu trop timide, ne le pousse dans retranchements. Mais le moment de faire la différence venait juste après. Pour la place de trois, c’est le Kazakh Smetov qui était au rendez-vous. Un rendez-vous brillament honoré par Limare, du même âge que lui, qui rendait coup pour coup dans un affrontement de haut niveau physique et technique. Mené aux pénalités, Limare manquait de peu un ko-uchi-gake, mais réussissait pour waza-ari une remarquable projection en o-soto-gari – harai-goshi. Le jeune champion de France est troisième en Allemagne et va prendre les points et la confiance qui vont avec.
Déjà trois titres pour le Japon
Victoire de Toru Shishime en -60 kg, qui surprend par deux fois et joliment le Russe Galstyan, victoire classieuse de Masashi Ebinuma qui domine totalement son sujet en -66 kg, victoire encore de Kaori Matsumoto la championne olympique des -57 kg qui fait un retour ultra convaincant avec ses attaques de jambes rageuses, son rythme et son travail au sol. Le Japon n’a pas fait dans la dentelle aujourd’hui ! Si Ami Kondo, 18 ans, arrive bien sur le podium des -48 kg, elle laisse s’expliquer pour la finale la championne du monde mongole Urantsetseg Munkhbat et la Chinoise Wu Shugen, de retour d’une longue absence, et qui l’emporte. Les Chinoises de retour ? Enfin si Yuki Hashimoto se montre très efficace jusqu’en finale, c’est elle qui prend le shido gratuit de début de combat pour non combativité, qui finira par régler l’affrontement en la faveur de la Russe Kuziutina, en pleine forme toute la journée. L’or pour elle, le bronze pour Zabludina en -57 kg – toujours terrible sur ses juji-gatame – Galstyan en roule libre, mais en bronze, comme Alim Gadanov en -66 kg, les Russes ont finalement passé une belle première journée.