Sur le podium, Melkia Auchecorne sanglote tout en retenue. Prise par une émotion que par caractère elle a l’habitude de garder pour elle, la Chelloise a le menton qui tremble alors que la Marseillaise occupe tout l’espace sonore du Sports complex Multiusos d’Odivelas. Il y a tout de même de quoi… voilà cette judoka junior deuxième année, championne du monde des -63kg !
Médaillée de bronze l’année dernière en Equateur, vice championne d’Europe il y a un mois, l’élève de Benjamin Gury s’est donné le droit ce jeudi d’avoir un titre mondial dans son palmarès. Tête de série n°1 ce matin, la Tricolore réalise une journée solide. En finale, face à la Japonaise Mizuki Tataki, Auchecorne choisissait de croiser fort au début du combat. L’idée ? Faire parler sa puissance avant de trouver l’ouverture sur un harai-goshi ou un sode-tsuri-komi-goshi. Si elle dominait le début de combat, la Nipponne trouvait peu à peu la solution en captant systématiquement la manche droite de la Française. Plus le combat avançait et plus l’ascendait devenait japonais. Deux shidos à un au golden score et une situation qui semblait de plus en plus mal embarqué. Mais sur une reprise de garde après une séquence gagnée par Tataki, la Chelloise mettait le coup de rein nécessaire pour mettre la Japonaise sur la tranche, piégée par l’état de fatigue que laissait transparaître Auchecorne. La voilà donc championne du monde, deux ans après Chloé Devictor et neuf ans après Amandine Buchard.
Deux médailles déjà au compteur pour l’équipe de Gilles Bonhomme et Olivier Mélicine, après le bronze de Léa Bérès hier.
Une médaille d’or qui fait grimper la France à la quatrième place après un jeudi sans titre japonais – mais avec deux médailles d’argent tout de même – et monopolisé par l’Europe. En -57kg, Veronica Toniolo s’impose aux pénalités contre Riko Honda avec une tactique claire et astucieuse mais qui aurait pu se retourner contre elle tant la fausse attaque était toute proche. En -73kg, l’Azerbaidjanais Vusal Galandarzade surprend l’étonnant judoka américain Jack Yonezuka sur un eri-seoi-nage (avec la main droite dans le coude). Un jeudi où les flottements de l’arbitrage mondial ont fait leur réapparition après un mercredi sans anicroche, lors d’un bloc final globalement moins attrayant qu’hier. La finale des -57kg en aura été l’agaçante illustration.
À mi-parcours de la compétition individuelle, certaines lignes de force deviennent perceptibles sans être surprenantes : un Japon très dominant à sept médailles déjà, une équipe féminine italienne impressionnante à quatre médailles dont un titre et une équipe masculine azerbaidjanaise qui se montre au rendez-vous avec une médaille d’or et une d’argent.
Les résultats complets à retrouver ici : https://lespritdujudo.com/championnats-du-monde-juniors-2023-judo/