Avec trois combattantes conviées à disputer le premier bloc final de ce Grand Chelem Tel-Aviv cet après-midi, l’équipe de France féminine assurait d’ores et déjà le maintien de son rythme de croisière des derniers mois dans les trois catégories légères (elles étaient trois au Grand Chelem de Budapest et aux championnats d’Europe, quatre au Masters).
Première en action, Mélanie Clément (-48kg), éjectée de la route vers la finale par sa jeune compatriote Shirine Boukli, retrouvait l’autre étoile montante de la catégorie, Andrea Stojadinov, triple médaillée européenne en quinze jours (l’or en juniors, le bronze en -23 ans et l’argent, derrière Boukli, en seniors) il y a trois mois. Victime de ses mouvements d’épaule à Prague aux Europe, elle se montrait offensive durant la première partie du combat, parvenant à monter son bras gauche pour imposer son kumikata. La jambe gauche plantée entre les deux appuis de la Serbe, elle s’envolait pourtant sur son contre en bordure, crédité d’un waza-ari. Il restait alors à Clément une grosse minute pour refaire son retard, qui se précipitait vers l’avant : une aubaine pour Stojadinov qui pivotait pour un morote-seoi-nage à genoux qui faisait mouche. Comme à Prague et Doha, la Française voyait donc le podium s’échapper sur le dernier combat.
Boukli, de plus en plus fort
Une fâcheuse habitude exacerbée par la prouesse qui allait suivre en finale, où Shirine Boukli se présentait face à la double championne du monde ukrainienne Daria Bilodid. Un an plus tôt, leur duel de plus de huit minutes sur les tatamis de l’AccorHotels Arena de Bercy avait donné de premiers signes encourageants quant à la capacité de la jeune tricolore à rivaliser avec les toutes meilleures de la catégorie. Cette fois, avec son titre de championne d’Europe (et au passage une victoire contre la n°1 mondiale Distria Krasniqi), Boukli a fait beaucoup mieux.
Première dans la prise d’initiative, elle se trouvait toujours un temps en avance une fois ses deux mains posées pour entrer dans la distance et empêcher les longs segments de Bilodid de s’exprimer, comme elle l’impose d’ordinaire au reste du plateau. Et si l’arbitre lui infligeait une deuxième pénalité pour non-combativité après une bonne minute de golden score, l’athlète du FLAM 91 repartait au front, multipliant les tentatives sur uchi-mata, la main droite de plus en plus haut et loin dans le dos de l’Ukrainienne. Au bord de la rupture en bordure, Bilodid commençait alors à avancer sa hanche gauche lorsque Boukli décidait d’enclencher fort son harai-goshi. Ippon sans aucune contestation possible et un message clair envoyé à tout le monde : la perspective d’un podium olympique est vraiment crédible pour l’Essonnienne de tout juste vingt-deux ans, qui comptait déjà à son tableau de chasse la sélectionnée olympique japonaise Funa Tonaki depuis sa victoire en finale du Grand Chelem de Düsseldorf il y a un an. Là où tout a vraiment commencé en seniors pour Boukli, pour une trajectoire quasiment sans accroc depuis.
Cysique coince encore en finale
Sur la lancée d’éliminatoires rondement menés, c’est une Sarah-Léonie Cysique (-57kg) grande favorite qui s’avançait sur sa deuxième finale de l’année, après celle perdue après une énorme baston de près de dix minutes contre la Japonaise Yoshida au Masters. Un statut qui volait malheureusement en éclats devant l’agressivité de la locale Timna Nelson-Levy. Sa main droite immédiatement plaquée en bas du dos adverse, elle ajoutait, tout en marchant sur la Française, rapidement sa main gauche à la ceinture pour l’empêcher de tourner le dos et, au contraire, la plaquer sur les deux épaules.
Si cette nouvelle médaille d’argent entretient la bonne dynamique de Cysique depuis la reprise avec un troisième podium consécutif, elle laisse également planer un léger doute sur le réalisme de la tricolore dans les combats décisifs. Depuis qu’elle est combat en seniors, elle n’est en effet pas encore parvenue à se parer d’or sur le circuit de la FIJ, cette finale perdue s’ajoutant à celles des Grands Chelems d’Abou Dhabi 2019 et de Düsseldorf 2020 ainsi que du Masters de Doha 2021. Rien de gravissime mais une donnée importante tout de même à régler d’ici cet été pour briguer le plus beau métal à Tokyo.
Au bilan des nations, la première victoire en Grand Chelem de Nelson-Levy (dont le précédent succès remontait au Grand Prix … de Tel-Aviv en 2019) permet au pays hôte, qui avait auparavant vu Gili Cohen coincer au sol en finale des -52kg contre l’Anglaise Chelsie Giles, de faire pour le moment jeu égal avec la France. Derrière, on retrouve l’Espagne d’Alberto Gaitero Martin, qui se payait aux pénalités le Biélorusse Minkou pour le titre en -66kg, et l’Azerbaïdjan de Davud Mammadsoy (-60kg), sans référence notable depuis une troisième place au Grand Chelem de Tyumen 2016 mais dont le o-uchi-gari ne laissait aucune chance au Géorgien Temur Nozadze, qui menait pourtant dans cette finale.
Retrouvez les résultats complets ci-dessous :
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