La championne olympique Majlinda Kelmendi fixée en septembre ?
Le 22 juin 2016, le site Internet de L’Esprit du judo mettait en lumière ce qu’il faudra bien appeler l’Affaire Saint-Cyprien. Pour rappel : un contrôle antidopage inopiné, diligenté le 16 juin par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) en marge du stage international de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), s’était terminé dans la confusion. Le lendemain, un communiqué de la Fédération internationale de judo (FIJ) confirmait l’existence d’une divergence de vues majeure entre l’instance sportive et l’organisme national. Au delà de l’athlète impliquée – la Kosovare Majlinda Kelmendi (l’Allemande Martyna Trajdos, initialement citée pour le même refus, ne s’étant « au final pas officiellement fait notifier de procès-verbal », selon des informations concordantes recueillies depuis) -, le véritable litige de fond portait en effet sur deux réponses différentes à une même question de droit : une agence nationale antidopage est-elle ou non compétente sur son sol pour contrôler hors compétition des athlètes étrangers ? Pour l’AFLD, la réponse est oui. Pour la FIJ, la réponse « dans ces conditions » était non.
Aujourd’hui 8 août, au lendemain du titre olympique de la porte-drapeau du Kosovo, de nouveaux éléments apparaissent. Selon l’Agence France Presse et plusieurs sources proches du dossier contactées par nos soins, il s’avère que la -52kg est sous le coup d’une suspension provisoire suite à son refus de se soumettre au contrôle urinaire du 16 juin. Précisions d’importance : n’ayant pas, malgré un recours gracieux, été étendue à l’international par la FIJ, cette suspension ne court pour l’heure que sur le territoire français – champ de compétence territoriale de l’AFLD – et pour une durée de deux mois « à compter de la mi-juillet, date de l’engagement d’une procédure à l’encontre de la judokate, et en attendant que le Collège de l’AFLD se réunisse sur le fond début septembre ».
L’enjeu ? Avant même de se pencher sur la question de la sanction prononcée et de la portée territoriale de son application – la soustraction à un contrôle antidopage est passible de deux à quatre ans de suspension au sens de l’article 10.3.1 du Code mondial antidopage -, les débats devront tirer au clair une chaîne complexe de responsabilités. Compte tenu des éléments rapportés dans notre premier article, qui de l’athlète, son entraîneur ou la FIJ est juridiquement responsable de ce refus ? Et, surtout, comment accorder les violons entre les différentes instances en présence quant à l’interprétation des textes invoqués, afin d’éviter qu’à l’avenir un tel imbroglio ne se reproduise et ne génère un pesant, durable et insidieux climat de suspicion ? Le week-end suivant la parution de l’article du 22 juin, la double championne du monde kosovare se fit contrôler à deux reprises lors du seul Grand Prix de Budapest (qu’elle a remporté)… Conclusion provisoire ? « La position qu’adoptera sur ce dossier l’Agence mondiale antidopage (AMA) sera essentielle pour la suite de la procédure. » Une AMA dont les valses-hésitations sur l’épineuse question du Meldonium ont par ailleurs fait couler beaucoup d’encre, mais une AMA dont le positionnement clair devient crucial pour toute personne soucieuse de balayer pour de bon le lourd poison de la rumeur.
Propos recueillis par Anthony Diao