Elle aura été la seule à céder devant l’adversité étrangère. En quart de tableau, après deux combats facilement expédiés, Astride Gneto (-52kg) semblait mener les débats avec son allonge et sa puissance contre l’Israélienne Gili Cohen, 14e mondiale et un peu en perte de vitesse depuis deux ans. Mais le combat s’engageant au golden score, la petite sœur Gneto subissait alors l’impact mental de la petite guerrière devant son public virtuel. Une « fausse attaque » de trop lui valait une troisième pénalité.

C’était très impressionnant en revanche du côté des autres représentantes françaises ! Mélanie Clément se hissait d’autorité en demi-finale en contrant nettement la Serbe Milica Nikolic, 17e mondial, sur sa tentative de yoko-guruma. Elle y retrouvait sa dangereuse cadette Shirine Boukli, encore plus autoritaire avec son étranglement « bras-tête » chipé à Clarisse Agbegnenou et son puissant uchi-mata. C’est d’ailleurs sur ce mouvement qu’elle dominait en quarts la « top 10 » espagnole, Julia Figueroa.

Clash français en demie !

Il fallait qu’elle s’oppose à un moment où à un autre, et c’est dans une demi-finale excitante que Mélanie Clément voyait se présenter devant elle sa remuante outsider Shirine Boukli. Son fort bras gauche semblait être une clé du combat, obligeant la plus jeune à une posture cassée. Mais à mi-combat, en bordure, Shirine Boukli repassait avec énergie la hanche devant pour un gros tsuri-goshi qui valait un vrai waza-ari, décisif jusqu’au bout. Une victoire bien gérée et très importante dans la dynamique de sélection olympique pour la championne d’Europe 2020, prête à entrer dans le top 10 de la catégorie, où Mélanie Clément est encore 6e.

Sarah-Léonie Cysique irrésistible

En -57kg, rien ne paraît pouvoir arrêter la jeune Française, désormais 22 ans et 5e mondiale, encore auréolée de sa médaille d’argent du Masters de Doha. Elle passe à travers deux filles de sa génération, la Serbe Marisa Perisic, championne d’Europe juniors 2020, et la Portugaise Wilsa Gomes, deux combattantes médaillées aux championnats d’Europe -23 ans, pour se retrouver leader de son quart de tableau. Le combat décisif est la demi-finale contre l’Allemande Stoll, 13e mondiale et déjà trois fois médaillée européenne seniors, dont la dernière fois en bronze en 2020. Elle était ventilée rapidement sur un o-uchi-gari / uchi-mata, à la Décosse qui officie sur sa chaise, tout en longueur et en tonicité. Très intimidante Sarah-Léonie !

Les finales

Pour Shirine Boukli en -48kg, ce sera une grosse revanche à prendre contre l’immense Ukrainienne Daria Bilodid, qui l’avait battue en demi-finale du tournoi de Paris 2020, un combat dans lequel elle s’était cependant révélée comme une future grande. Après avoir dominé la dangereuse Kosovare Krasniqi aux championnats d’Europe, une victoire serait énorme.
Quant à Sarah-Léonie Cysique en -57kg, on voit mal comment l’Israélienne Timna Nelson-Levy, même chez elle, pourra l’empêcher de prendre sa première grande médaille d’or en seniors. Ce serait aussi une date référence.

Étonnante victoire de la très longiligne et solide Anglaise Chelsie Giles en demi-finale sur la Kosovare Kelmendi – qui a du mal à retrouver son meilleur niveau – sur un uchi-mata sec et net. C’est elle qui sera opposée à l’Israélienne Gili Cohen, deuxième fille du pays en finale en -52kg.
Chez les garçons, deux obscurs profiteront de l’aubaine en -60kg, le Géorgien Temur Nozadze (33e) et l’Azerbaidjanais Davud Mammadsoy (50e). Même logique, ou presque, en -66kg entre le Biélorusse Minkou (54e) et l’Espagnol Martin Gaitero, 12e mondial tout de même. Le judo mondial cherche un peu son chat à Tel-Aviv, mais c’est l’époque qui veut ça.