Walide Khyar se rate, mais Fikri se hisse en finale
Kamal Fikri, projeté en finale du championnat du monde -55 kg par le Japonais Umekita / Officiel IJF
FORT LAUDERDALE – J1 / 22 octobre 2014 : Pour les Français, la bonne surprise du jour est la confirmation du Limougeaud Kamal Fikri, 2e en -55 kg. Déjà inscrit dans l’élite européenne avec une troisième place au championnat d’Europe juniors de Bucarest en septembre, le voici finaliste des championnats du monde pour cette première journée en Floride. La partie est serrée et le Français use de son allonge et de son physique, lui qui était médaillé national junior en 2013 en -60 kg. Il ne marque qu’un ippon au second tour au Néerlandais Roy Koffijberg, se hissant jusqu’en demi-finale par les pénalités. Il bat à ce niveau, d’une pénalité encore, le futur troisième, le précoce médaillé mondial cadet 2013 mongol, Amartuvshin Bayaraa. Mais en finale, le champion du Japon Wataru Umekita, 5e seulement du championnat du monde cadet 2013, va trop vite pour lui et l’expédie sur un « énorme » sode-tsuri-goshi à gauche tout en vitesse et en fluidité. L’exemple de Vincent Manquest, champion du monde l’année dernière en -55 kg et beaucoup moins dominateur cette année en -60 kg montre bien que les transitions dans ces petites catégories ne sont pas forcément faciles, mais Kamal Fikri a néanmoins prouvé sa capacité à aborder les compétitions décisives. C’est une bonne promesse d’avenir.
Grosse déception en revanche pour Walide Khyar, non classé en -60 kg, alors qu’il avait été troisième des derniers championnats d’Europe, et très impressionnant sur le championnat de France. Il commençait pourtant magnifiquement sa compétition en emportant un combat chaud bouillant contre le formidable petit combattant de Taipei Tsai Ming Yen, étonnant troisième du Grand Chelem de Paris seniors cette année, dont le judo ouvert et relâché a permis au Français de monter dans les tours avec gourmandise. Malgré les seoi-nage dangereux de son adversaire, c’est Walide Khyar qui trouvait la faille au golden score. Au tour suivant, l’Algérien Rebahi aurait dû lui poser moins de problèmes. De fait, Khyar est largement au dessus dans le rythme et l’Algérien est souvent débordé, trouvant son salut dans des fausses attaques… mais avec talent, il lançait aussi de très forts sode-tsuri-komi-goshi, dont l’une surprenait le Français, mené rapidement waza-ari. Il passait alors à la vitesse supérieure, mais sans parvenir à convaincre l’arbitre que l’attitude de son adversaire méritait la dernière pénalité faitidique. Un peu coincé entre la stratégie de faire pénaliser ou de marquer au moins waza-ari, Walide Khyar ne parvenait pas à sortir du piège. Personne n’ira faire de médaille bleu-blanc-rouge dans cette catégorie considérée comme prometteuse pour les Français car Robin Corrado, 5e du championnat d’Europe, est battu au second tour par le champion d’Europe 2013 en -55 kg, l’Azéri Davud Mammadov et n’est pas repêché.
Kondo, la troisième médaille d’or
Chez les féminines, le bilan était plus rapide. Seule représentante du jour, l’encadrement ayant choisi de ne pas amener de -48 kg, la petite Manon Urdiales en -44 kg était éliminée dès le premier tour, ayant eu l’infortune de tirer la mauvaise carte de la Japonaise Hittomi Sakaguchi, championne du Japon et championne d’Asie, qui la surclassait en rythme, la roulait au sol en sumi-gaeshi avant de conclure en osae-komi. La Japonaise allait ensuite gagner le titre sur ce modèle technico-tactique sans renconter d’opposition à sa mesure, battant en finale par morote et osae-komi la Brésilienne Larissa Farias. Comme, en -48 kg, la championne du monde seniors Ami Kondo a, assez logiquement, écrasé la concurrence (cinq combats, cinq ippon et six yuko) – elle bat en finale la championne d’Europe turque Dilara Lokmanhekim, 3e du Grand Chelem d’Azerbaijan, par tomoe-nage en 82 secondes – le Japon se trouve déjà très largement en tête de ces championnats du monde avrc trois médailles d’or. Ami Kondo, quant à elle est déjà trois fois championne du monde : cadette en 2011, senior et junior en 2014 !
Ami Kondo, championne du monde cadette 2011, championne du monde senior et désormais championne du monde junior 2014 ! Officiel IJF
Garrigos, le petit génie espagnol
La seule qui lui manque ? C’est en -60 kg où l’homme fort est espagnol. Francisco Garrigos est le champion d’Europe en titre et l’un des plus impressionnants stylistes de sa génération. Plutôt fin physiquement, il développe un judo très élégant et sobre, avec lequel il est remarquablement efficace, et un ne-waza d’un niveau exceptionnel – en finale, il installe un sankaku-jime de face avec les épaules au sol, et alors que son adversaire parvient à se relever, il se glisse entre ses jambes, l’oblige à faire une chute avant et se retrouve en osae-komi sans jamais avoir perdu le contrôle des jambes sur le haut du corps ! Il bat le champion du Japon Kohei Hayashi en demi-finale d’un sumi-gaeshi, seul défaite japonaise du premier jour. On a vraiment hâte de voir comment cette exceptionnelle pépite de judo pur va traverser les deux ans qui viennent.
On notera aussi que les Turques, étonnantes première nation chez les féminines aux championnats d’Europe, tiennent bien le choc en Floride puisque les deux finalistes des championnats d’Europe, Melisa Cakamkli (2e en -44 kg) et Dilara Lokmanhekim (1e en -48 kg), sont encore sur le podium, à la 3e et 2e places.
Francisco Garrigos, champion du monde junior, une perle espagnole dont on devrait reparler / Officiel IJF