Di Cintio, Emane, Malonga et Tcheuméo confirment les pronostics.
Elles étaient attendues. Elles n’ont pas déçu. Qui ? Les favorites du jour. Lors d’un dimanche où quatre catégories féminines étaient en lice, les filles venues chercher un titre pour asseoir leur place et statut en équipe de France ont fait le job. Et de manière très convaincante pour certaines. Un exemple ? Maëlle Di Cintio (ADJ 21). La Bourguignonne s’impose sans coup férir, dans une catégorie qu’elle domina de la tête et des épaules. Même Linsay Tsang Sam Moi (Levallois SC), pourtant très solide hier, ne pourra que constater les dégâts en finale. Autre judokate très attendue, Gévrise Emane (Levallois SC, bis), remporte son 4ème titre national lors de l’ultime seconde du combat qui l’opposait à la très précoce Marie-Eve Gahié (FLAM 91), junior 2 en janvier et déjà ! vice-championne de France seniors. Dans une catégorie où toutes les meilleures françaises étaient présentes, la double championne du monde prouve qu’elle a encore faim. En -78kg, Madeleine Malonga (Levallois SC, ter) confirme tout le bien qu’on pouvait penser de cette judokate racée et au potentiel remarquable. En finale, elle étouffera Gérardine Mentouopou (RSC Champigny), sa prédécesseure sacrée à Marseille. Enfin, les +78kg promettaient beaucoup, entre la participation d’Audrey Tcheuméo (Villemomble Sports) « pour le fun », de Lucie Louette (Flam 91) et de Marine Erb (Villemomble également), médaillée mondiale juniors et grand espoir de la caté grâce à ses qualités de battante et un sens technique affirmé.
Di Cintio en patronne
Mécontente de sa performance à Abu Dhabi, la Dijonnaise a mis les choses au point. Car si pour l’instant, Clarisse Agbegnenou et Anne-Laure Bellard sont incontestablement les n°1 et n°2 françaises, Di Cintio a clairement affirmé ce week-end sa volonté de kidnapper à son profit la place de n°3. Bien en jambes, autoritaire et sûre de son judo, la protégée d’Anthony Rodriguez a délivré les uchi-mata à gauche de manière chirurgicale comme face à Caroline Peschaud (AJA Paris XX) et Marion Delattre (La Motte Servolex). Dans l’autre demi-tableau, Linsay Tsang Sam Moi, visage encore poupon mais caractère et bras droit d’acier, va chercher sa 1ère finale seniors sans trembler. En demi-finale, elle ipponise Marielle Pruvost (Flam 91) d’un impeccable yoko-guruma. Di Cintio/Tsang Sam Moi. Une finale excitante sur le papier mais qui tournera court. Un moment d’inattention dans les trentre premières secondes de la vice-championne du monde juniors par équipes 2013 et Di Cintio ne laisse pas passer l’occasion. Une projection suivie au sol et un hon-gesa-gatame de fer permettent à la Bourguignonne de doubler la mise, après Liévin en 2011. Si la Levalloisienne s’en veut en sortant du tapis, le plus important pour elle n’est peut-être pas là. Car Tsang Sam Moi a frappé un coup hier et se positionne comme une future candidate à une sélection internationale. Une expérience que Di Cintio compte, elle, affermir avec les prochaines compétitions mondiales à venir.
Emane a toujours les crocs
Après sa non-sélection pour Chelyabinsk au profit de Fanny-Estelle Posvite (AJ Limoges), Gévrise Emane faisait partie de ses combattantes que l’on a suivi avec beaucoup d’attention hier au Grand Dôme. Ennuyée par des pépins physiques la saison dernière, concurrencée sérieusement par des jeunes pousses aux dents longues, la double championne du monde voyait sans doute ces championnats comme un moyen de réaffirmation de son envie et de sa capacité à être la leader française des -70kg. D’autant plus que tout le gratin tricolore était présent : outre Posvite donc, l’excellente technicienne Margaux Pinot (Levallois SC), très convaincante lors des championnats du monde par équipes en Russie, Lucie Perrot (JCE Argenteuil), Valériane Fichot (RSC Champigny) et Marie-Eve Gahié (Flam 91), 3ème aux championnats du monde juniors il y a trois semaines. Six filles pour un titre et pour prendre, provisoirement ?, la mène dans cette catégorie. A ce petit jeu, c’est donc « l’ancienne » qui tire les marrons du feu, lors d’une journée qui nous a offert des confrontations d’une grosse intensité (Perrot/Perrotte, Perrot/Fichot, Pinot/Habricot), des moments de peur aussi, avec la blessure au coude (luxation) de Margaux Pinot face à Emane dans une demi-finale 100% Levallois et enfin, des moments de folie, avec la victoire à la dernière seconde de la médaillée olympique face à Marie-Eve Gahié sur un ko-soto gake qui plaquera la sociétaire du FLAM 91, après un mano-a-mano au corps-à-corps. Et Fanny-Estelle Posvite ? Tiraillée au niveau de la cuisse avant la compétition, la douleur se réveillera lors du 1er combat. Aucun risque n’est pris par la Limougeaude et son staff. Elle ne se présentera pas pour son 2ème combat contre Maya Thoyer.
A l’heure du bilan, cette catégorie des -70kg restera comme l’une des plus attractives de ces championnats de France : de l’enjeu, des combattantes aux crocs acérés et un niveau technique qui régalait les amateurs. A cet égard, outre les six filles mentionnées plus haut, on retiendra les prestations de Karine Berger (JC Maisons-Alfort), Maya Thoyer (JC Pontault) et Lucile Perrotte (ADJ 21), chacune dans un style différent mais qui ont apporté leur contribution à faire de cette caté un moment particulièrement agréable à suivre.
Malonga…première !
Attendue comme l’une des nouvelles perles de cette catégorie des -78kg avec son titre européen juniors acquis l’année dernière, sa 2ème place à Paris en février et sa victoire à Bakou en mai, Madeleine Malonga (Levallois SC) justifie ces attentes avec ce premier titre national en Senior. Une victoire logique ? Sur le papier, on pourrait croire que oui. En voyant sa finale ? A l’évidence. Car elle domine G. Mentouopou de la tête et des épaules. Utilisant sa taille comme un atout, elle possède un judo intelligemment construit sur des attaques de jambe. Uchi-mata et sasae au menu de ce combat final dans lequel la judokate de Champigny n’aura jamais vraiment réussi à destabiliser la Levalloisienne. Pourtant, c’est au mental qu’elle gagne le combat le plus dur de sa journée en demie. Face à la belle technicienne Christelle Garry (JC Maisons-Alfort), Malonga ira chercher la victoire au coeur, faisant craquer physiquement par quatre pénalités son adversaire qui menait pourtant d’un waza-ari sur son fameux uchi-mata à gauche. La même Christelle Garry qui retrouvera son souffle pour aller chercher le bronze qu’elle partagera avec Samah Hawa Camara, elle aussi grand espoir de cette catégorie des -78kg qui déborde de talents et de filles de niveau mondial ou pouvant s’en approcher très rapidement. Une aubaine pour le judo français et les entraineurs nationaux.
Tcheuméo s’est fait plaisir
En l’absence de la médaillée mondiale Emilie Andéol, on attendait avec beaucoup de curiosité cette catégorie où étaient inscrites les deux -78kg françaises titulaires à Montpellier lors des Europe et à Chelyabinsk aux mondiaux, Audrey Tcheuméo (Villemomble Sports) et Lucie Louette (FLAM 91) et dans laquelle on avait hâte aussi de voir Marine Erb (Villemomble Sports ), impressionnante à Lyon lors du championnat juniors et très convaincante avec le bronze ramené de Floride lors des monde de la même catégorie d’âge.
Elle fera encore sensation aujourd’hui en se payant le scalp de Lucie Louette en ¼ de finale sur un enchainement uchi-mata/ko-uchi et de Rebbeca Ramanich, vice-championne de France en titre, en demi-finale ! Malheureusement pour elle, une double fracture de l’orteil droit l’empêche de disputer une finale qui s’annonçait passionnante contre sa camarade de club, Audrey Tcheuméo. Trois fois dommage, car on pouvait s’attendre à des étincelles entre deux combattantes qui ne ferment jamais le jeu et cherchent le ippon en permanence. Du coup, la vice-championne du monde de Chelyabinsk s’offre un titre sans combattre, le sourire aux lèvres toute la journée, détendue, « à la cool ». Sur la 3ème marche prenaient place Louette et Ramanich.