Ce matin, peu aurait fait de lui le masculin avec le plus de chance d’être médaillé mondial. Maxime Ngayap Hambou (AM Asnières) était en effet des quatre masculins français du jour cette saison le seul à ne pas être monté sur un podium international sur les deux dernières saisons : en -81kg, Arnaud Aregba (PSG Judo) sort d’un championnat d’Europe presque parfait, finissant vice champion d’Europe. Emir Janfaoui (UJ Brive CL) termine lui troisième du tournoi de Bucarest fin juillet. En -90kg, Francis Damier (FLAM 91), forfait au Luxembourg, fut un solide champion d’Europe l’année dernière en Croatie.
Mais ce jeudi, c’est bien le judoka formé par Guillaume Etchegaray et Fabrice Ruimy qui termine seul médaillé tricolore. Auteur d’une journée pleine d’abnégation, accrocheur et déterminé, Ngayap Hambou ne fait qu’une bouchée d’Alex Cret pour le bronze. Pourtant tombeur de Damier en quart (remake de la finale continentale de l’année dernière), le Roumain, encore sous le coup de la déception de sa défaite en demi-finale, subit un makikomi parfaitement senti puis sur un sode-tsuri-komi-goshi à gauche du Français.
Très gênant pour ses adversaires avec sa grande taille et son allonge, le -90kg français s’appuya avec une belle lucidité sur une palette d’attaques variées pour s’offrir sa première médaille sur un championnat international, saisissant sa chance.
Surtout l’Asniérois aura montré une envie insatiable, sans complexe aucun, l’ardent désir de jouer sa carte à fond. Si il y a une chose à retenir de cette performance, c’est que Ngayap Hambou aura jouer sa chance en permanence à fond.
Aujourd’hui, le Français n’aura perdu que contre le futur champion du monde, le Hongrois Peter Safrany, évitant les deux Russes du jour ainsi que le Géorgien champion d’Europe en titre, battu dès le deuxième tour par Damier sur un corps-à-corps.
Trois médailles masculines aux championnats du monde juniors ? Il faut remonter à Paris, en 2009 pour trouver un équivalent (à l’époque Loic Pietri avait été titré, Florent Urani et Thibault Dracius étaient en bronze). D’ores et déjà une remarquable réussite pour ce groupe.
-Francis Damier et Emir Janfaoui terminent à la septième place. Damier semblait parfaitement lancé par sa victoire sur Nika Khazarishvili dès le deuxième tour. Mais Alex Cret puis le Russe Adam Sangriev douchaient les espoirs du protégé de Kilian Le Blouch d’être médaillé planétaire. Début similaire pour Janfaoui, qui s’offre le Russe Ibragimgadzhi Suleimanov, si fort au Luxembourg il y a un mois (il bat Aregba pour le titre) sur un yoko-guruma rageur. Mais l’Ukrainien Artem Bubyr puis le Kazakhstanais Ayan Baigazy font plier le Briviste à chaque fois au sol.
Arnaud Aregba est lui victime du facteur X de sa catégorie. Champion d’Europe cadets 2019 en -66kg, Adam Tsechoev, vainqueur de la Coupe d’Europe de Roumanie était absent des Europe. Non tête de série, le Russe se retrouve dans le quart du Français. Un combat de haut niveau mais perdu par le Parisien sur un «gaeshi». D’habitude, les noms qui font turbuler le système sur cet évènement sont Japonais, du fait de leur peu de sorties internationales. Aujourd’hui, les Russes ont tenu ce rôle avec Tsechoev en -81kg et Egor Andoni en -90kg.
Seule féminine du jour, Kaila Issoufi (-70kg, Sainte Geneviève Sports Judo) perd au deuxième tour face à l’Allemande Friederike Stolze, finalement cinquième.
-La Russie qui garnit son panier de deux nouvelles médailles avec l’argent de Tsechoev et le bronze d’Adam Sangriev en -90kg.
La Géorgie, elle, remporte son second titre avec Giorgi Sherazadishvili. Troisième aux Europe (avec un bras en moins suite à une clé de bras terrible subie au premier tour), le guerrier caucasien, à grands coups d’uchi-mata mais également de contre va chercher un titre pour clore ses années juniors. Un titre qui reste géorgien puisque le dernier champion du monde était Vladimir Akhalkatsi (c’était à Marrakech en 2019). En -90kg, la Hongrie lance la machine, elle qui avait fini très fort avec les catégories lourdes au Luxembourg. En bronze il y a quatre semaines, Peter Safrany prouve la capacité du pays magyar à performer régulièrement dans cette catégorie, puisque le vice champion du monde 2019, derrière l’incroyable Lasha Bekauri, était un compatriote, Roland Goz. Ce jeudi, Safrany s’offre le titre mondial grâce à ses arrachés. En -70kg, Ai Tsunoda-Roustant va chercher son second titre mondial après celui obtenu chez les cadets en 2019 dans une catégorie où les meilleures sont déjà bien présentes sur le circuit senior. La fille de Go Tsunoda, devenu depuis peu entraîneur au sein de l’équipe russe, se fit connaître, rappelons-le, par une victoire lors de la Coupe de France minimes en 2016. Une trajectoire typique d’une future médaillée mondiale ou olympique. Un nom à retenir pour Paris dans trois ans.
Ce soir la Russie tient bon la barre, mais voit la Géorgie lui mettre la pression avec deux titres chacune, la Russie faisant la différence sur les médailles d’argent et de bronze. La France et ses cinq médailles tombe à la sixième place, devancée depuis ce soir par les Pays-Bas et l’Espagne.