Non sélectionnée pour les Jeux olympiques mais surtout pour les championnats du monde (6-13 juin, Budapest), alors qu’elle pointe à la quatrième place de la ranking list mondiale, Fanny-Estelle Posvite (AJ Limoges), médaillée de bronze lors des championnats d’Europe 2021 en -78kg et sur le podium de douze de ses quatorze dernières compétitions disputées, revient sur cette décision, très loin d’être digérée.
Fanny-Estelle, d’abord comment vas-tu ?
De mieux en mieux. Les messages de soutien reçus depuis plusieurs jours me font chaud au coeur même si je n’ai toujours pas accepté la décision prise à mon égard. Je me dis, aussi, que je ne peux pas me laisser dépérir comme ça. Je suis remplaçante olympique et il faut que je me prépare, au cas où. C’est pour cela que j’ai décidé de revenir sur Limoges, dans mon cocon, histoire de reprendre goût à l’entraînement et de me reconcentrer sur moi. Je ne me voyais clairement pas rester à l’INSEP, là, tout de suite. J’ai donc demandé à Lucie Décosse, ma référente, si je pouvais revenir chez moi. Et elle a accepté en me disant qu’elle comprenait tout à fait ma démarche.
Peux-tu nous rappeler comment tu as appris ta non-sélection pour Budapest ?
Larbi Benboudaoud m’a appelée avant l’annonce officielle pour me dire que je ne serai ni sélectionnée aux JO ni aux championnats du monde. Sur le coup, j’ai été tellement abasourdie pour les Monde que je n’ai pas réagi et la discussion s’est arrêtée là. Pour les Jeux olympiques, j’étais totalement lucide. Je savais que ça serait pour Mado (Madeleine Malonga, NDLR). Elle est championne du monde, double championne d’Europe, n°1 mondiale. Elle le mérite. C’est totalement logique. Mais pour les Monde…j’ai pris l’annonce de Larbi comme une double sentence. D’autant que j’ai dû attendre d’avoir Lucie Décosse pour avoir les explications détaillées de ma non-sélection.
Quelles étaient ces explications ?
Qu’il ne fallait pas mettre une sélectionnée olympique avec une remplaçante sur une compétition considérée comme préparant les JO. Ce qui est le cas pour les championnats du monde concernant Madeleine. Et que cette stratégie avait été établie en amont.
Le groupe olympique avait-il été mis au courant de cette stratégie ?
Pas du tout ! C’est notamment pour cela que je suis très en colère. Comment se préparer au mieux si, en tant qu’athlète, on n’a pas toutes les informations nécessaires ?
As-tu discuté de tout cela avec Madeleine Malonga ?
Bien sûr. Avec Madeleine, nous sommes copines. On se connait depuis le pôle France d’Orléans. Quand je suis montée en -78kg, nous sommes devenues concurrentes. Mais cela n’enlève rien au fait que l’on s’apprécie beaucoup et que l’on se respecte.
Quand je lui ai demandé si c’est elle qui avait demandé à être seule aux championnats du monde, elle m’a répondu : « Absolument pas. J’ai juste dit au staff que je voulais faire cette compétition. Ni plus ni moins.»
Après, je dois dire que toutes les filles du groupe ont été géniales avec moi. Elles ont toutes eu un mot gentil pour moi car, donnant au quotidien le meilleur d’elle-même comme moi sur le tapis, elles sont sans doute les mieux placées pour comprendre ma déception et mon incompréhension.
Qu’est ce qui te déçoit le plus dans cette histoire ?
Il y a des façons de traiter les athlètes, en tant qu’individu. Je suis une fille assez sensible et j’aurais aimé que l’on m’annonce cette non-sélection en trouvant les mots adéquats. Il y a une vraie rupture pour moi avec Larbi, et cela n’y est pas étranger. D’ailleurs, je trouve qu’au-delà de mon cas, il y a des choses à améliorer sur ce point : quand je vois la manière dont on annonce à certaines filles comment elles sont « virées » du collectif national, au dernier moment, alors qu’il y a des enjeux professionnels ou scolaires derrière, je trouve que le côté humain devrait être beaucoup mieux pris en compte.