Alors que la France et la Russie avaient démarré en trombe hier, on était curieux de voir ce matin si cette prise de pouvoir précoce des grandes nations du judo sur ces championnats allaient se confirmer ou non. Ce soir, la réponse reste encore en suspens.
Ce vendredi, les « petites » nations et particulièrement la Croatie ont montré qu’elles étaient bien là, même si la Russie repart quand même avec un titre et une médaille de bronze dans la même catégorie et la France avec une médaille d’argent.
L’œuvre d’Arnaud Aregba en -81kg, qui ajoute une troisième médaille dans l’escarcelle de l’équipe dirigée par R.Melillo et Y.Douma, entrenant la magnifique dynamique initiée hier par Romain Valadier Picard et Maxime Gobert.
Aregba, une constance payante
On attendait beaucoup de ce nouveau duel franco/russe, le troisième en finale depuis hier ! Arnaud Aregba, d’un côté, Ibragimgadzhi Suleimanov de l’autre. Incontestablement les deux meilleurs -81kg du jour, qui tracèrent chacun leur sillon à coup d’uchi-mata mortels, y compris en demi-finale. Si Aregba exécutait le Tchèque Kopecky en quelques secondes de manière franchement impressionnante, le Russe devait s’arracher pour battre le Géorgien Sherazadishvili, porté par son clan et ses encouragements passionnés.
Un duel France/Russie équilibré sur le papier mais qui tourna court, Suleimanov plaçant un premier uchi-mata alors que le Français était venu dans son dos le ceinturer avant de contrer sur sumi-otoshi une tentative de sasae-tsuri-komi-ashi du Tricolore.
Conscient d’avoir commis une erreur, en particulier sur la première action, le Français positivait immédiatement après son podium. Une analyse à chaud que partageait son entraîneur de club au PSG Judo, Nicolas Mossion : « aujourd’hui, je pense qu’Arnaud a franchi un palier. Parce qu’il a retenu de ses erreurs récentes. Ce vendredi, il ne s’est pas dispersé, ni affolé. Il est resté lucide, sûr de sa force. Contre l’Italien au deuxième tour, avec le combat qui durait, j’avais peur qu’il retombe dans ses travers. Ce ne fut pas le cas. Il a adopté des schémas plus simples au kumikata qui lui ont permis d’être plus précis. Je suis vraiment content de lui. » Aregba et Suleimanov qui resteront comme les deux judokas du jour à surveiller pour les années à venir. En -73kg, si le Roumain Adrian Sulca se montre le plus fort (tout en ayant failli laisser son coude en finale suite aux attaques dangereuses de son adversaire, le Slovène Jus Mecilocek), les médaillés du jour semblent loin du niveau affiché il y a seulement quelques années par le Turc Ciloglu, l’Azéri Heydarov ou le Moldave Sterpu dans cette catégorie. Tête de série n°1 ce matin, le Tricolore Joan-Benjamin Gaba perd d’entrée sur le Russe Azamat Kabisov. Un tirage au sort piégeux mais que le Français, vainqueur des Coupe d’Europe de Prague et Udine et titulaire aux équipes lors des Monde seniors de Budapest, pouvait surmonter. Il n’est d’ailleurs pas loin de le faire sur un sode-tsuri-komi-goshi qui aurait pu valoir ippon.
Mélodie Turpin (-63kg, Stade Bordelais Judo) et Kaila Issoufi (-70kg, Sainte Geneviève Sports Judo) connaissent elle un parcours identique. Bien rentrées dans leur compétition, elles s’inclinent d’abord en demi-finale, respectivement contre la Hongroise Brigitta Varga pour la Bordelaise et la Croate Lara Cvjetko, championne d’Europe -23 ans et cinquième des Europe seniors 2021 pour la Génofévaine. Elles sont ensuite nettement dominées pour le bronze. Turpin se fait suprendre par le morote-seoi-nage de l’Italienne Lisciani alors qu’Issoufi se fait contrer puis immobiliser par la Portugaise Crisostomo.
Les filles croates dans la lumière, Chystiakova régale
Si Cvjetko conclue ce vendredi finalement en argent, battue par une Ukrainienne bluffante, sa compatriote Katarina Kristo offre à la Croatie son second titre continental féminin après Barbara Matic en 2013. Junior deuxième année, cette -70kg qui fut médaillée mondiale cadette en 2019 (-63kg) s’offre le titre en immobilisant Varga.
Des deux on attendait plutôt Cvjetko sur la plus haute marche ce vendredi. Mais celle-ci tomba sur une judokate ukrainienne, Nataliia Chystiakova, qui, avec les deux -81kg, le nom qu’on retiendra de ce vendredi. Forte gauchère, très solide sur ses appuis, cette junior troisième jamais médaillée sur un championnat international mais rompu au circuit mondial (elle était à Budapest en juin) fit exploser la Croate en deux séquences sur un oc-uchi-gari classique et un uchi-mata ken-ken.
En demi-finale, l’Ukrainienne s’était payée le scalp de l’Espagnole Ai Tsunoda-Roustant sur un contre d’o-soto-gari. Tsunoda qui elle-même avait sorti pour son entrée en lice la Polonaise Katarzyna Sobierajska, championne d’Europe en titre.
Une Croatie patronne chez les féminines en ce vendredi et désormais à trois médailles (une de chaque métal). La Russie, avec le titre de Suleimanov chipe le leadership à la France. L’Ukraine, quatrième est à quatre médailles (une d’or, trois d’argent).
L’Italie ? Elle n’est qu’onzième avec trois médailles de bronze. Et la Géorgie ? L’équipe d’Irakli Tsirekidze est pour l’instant septième, loin de ses standards. Mais attention, demain il y aura six Géorgiens en lice dont le médaillé mondial seniors Ilia Sulamanidze et double champion d’Europe en titre. Demain, montez le son. Il y a fort à parier que vous entendiez encore des encouragements collectifs et passionnés.