Pas de Margaux Pinot, ni de combattants de l’AJA Paris XX
Annoncée encore plus tôt que la saison dernière, la sélection française pour le Grand Chelem de Paris 2018 (10 et 11 février) a été été officialisée le 23 novembre. Une publication qui intervient quelques jours avant une compétition de clubs (Golden League à Ankara ou Coupe d’Europe à Wullpertal) auxquelles participeront la plupart des médaillés nationaux et/ou internationaux, sélectionnés ou non. Pas sûr que le timing soit le plus judicieux pour la motivation des judokas réservistes ou carrément absents du rendez-vous parisien. Mais au-delà de cet aspect temporel, que retenir de cette sélection ? Que si chez les féminines, une cohérence se dégage des choix opérés, la ligne directrice semble beaucoup moins claire chez les masculins.
Margaux Pinot absente, pas de cadeau pour Marine Erb
Après lecture des vingt-huit noms féminins publiées, une logique générale et assumée se dégage : présence des médaillées européennes ou mondiales et privilège donné aux podiums des championnats de France.
En -57kg, pas de Priscilla Gneto, championne d’Europe en titre, puisque cette dernière vient de se faire opérer il y a un mois des ligaments croisés. Son absence à Paris est donc logique… contrairement à celle de la vice-championne d’Europe des -63kg, Margaux Pinot. Selon nos informations, celle-ci s’apprêterait à remonter en -70kg, ayant trop de difficultés à descendre au poids.
Autre nom absent, celui de Marine Erb (RSC Montreuil). Cinquième à Montigny-le-Bretonneux dimanche dernier en +78kg, celle qui fut 3e aux championnats d’Europe et du monde juniors 2014, championne de France seniors 2015 et 3e au Grand Chelem parisien 2016, n’apparait même pas comme réserviste. Ce n’est pas incohérent avec la logique d’ensemble, c’est néanmons un peu étonnant, car cette jeune femme de 23 ans, classée le week-end dernier avec seulement deux semaines d’entraînement dans les jambes, présente le profil et les qualités pour créer une émulation intéressante dans une catégorie où une concurrence féroce pour le leadership s’annonce avec Romane Dicko, Julia Tolofua, Anne M’Bairo, en vue de Tokyo, et sans doute un peu plus que la vaillante Eva Bisseni, 36 ans, dont la carrière n’est plus devant elle. Une Marine Erb forcément déçue, mais lucide : « On m’a dit qu’on ne me fermait pas les portes, mais qu’on ne me ferait pas de cadeau. Je pense que les filles choisies méritent leur sélection. Je n’ai pas fait de médaille là où il aurait fallu. Mais je vais continuer à travailler et à me battre. Je vise la sélection olympique. C’est très clair dans ma tête ».
Pas de titularisation pour les judokas de l’AJA Paris XX
La même logique a-t-elle prévalu chez les masculins ? Sans doute pas, puisque les nombreuses exceptions viennent relativiser une telle hypothèse. Le staff masculin semblerait avoir plutôt privilégier les résultats internationaux des dernières semaines, ce qui tenterait à expliquer la présence de certains judokas absents ou passés à travers au Vélodrome national. Mais, là encore, on trouve des exceptions. Au détriment d’au moins deux combattants de l’AJA Paris XX.
La première chose qui frappe, en effet, à la lecture de cette sélection masculine ? La mise en réserve de trois combattants du club parisien : Vincent Manquest, Benjamin Axus et Christ Gengoul. Le premier vient pourtant de finir vice-champion de France, après son titre en 2016 en -60kg. Dernier Français à avoir remporté un Grand Prix dans cette catégorie (Zagreb en 2016), il venait aussi d’être médaillé de bronze à l’Open de Serbie, fin septembre. Sur une bonne dynamique depuis la rentrée, le titulaire des championnats d’Europe 2016 est donc réserviste.
Idem pour son copain Benjamin Axus. Champion de France 2016 lui aussi, 3e au Grand Chelem de Russie (tout comme Pierre Duprat) fin mai, il sera le seul titulaire des championnats du monde à Budapest en août (avec Walide Khyar) à ne pas être titulaire lors du Grand Chelem parisien début février. Une décision qui interroge puisque le staff masculin donnait clairement l’impression de faire d’Axus un prétendant crédible pour cette olympiade. Enfin, Christ Gengoul, vice-champion de France samedi dernier en -81kg, a été lui choisi comme réserviste. Une sanction implicite a posteriori vis-à-vis d’une explosion de joie hyperbolique à la fin de sa demi-finale qui fit vivement réagir Jean-Luc Rougé, jugeant celle-ci clairement inappropriée ? Une hypothèse qui, si elle n’est pas officialisée, pose alors la question d’une non-sélection, le staff de Franck Chambily ayant choisi de titulariser Jonathan Allardon (ESBM Judo), deuxième à Zagreb fin septembre mais non classé au Grand Chelem d’Abou Dhabi et plus gênant, le week-end dernier à Montigny-le-Bretonneux.
Enfin, Clément Delvert, pourtant double vice-champion de France (2016 et 2017) voit une place de titulaire lui échapper. Le staff, en titularisant Cédric Olivar (SGS), vainqueur à l’Open de Belgrade, et Joseph Terhec (Sucy Judo), vainqueur à la Coupe européenne de Malaga, mais derrière Delvert le week-end dernier puisqu’ils finissent tous les deux en bronze, a-t-il voulu donner une chance à deux combattants plus jeunes que le médaillé d’argent national du FLAM 91, et récents médaillés internationaux ? Sans doute faut-il le comprendre comme cela.
A noter enfin la non-sélection de Walide Khyar, ni dans sa catégorie fétiche des -60kg, ni en -66kg. Etrange gestion du champion d’Europe 2016 qui aura aligné deux Grands Chelems en -66kg (Abou Dhabi et Tokyo) pour finalement être sélectionné en -60kg au Grand Prix de Marrakech en janvier prochain… tout comme les trois parisiens réservistes.