Miku Tashiro et Chizuru Arai prennent rendez-vous
Pas des Japonais à vrai dire. La délégation nippone n’avait laissé en piste que deux -90kg, dont le sélectionné pour les championnats du monde de Tokyo, Shoichiro Mukai, 23 ans, le vainqueur des Grands Chelems japonais et français en 2018. Son second était Sanshiro Murao, 18 ans, vice-champion du monde junior l’année dernière et sélectionné pour le par équipe de Tokyo. Deux formidables combattants, mais encore inexpérimentés dans la jungle internationale et un peu en roue libre, comme le reste de l’équipe, à Bakou. Lents à réagir et subissant l’impact de leurs très volontaires adversaires, ils abandonnaient assez tôt le tapis. Le jeune Murao semblait dérouler tranquillement devant le très puissant frangin Khalmurzaev, Khusen, celui des deux qui n’est pas champion olympique, lui marquait même un waza-ari, puis un second en contre, qui aurait dû être comptabilisé, avant de se faire bêtement surprendre en fin de combat. Quant à Mukai, il subissait l’agression constante du surprenant jeune Turc Mert Sismanlar, 18 ans et médaillé mondial junior, qui finissait par le contrer sur l’arrière. Dans cette catégorie très dense des -90kg, c’est finalement le champion du monde 2017 (et battu au premier tour en 2018 par le Français Diesse), le Serbe Nemandja Majdov, 22 ans, qui affirmait son retour avec une très grosse compétition, dans laquelle il dominait le Russe Khalmurzaev et le champion du monde en titre, l’Espagnol Nikoloz Sherazadishvili (23 ans), sur un kata-guruma original qui faisait faire un soleil au très solide espagnol. Les points de la ranking deviennent très chers.
Alpha en mode mineur
En -81kg, le clan français était évidemment tourné vers la performance de l’unique représentant masculin tricolore, Alpha Oumar Djalo, 22 ans, engagé récemment en Géorgie (où il avait fait un beau cinquième) et en Turquie. Mobile, mais peut-être un peu moins vif et clairvoyant qu’en Géorgie, il peinait à sortir son premier adversaire, l’Azerbaidjanais Afig Safarli, 214e mondial, qu’il finissait tout de même par clouer en ura-nage, puis subissait la maîtrise supérieure du Bulgare Ivaylo Ivanov, 13e mondial, tout juste sorti du Grand Prix du Maroc avec la médaille d’or, qui le contrait sur une tentative d’arraché, un waza-ari suffisant. Le Bulgare allait ensuite jusqu’en finale pour finir par échouer sur la hanche de l’Israélien Sagi Muki, déjà vainqueur du Grand Chelem de Russie et finaliste de celui de Paris. Là encore, la hiérarchie présente une joli série de profils de médaille. Il faudra se battre fort pour s’immiscer dans le dernier carré.
La bataille d’Azerbaïdjan
Pas de Français en -73kg, mais une opposition dominante devant le public de Bakou : celle des deux cadors d’Azerbaïdjan, Orujov contre Heydarov, le brun longiligne contre le sauvage surfer, le premier vice-champion olympique et vice-champion du monde en 2016 et 2017, vainqueur du Masters en 2019, le second champion d’Europe 2017 et médaillé mondial 2018. C’est finalement le second, le puncheur Hidayat Heydarov, qui finissait par trouver la solution au golden score avec un seoi inversé tout en volonté. Là encore, il faudra passer leur tir de barrage des Azerbaïdjanais pour s’approcher d’une médaille mondiale dans cette catégorie.
Tashiro et Arai prennent rendez-vous
Chez les féminines en revanche, c’était le retour, donc, du Japon, avec deux des leaders fortes de cette « super-team », la -63kg Miku Tashiro, et la -70kg Chizuru Arai. La veille, Ami Kondo s’était fait étrangler dès le premier tour en -48kg, manifestement peu concernée par ce Grand Chelem après la déception de sa « non-sélection » au championnat du monde, tandis que Ai Shisime se blessait en finale. Cette fois, les deux Nipponnes allaient au bout, et cela d’autant plus facilement qu’aucune Française ne se dressait sur leur route. Pas de Clarisse Agbegnenou en -63kg pour empêcher le survol impressionnant de Tashiro, terrible avec ses ko-soto-gari enchaînés au sol en étranglements. Elle se permettait une petite variation en finale avec un juji-gatame d’école sur la championne olympique slovène Tina Tstrenjak. Une démonstration parfaite qui sonnait comme une prise de rendez-vous avec la Française, seule adversaire à pouvoir désormais la dominer, comme elle l’avait fait en finale du dernier championnat du monde. Pas de Française non plus en -70kg, puisque Marie-Eve Gahié n’était pas là non plus et que Margaux Pinot, seule engagée du jour pour nos couleurs, tombait d’entrée devant l’Irlandaise Megan Fletcher, en accumulant deux fausses attaques. Un manque de concentration sans doute dû au fait qu’elle se sait déjà sélectionnée pour les Jeux Européens. Chizuru Arai pouvait donc elle aussi dérouler jusqu’à l’or pour son premier tournoi en 2019, elle qui a gagné le championnat du monde, devant Mareive-Eve Gahié en finale — là encore, le rendez-vous est pris — et le Grand Chelem japonais en 2018. Ses deux derniers tournois, elle les a emporté avec la même finaliste : la Suédoise Anna Bernholm, qui s’affirme en outsider dans la discrétion.