L’avantage pour les supporters français de vivre une olympiade à domicile ? Pouvoir communier avec les médaillés du monde entier, et vivre avec eux les temps forts des Jeux de Paris 2024. Et quoi de mieux que de le faire avec la tour Eiffel en toile de fond. C’est la promesse du Parc des Champions, installé, comme un temple de la performance, dans les jardins du Trocadéro jusqu’au 10 août.

Mélaine Cochonneau / L’Esprit du Judo

Toujours dans un Paris en pleine canicule, mais cette fois-ci sous un ciel voilé de nuages, le site emblématique transformé en un vibrant centre de célébration ne désemplit pas. Capable d’accueillir jusqu’à quatorze mille personnes simultanément, il est ouvert gratuitement au public depuis lundi, et semble être un réel succès. C’est en tout cas ce qu’affirme Patrick, bénévole de quarante-deux ans qui va y passer la quinzaine. « C’est un endroit unique, une première pour des Jeux olympiques d’été, et ça plaît. Les gens peuvent s’y rassembler dans une ambiance de folie, dans un décor magnifique, et se sentir au cœur de l’action, proches des athlètes, et de tous les athlètes, pas seulement les Français. Ils sont heureux, ça se voit, et les médaillés aussi. C’est un moment très particulier pour eux. »

Mélaine Cochonneau / L’Esprit du Judo

Le Trocadéro se remplit peu à peu. Chacun a le choix : les tribunes pour plus de confort, ou le parterre pour être au plus près de la fête et espérer un selfie ou un autographe. Petits et grands attendent avec excitation de croiser le regard de leurs sportifs préférés la médaille au cou, tout en scandant leur nom. Mais avant cela a lieu un show d’ouverture. La célébration n’est pas seulement sportive. Elle est aussi culturelle. Chaque jour, les supporters ont le droit à un spectacle différent. Aujourd’hui, le chorégraphe Angelin Preljocaj, lui-même judoka, a amené quarante danseurs de son ballet tous vêtus de noir sur scène pour interpréter Défilé, un show aux inspirations classiques et électro. Superbe introduction pour les athlètes médaillés, qui arrivent un par un sur scène quelques dizaines de minutes plus tard, devant une foule bien chauffée. Parmi la horde de drapeaux français qui flottent au vent, un drapeau suisse, italien ou encore indien. Si les sportifs sont tous applaudis et félicités quelle que soit leur nationalité, la préférence du public semble claire lorsqu’un Français foule la scène. Tout le monde crie, tout le monde chante. Charles, dix ans, qui s’était approché au bord de l’estrade, a du mal à se remettre de son moment une fois la célébration terminée. « J’ai eu un autographe de Victor Koretzky ! », crie-t-il à son père, des étoiles dans les yeux. Le médaillé d’argent en VTT, à qui le public a chanté Que je t’aime de Johnny Hallyday, en avait lui aussi des étoiles dans les yeux.

Mélaine Cochonneau / L’Esprit du Judo

Pas de chance en ce qui concerne le judo. Pas de Sarah-Léonie Cysique, Joan-Benjamin Gaba ou Clarisse Agbegnenou en vue. Mais ils ont une bonne excuse : tous se préservent pour l’épreuve par équipes qui aura lieu samedi. Une petite déception vite effacée pour la cinquantenaire Lucie, venue pour l’occasion. « Heureusement que l’ambiance est géniale, sinon je leur en aurais voulu ! Je les pardonne, mais ils ont intérêt à nous ramener une belle médaille d’or », avertit l’infirmière avec le sourire. Elle n’est tout de même pas venue pour rien, puisque c’est Hidayat Heydarov, médaillé d’or chez les -73kg, et Andreja Leski, championne dans la catégorie des -63kg, qui viennent finalement fêter leur titre au Trocadéro. S’ils ont tous les deux battu un Français dans la compétition, Joan-Benjamin Gaba et Clarisse Agbegnenou, pas de rancune du côté du public du Parc des champions, qui les accueille comme des rois. Une certaine émotion semble transparaitre dans les yeux de l’Azerbaïdjanais imperturbable, comme s’il réalisait vraiment sa victoire face aux supporters en feu.

 

Mélaine Cochonneau / L’Esprit du Judo

Un ciel orageux vient mettre fin à la fête, des milliers de supporters évacuant au son de Free from Desire diffusé dans les enceintes. De quoi rester sur une note joyeuse, jusqu’aux prochaines célébrations dès le lendemain. Avis aux amateurs de judo, il faudra attendre lundi 5 août pour communier avec vos judokas français médaillés.