Résumé de la journée du samedi 12 avril
-81 kg : Le Portugal aura sa médaille d’or
En l’absence de Telma Monteiro, c’est Joao Neto qui s’y colle avec plaisir. L’excellent et rugueux petit Portugais – souvent classé en tournoi – pour la plus grande joie d’un public chauvin qui sifflera même son adversaire à plusieurs reprises, emporte une finale fermée, mais pas inintéressante, contre le champion du monde 2005 Guillaume Elmont. Le Néerlandais, un peu trop timide dans ces circonstances, finit par être sanctionné d’un shido guère évident au golden score. L’hymne national portugais sera repris en chœur et à pleins poumons pendant la remise des récompenses.
-70 kg : Scapin, le titre en -70 kg
C’est l’Italienne Scapin, une belle judokate, qui l’emporte d’un shido sur l’espagnole Leire en finale des -70 kg. Pas beaucoup de judo non plus dans cette finale… Incroyable mais vrai, c’est le premier titre de cette multi-médaillée mondiale et olympique, déjà sept fois médaillée aux championnats d’Europe. Tout vient à point à qui sait atttendre.
-70 kg : Gévrise en bronze
Quand elle n’est pas au mieux, Gévrise Emane est tout de même troisième. Sans forcer son talent, et moins agressive que lors de ses dernières grandes compétitions, elle sort de son dernier combat du jours contre la Russe Kouzina avec un shido de moins au tableau. Une nouvelle médaille pour l’équipe de France féminine après lors de Luce Décosse tout à l’heure, le bronze de Barbara Harel et l’argent de Frédérique Jossinet hier. Les garçons, en revanche, sont toujours au régime sec.
-73 kg : Ce sera Van Tichelt
Le Belge Van Tichelt a réussi un beau sumi-gaeshi (hikkikomi-gaeshi) sur l’Espagnol Uematsu. Il emporte son premier titre européen.
Akos Braun (HUN), projeté pour ippon par Marco Maddaloni (ITA) sur un drôle de kata « pied de biche », mais sauvé par le jury de contrôle qui trouva que c’etait plutôt waza-ari, réussit un très joli uchi-mata à la reprise de garde suivante. Le Géorgien Kevkishvili sauve aussi la médaille de bronze avec un harai-goshi-gaeshi sur le Tchèque Jezek.
-63 kg : Lucie, un diamant en or !
Il ne lui aura pas fallu longtemps pour conclure sa journée. C’est l’Allemande Malzhan qui lui faisait face, une solide combattante qui n’avait pas l’intention de se laisser dominer. Elle prenait une garde de gauchère tout en fixation à la nuque, légèrement latéralisé pour faire plier la Française. Celle-ci testait quelques secondes la stabilité de sa rivale et la force de sa saisie et, comme un joueur de foot brésilien, par « petites touches de balle », entamait un déséquilibre en sasae dans lequel l’Allemande allait être embarqu » de plus en plus largement jusqu’au pion final. Pour le judo français comme pour le judo mondial, un judo pareil, ça console de beaucoup de choses.
Daniel Fernandes : fin de carrière
C’est à une conférence de presse très digne et très émouvante que les quelques journalistes français présents ont eu le privilège d’assister dans un petit coin de la salle de presse. À 35 ans, après 28 ans de judo, le dernier dandy du judo français dénoue la ceinture.
« J’ai toujours fait du judo pour le plaisir et pour donner du plaisir aux gens. Aujourd’hui plus qu’un autre jour, je ne voulais pas être petit bras. Je m’étais dit il y a longtemps que je ne souhaitais pas finir avec le sentiment d’avoir quelque chose à regretter. Honnêtement, je peux dire que c’est le cas… »
-63 kg : Lucie est en finale
Sarah Clark ne l’aura pas inquiété une seconde. C’est sur un magnifique o-soto-gari que Lucie Décosse débarque en finale.
-70 kg : Scapin bat Emane
Elle restait sur une défaite devant elle en 2004, pour une place de trois au tournoi de Paris. La brillante technicienne italienne, déjà médaillée olympique en 1996, a réédité sa belle réussite face à une Gévrise Emane plus en retrait qu’à son habitude. C’est sur deux pénalités, mais aussi un magnifique o-uchi-gari valant yuko que l’Italienne domine la championne du monde.
-73 kg : Van Tichelt et Uematsu en demi
Dommage pour Dany, il devra boire la coupe jusqu’à la lie : l’Hongrois braun est battu aux pénalités par le Belge Van Tichelt, un prototype du judo moderne de fermeture. Le bon technicien espagnol Uematsu venge un peu les amateurs de judo en dominant par yuko et koka l’infernale garde croisée du Géorgien Kevkishvili.
-73 kg : Fini de rêver
On n’attendra pas les résultats d’untel, ou d’untel. Dans son défi direct avec le jeune Italien Maddaloni, Fernandes s’incline. Il est surpris d’entrée par un seoi-nage tout en poussée qui finit par le dérouler sur le dos pour un waza-ari. Daniel fait ensuite son travail de sape, mais cela ne « paye » pas. L’arbitre central n’a manifestement pas entendu les nouvelles consignes de sanction sur la non-combativité, les positions trop basses ou les attaques directes dans les jambes. L’Italien gère son avance avec confiance et le beau judo à l’ancienne du Français, sa science tactique, ne peuvent rien dans ces conditions. Il tente un sumi-gaeshi, seule solution technique adaptée à la situation d’un adversaire toujours cassé en deux et presque à genoux. Cela ne marchera pas et l’Italien le fixe au sol. Comme dans ses pires cauchemars sans doute, Fernandes finit sa carrière en frappant sur une immobilisation – pour ne pas éterniser une situation de profond malaise – comme lors des Jeux ratés de 2004. Affectueusement, il adoube son jeune rival toujours en course et qui lui fairt par de son émotion et de son admiration, d’une étreinte et d’une tape de grand frère. C’est fini pour Dany.
L’équipe de France masculine ne sera pas complète aux Jeux.
-73 kg : la menace Braun !
Acéré, le Hongrois Braun. Champion du monde 2005, moins bien classé depuis, il lutte pour Pékin. Il tape sur le tapis, mâchoires serrées. Il vient de battre au sol, à force d’insistance, le jeune et très puissant Moldave Toma, vainqueur à Paris, qui le menait d’un waza-ari. Le voici en demi, face au Belge Tichelt… Si le Hongrois passe en finale, il rejettera le Français à la 10e place fatidique.
Dany doit finir 3e pour avoir une chance. Il doit passer l’Italien Marco Maddaloni (après le grand frère il y a quelques années, voici le cadet), qui le menace aussi directement. C’est dans quelques minutes.
-73 kg : Merci la Belgique
En battant le Biélorusse Siamonau, le Belge Van Tichelt débarrasse Dany Fernandes de deux adversaires directs pour la qualification : le Letton Zelonijs et l’Israélien Razvozov. Croisons les doigts…
-73 kg : Tout est perdu ?
Le début du combat pouvait laisser tout espérer, car même si le bras du Géorgien était particulièrement lourd sur l’épaule du Français, Daniel Fernandes montrait de la combativité et inquiétait plusieurs fois le Géorgien, même au corps à corps. C’est d’ailleurs lui qui tentait un kata-guruma en arraché pour contrer une saisie haute. Son mouvement avortait. Il lui restait le bout d’une jambe à l’intérieur et il était presque à plat ventre, l’arbitre levait la main pour annoncer le matte (et l’a d’ailleurs sans doute annoncé)… quand le Géorgien, assis à l’extérieur relançait sumi-gaeshi, jetant le Français sur le dos ! L’arbitre de coin annonçait « dedans », se prononçant pour « la continuité de l’action » et, après une seconde de flottement, l’arbitre central donnait le ippon, laissant le clan français, et Daniel Fernandes, totalement effaré. On discutera sans doute encore longtemps de cette « continuité » par un mouvement qui aurait, il y a quelques années, était taxé d’enchaînement au sol et n’aurait jamais été comptabilisé comme une action debout. En attendant, Daniel Fernandes ne vise plus que la 3e place. Les calculs sont fiévreux. Il pourrait atteindre ainsi, néanmoins, la dernière place qualificative, si personne ne vient s’interposer. Y arrivera-t-il ? Cela suffira-t-il ?
-73 kg : Dany MA-GNI-FI-QUE !
Il a gagné ! Un combat contre sa bête noire, le jeune Mammaldi (AZE), fort, rapide, imprévisible. Le combat impossible pour le vieux lion sans crinière contre le champion d’Europe triomphant, le vice champion du monde (après un combat « dantesque » contre le Coréen Wang), celui qui l’avait battu en finale des Europe 2006, surclassé au dernier tournoi de Paris et qu’il n’avait jamais vaincu…
Et ça commençait mal pour le Français. Pénalisé, pris une fois dans les jambes pour un koka, et pour un yuko encore sur un seoi-nage totalement non-orthodoxe, mais d’une vivacité pleine de jus, l’Azéri semblait montrer les limites du « vieux », celui-ci, concentré sur les mains, ne lâchait rien, et finissait par pousser progressivement son cadet dans une vague inquiétude, une attitude plus défensive qui aurait pu mériter un shido… Il reste 24 secondes. Enfin, Daniel Fernandes posa ses mains, l’Azéri « coincé » dans la bande, comme un gros animal sauvage pris dans les phares… Dany déclenche le ko-uchi-gari, l’Azéri tente de bloquer, cède, veut se retourner. Canalisé par Fernandes, il fait une pirouette d’un mètre en l’air et tombe comme une masse sur le dos.
Quelle victoire ! technique, physique et mentale… Le vieux lion rugit encore.
Il lui faudra toutes ses ressources pour faire face au tour suivant au Géorgien Kevkhisvili, champion d’Europe, qui l’avait battu aux championnats du monde. On peut y croire.
-73 kg : Décisif !
C’est contre l’Azéri Mammaldi, champion d’Europe et vice champion du monde, que Dany doit réaliser l’exploit. C’est maintenant.
–63 kg : Décosse en demi
Elle rejoint Gévrise Emane, qui n’a eu besoin que de deux combats pour atteindre ce niveau. Lucie Décosse est en demi-finale, après avoir surclassé la Hongroise Brigitta Szabo, toujours avec la même classe nonchalante. Des rotations diaboliques qui paralysent ses adversaires, un ko-soto-gari magnifique et un o-uchi-gari à sa manière qui plaquait la Hongroise sur le dos. Sa vieille rivale Sarah Clark (GBR), championne d’Europe 2006… contre Lucie Décosse, l’attend en demi-finale.
-81 kg : Anthony, c’est déjà fini !
Ça paraissait pourtant réglé à mi-combat contre le Croate Marijanovic, qui avait pris deux shido. Anthony Rodriguez ne paraissait pas très précis, mais toujours actif et suffisamment expérimenté pour régler la question. Mais soudain c’était l’éclipse : une attaque dans les jambes le voyait tomber lourdement sur le côté pour un un premier yuko, suivi très vite d’un second sur yoko-tomoe-nage. Déconcentré, le Français ne tenait plus le combat, essayant sur le gong de pousser son adversaire dehors pour obtenir un dernier shido. Peine perdue et championnat d’Europe raté pour le vice champion du monde.
-63 kg : Lucie éclaire le jeu
Elle promet d’être éclatante encore aujourd’hui. La Française Lucie Décosse est vraiment, dans son genre, la meilleure du monde. Elle a plané sur ce deuxième combat où la malheureuse Croate Miskovic n’a rien put faire, à part prendre un shido pour refus de saisie, un yuko pour avoir été poussé sur le dos sur une mauvaise attaque et un ippon majestueux sur un uchi-mata tout en rotation du haut du corps. On attend la suite avec un plaisir anticipé…
-70 kg : Emane sans problème
La vice championne d’Europe polonaise Pilocik n’a posé aucun problème à Gévrise qui la domine d’un yuko sans trembler une seconde. C’est franchement bien parti pour la championne du monde et d’Europe en titre.
-73 kg : Dany, c’est bien parti
Dany « joue sa vie ». Encore loin du quota olympique, Daniel Fernandes doit monter sur le podium pour espérer aller à Pékin. Il vient de s’offrir une première tranche de rêve en battant le Grec Aris Kotanidis, rugueux à souhait. Mené d’un yuko, le Français restait très concentré et calme et plaçait un très fort… o-goshi, pour ippon. Et de un.
-70 kg : Gévrise tranquille
Un premier combat de rodage contre la jeune Allemande Kerstin Thiele pour Gevrise Emazne, qui l’emporte de deux shido.
-63 kg : Lucie lance les débats
Il ne lui aura pas fallu beaucoup de temps, à la championne d’Europe en titre, pour faire ses gammes sur l’Italienne Piano, proprement exécutée d’un sukui-nage parfait. La journée est lancée.