Melkia Auchecorne, à nouveau avec l’or mondial autour du cou.
Crédit photo : Tamara Kulumbegashvili/IJF

Cet après-midi, Melkia Auchecorne a fait son entrée dans l’Histoire du judo français. Avec sa victoire en finale contre Savita Russo en -63kg, dans un combat à la fois indécis et marqué par un énième imbroglio arbitral, la judoka de l’AS Chelles devient la première féminine française double championne du monde dans cette catégorie d’âge. Avec sa médaille de bronze obtenue en 2022 à Guayaquil (Équateur), elle se place même au sommet du palmarès des juniors tricolores, devant Teddy Riner himself et ses deux titres obtenus en 2006 et 2008.
Statistiquement, elle n’aura donc perdu qu’un combat en trois championnats du monde. Époustouflant pour une judoka très en contrôle, aux airs faussement nonchalants, mais à l’impact destructeur. Championne de France seniors en titre, celle qui n’a pourtant jamais été championne d’Europe, a tout écrasé sur son passage jusqu’en finale, avec sa garde croisée de boa et ses amples uchi-mata et o-uchi-gari. Extrêmement puissante, elle savait toutefois devoir se méfier de l’Italienne Russo qui l’avait battu, à l’usure lors de la finale continentale 2023 à La Haye.
Une Transalpine, médaillée européenne seniors en avril dernier et qui participa aux Jeux olympiques de Paris. Une finale qui commençait mal avec un sumi-otoshi limpide de Russo. Mais celle-ci cherchait l’emboitement face à Auchecorne à qui elle rendait plusieurs centimètres. Une erreur payée comptant avec un o-uchi-gari subi pour un retour à égalité de la Tricolore. Arrivait alors une action où le contre de la Française apparaissait limpide, bien que l’Italienne bluffait en suivant en ushiro-yoko-gesa-gatame. L’osae-komi était compté et Russo désignée vainqueur ! Une action claire pour beaucoup : l’Italienne lance, Auchecorne contre et met son adversaire sur plus de la moitié du dos, même si la ceinture scapulaire ne touche pas. Et bien pas pour la commission d’arbitrage pris une nouvelle fois à son propre piège d’une règlementation devenue si pointilleuse qu’elle en perd toute cohérence. L’arbitre finlandais, spécialiste incontesté du règlement, ne sut pas lui-même comment interpréter ce qui apparut comme cristallin pour nombre de spectateurs. Finalement, aucun waza-ari ne sera donné, mais un shido à l’Italienne pour main en dessous de la ceinture ! Toujours aussi indécis, le combat basculera sur une action similaire où là, l’ambiguïté ne sera, là, plus de mise.
Second sacre pour la Chelloise épuisée après 3’03 au golden score, qui a su dompter la pression et proposer une prestation remarquablement convaincante.

Un magnifique arc en ciel après une journée de nuages noires : les deux -73kg, Peter Jean (JC Chilly-Mazarin Morangis) et Eliot Prève (ACBB Judo) sont battus au premier et au deuxième tour. Le premier par un Bulgare, le second par un Coréen. Auparavant l’ACBB Boy avait satellisé le un judoka chinois sur uchi-mata. Ce soir, six judokas masculins sur neuf ont pris part à la compétition et les statistiques sont embêtantes : deux combats gagnés, dont un par hansokumake, l’autre par ippon. Un ippon qui est la seule valeur marquée depuis hier par l’équipe masculine. Demain pas de -81kg et un -90kg, puis samedi deux -100kg.
L’heure n’est pas encore au bilan définitif, d’autant que samedi, un médaillé européen 2024, Maxence Bordin, entre en lice. Et si pour l’instant l’ambiance n’est pas encore au rendez-vous, c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens.
Chez les féminines, Alya De Carvalho, l’autre Chelloise du jour, s’incline en huitième de finale, prise en osae-komi sur une variante du retournement « Akimoto » utilisée par la Chinoise Yuying Tao, future vice-championne du monde !
Ce soir la France pointe au troisième rang du classement avec ses deux médailles, derrière la Chine et un Japon toujours plus que jamais intouchable.

Ce jeudi, deux titres vont encore dans la besace du Pays du Soleil Levant. En -73kg, comme en -66kg, c’est une finale 100 % nipponne !
Victoire pour Keito Kihara, junior deuxième année de Tokai, qui place un magnifique uchi-mata ken-ken à Yusuke Takeichi, deuxième année également, de l’université de Kokushikan. C’est simple : ce soir, les masculins nippons n’ont toujours pas perdu un combat contre un étranger !
Demain combattra leur -90kg Komei Kawabata, champion du monde en titre à Odivelas, vainqueur des championnats du monde par équipes 2024 (il avait battu Axel Clerget).
Chez les féminines, Riko Honda, de la Keiai High School, junior première année, transperce totalement la Chinoise avec son uchi-mata et un de-ashi-barai magnifique. Une marche gravie en plus par rapport à l’année dernière où elle avait été battue en finale par l’Italienne Veronica Toniolo.

Ce soir le Japon est à cinq titres (sur sept possibles), quatre médailles d’argent et une de bronze. Une seule judokate non classée, Mio Shirakane, battue en huitième par la Brésilienne Bianca Reis, future troisième.

À noter que l’Italie est quatrième, mais avec sept classés en deux jours.