La nouvelle fait figure d’évènement. Avec le report de la Coupe du Kodokan et des championnats nationaux juniors (ce qui explique l’absence de combattants nippons en Italie début octobre pour les championnats du monde) et l’annulation du Grand Chelem de Tokyo à la fin de l’année, on pouvait penser que le Japon ne ressortirait sur le circuit international qu’en 2022. Hypothèse démentie, donc, depuis deux jours et l’officialisation de la présence de vingt judokas japonais à Paris. Une excellente nouvelle pour les cinquante ans du mythique tournoi, d’autant que les représentants du pays du Soleil Levant choisis ont très fière allure. En effet, certains seront à coup sûr parmi les favoris pour Paris 2024. On pense à Yoko Ono (avec la retraite sportive de Chizuru Arai), Ryuju Nagayama, Kenta Nagasawa ou Kentaro Iida, mais on peut aussi trouver là la nouvelle génération, celle qui en trois ans devrait être capable de prendre le leadership. Des noms pour beaucoup déjà connus et qu’il va falloir suivre d’encore plus près sur cette olympiade. On compte tout de même six garçons non classés à la ranking-list mondiale, mais méfiance : Takeshi Sasaki, étincelant lors du Zen Nihon 2020 a déjà, par exemple, un Grand Chelem et un Masters à son actif.
Féminines
-48kg : Wakana KOGA
20 ans / 17e mondiale
Yamanashi Gakuin University
Championne du monde juniors 2019
3e au GC d’Osaka 2019 (derrière Figueroa)
2e au GC de Paris 2020 (derrière Bilodid)
Vice championne du monde seniors 2021 (derrière Natsumi Tsunoda)
À 29 ans, Natsumi Tsunoda, championne du monde 2021, a su doute obtenu l’année dernière ce qu’elle pouvait atteindre. Quant à la n°1 japonaise, Funa Tonaki, elle a déjà 26 ans et ne sera peut-être pas à Paris. Dans les critères japonais, c’est un âge « avancé » et elle a déjà atteint trois fois la finale mondiale, pour une victoire en 2017.
De quoi laisser la place a ce jeune avion de chasse de 20 ans qui s’est montrée très convaincante à Budapest lors des derniers championnats du monde. Solide et dangereuse debout, elle est aussi redoutable au sol. Une nouvelle venue qui sort du lot.
-52kg : Ryoko TAKEDA
22 ans / 113e mondiale
Entreprise : Komatsu
Championne du monde cadette 2015 (-57kg)
Championne du monde juniors 2018
2 sorties victorieuses en Open en 2019 et 2020 (Oberwart et Bratislava)
Le prototype des combattants d’avenir que le covid a trop longtemps freiné. Championne du monde cadettes et juniors, cette Takeda ne s’est éprouvée à l’international que sur deux sorties seniors, qu’elle a emporté. Même si elle est de quelques mois plus âgée que la championne du monde et olympique Uta Abe, elle aura sans doute sa chance pour une grande sélection si elle s’adapte rapidement. La réponse dès ce tournoi de Paris !
-57kg : Haruka FUNAKUBO
22 ans / non classée
Entreprise : Mitsui Sumitomo
championne du monde juniors 2015/2017/2018 (première et unique judokate à avoir réalisé cet exploit)
3e aux Grands Chelems d’Osaka 2018 et d’Ekaterinburg 2019 / 5e à Osaka 2019
Une victoire par équipes au CM 2021
Triple championne du monde juniors, notamment une fois devant Sarah-Léonie Cysique, Haruka Funakubo est à l’affût pour prendre le leader à la brillante, mais pas infaillible, Tuskasa Yoshida, 25 ans, troisième des Jeux olympiques et championne du monde en 2018. Une outsider d’exception que le Japon a déjà testé en « par équipes » ce qui semble montrer son intérêt pour cette jeune combattante dont la courbe de résultats est déjà unique en son genre. Elle a deux ans pour prouver. Elle a bien commencer en s’emparant au printemps du titre national au Japon.
-70kg : Yoko ONO
31 ans / 5e mondiale
Entreprise : Komatsu
5 fois victorieuse en Grand Chelem
Victorieuse du Masters 2021
2 fois championne d’Asie seniors 2016 et 20172 fois médaillée mondiale seniors (bronze en 2018, argent en 2021 derrière Barbara Matic)
Victorieuse lors des derniers Masters, Yoko Ono a le champ libre depuis la retraite de la championne olympique Chizuru Arai. Mais peut-elle aller jusqu’aux Jeux de Paris ? À 31 ans, c’est peu probable.
-70kg : Saki NIIZOE
25 ans / 50e mondiale
Entreprise : JSPF Physical Training School
Championne d’Asie juniors 2015
Victorieuse des Jeux d’Asie seniors 2018
Victorieuse du Grand Chelem de Tokyo 2016
Victorieuse du Masters 2018
Saki Niizoe, victorieuse des Masters 2018 dans cette catégorie vacante pour le Japon a raté ces dernières années l’occasion de tuer la concurrence. Maintenant qu’elle est sortie de l’ombre de la leader Arai, la motivation d’aller aux Jeux à Paris peut la relancer totalement. Sa victoire en avril aux championnats du Japon devant Ono semble suggérer qu’elle en a l’intention. Et elle reste sur quatre victoires successives sur la Française Gahié.
-78kg : Rika TAKAYAMA
25 ans / 85e mondiale
Non classée CM juniors 2014
Entreprise : Mitsui Sumitomo
Vice championne d’Asie seniors 2016
2 victoires en Grand Chelem : Tyumen en 2016 et Ekaterinburg en 2018
Son titre national devant Ruika Sato en avril 2021 permet à Rika Takayama d’obtenir une nouvelle chance international, en l’absence de la championne olympique Shori Hamada – qui ne sera peut-être pas aux Jeux de Paris, avec ses 31 ans — et de Mami Umeki, 26 ans, titulaire lors des derniers championnats du monde (3e). À elle de montrer qu’elle a les moyens de les challenger.
-78kg : Mao IZUMI
24 ans / non classée
Entreprise : Komatsu
Victorieuse de l’Open de Sofia 2017, du Grand Prix de Tunis 2018 et du Grand Chelem d’Ekaterinburg 2019
C’est le même enjeu pour Mao Izumi, toujours efficace quand elle s’exprime dans les tournois européens. À 24 ans, elle a peut-être encore une carte à jouer, avant l’arrivée aux affaires de combattantes plus jeunes, notamment Rinoko Wada, championne du monde juniors 2018 et 2019.
Masculins
-60kg : Ryuju NAGAYAMA
25 ans / 8e mondial
Entreprise : Ryotokuji
Champion du monde juniors 2015
2 fois vainqueur du Masters en 2017 et 2019
2 fois troisième des CM seniors en 2018 et 2019
Battu au CM seniors 2021
Quatre défaites depuis fin 2017
Le leader japonais Naohisa Takato a enfin obtenu son titre olympique. À 28 ans, le triple champion du monde – dont la première était à Rio en 2013 ! — a-t-il encore l’énergie pour une nouvelle tentative à Paris ? C’est possible, mais dans tous les cas, son rival Ryju Nagayama, qui est désormais en pleine maturité, sera son plus grand rival. Pour passer encore un cap, il doit désormais être infaillible, et c’est déjà quasiment le cas.
-60kg : Genki KOGA
22 ans / 180e mondial
Entreprise : Asahi Kasei
Vainqueur CM cadets 2015
Vainqueur CM juniors 2018
Vainqueur championnats d’Asie 2019
2e Grand Prix de Tashkent 2019
Défaite en tableau aux CM seniors 2021
Sa sélection au championnat du monde 2021 à Budapest montre l’intérêt que le « board » japonais a pour le fils de la légende Toshihiko Koga, dont la courbe de résultat est de celle des meilleurs. Confronté à ses illustres aînés, il aura peu de temps pour se rendre crédible chez les seniors, où il a commencé à mettre son empreinte, notamment en emportant le dernier champion du Japon. Une belle curiosité pour le public parisien.
-66kg : Ryoma TANAKA
19 ans / non classé
Tsukuba University
Champion du Japon seniors 2021 (avril) devant Taikoh Fujisaka
Les deux meilleurs Japonais de la catégorie sont aux repos. Hifumi Abe et Joshiro Maruyama vont assurément continuer leur « mano a mano » spectaculaire dans les mois et les années qui viennent. Mais le poids peut rattraper Abe, et l’âge Maruyama… Avec ses 19 ans, le tout nouveau vainqueur du championnat du Japon a le temps, et il a déjà taper dans l’oeil des sélectionneurs. Aux âmes bien nées…
-66kg : Taikoh FUJISAKA
25 ans / non classé
Entreprise : Park 24
2 victoires en Open (Rome 2017 et Taiwan 2019)
Vainqueur Universiades 2017
Il accompagne le jeune Tanaka dans cette visite à Paris. Vice champion du Japon, Taikoh Fujisaka aura peu de cartes à jouer. Cette chance parisienne est essentielle pour lui.
-73kg : Kenshi HARADA
23 ans / non classé
Entreprise : Alsok
3e aux championnats d’Asie juniors 2017
3e aux championnats du Japon 2021
5e au Grand Chelem d’Osaka 2019
Une victoire au CM par équipe 2021
À 23 ans, Kensi Harada plaît assez à l’encadrement japonais pour avoir eu l’honneur d’une sélection dans l’équipe victorieuse des championnats du monde 2021. Une « doublure » qui a la jeunesse pour lui et sans doute bientôt des opportunités, vu l’âge des grands leaders de la catégorie.
–73kg : Soichi HASHIMOTO
30 ans/3e mondial
Entreprise : Park 24
Champion du monde 2017
Vice champion du monde 2018
3e aux championnats du monde 2021
3 fois vainqueur du Masters (2016, 2017, 2019)
On ne présente plus ce combattant dont la carrière s’est inscrite dans l’ombre de celle de SHohei Ono, lequel lui a laissé néanmoins assez de place pour qu’il puisse récolter deux finales mondiales, dont une victorieuse. Il est là pour apporter un peu de poids au présent à cette sélection tout en perspective d’avenir. Ce sera un plaisir de le voir combattre à Paris, probablement pour la dernière fois.
-81kg : Sotaro FUJIWARA
23 ans / 31e mondial
Entreprise : Asahi Kasei
Vice champion du monde 2018
Vainqueur championnats d’Asie 2017
5e des championnats du monde 2021
3 fois vainqueur d’un Grand Chelem (Paris et Ekaterinburg 2018, Düsseldorf 2019)
À 27 ans, le champion olympique Takanori Nagase n’a sans doute pas dit son dernier mot dans la perspective de Paris. En attendant, le vice champion du monde 2018 – mais moins à son aise en 2019 (non classé) et 2021 (5e) — continue à tenir le rôle de n°2 / 1bis. Il est là dans la perspective de Paris 2024, mais aussi, clairement dans celle des prochains championnats du monde, où Nagase ne sera sans doute pas. La bataille se joue avec Sasaki.
-81kg : Takeshi SASAKI
25 ans / non classé
Entreprise : Alsok
Vainqueur du Grand Chelem d’Osaka 2018, 2e au Grand Chelem d’Ekaterinburg 2018
Vainqueur du Master 2018
2 fois vainqueur des championnats nationaux en 2018 et 2021
3e Zen Nihon 2020
Plus aucune sortie internationale depuis novembre 2019
Les observateurs s’étaient étonnés de ne pas voir dans les sélections l’extraordinaire troisième du toutes catégories japonais 2020, une performance de légende, dans les sélections japonaises. Sa victoire au championnat par catégories de poids du Japon en avril le rend incontournable. C’est le « moment Sasaki », un combattant à suivre… mais qui aura aussi beaucoup à prouver après une année 2019 catastrophique où son judo – son mental ? – avait semblé impuissant face aux étrangers. Il revient pour prouver, avec notamment une capacité nouvelle à enchaîner au sol qui devrait le rendre redoutable.
-90kg : Sanshiro MURAO
21 ans / 27e mondial
Tokai University
Vice champion du monde juniors 2018 (derrière Lasha Bekauri. Ils étaient tous les deux première année)
2 fois troisième des championnats nationaux en 2019 et 2021
Vainqueur du Grand Chelem de Kazan 2021
Disqualifié (injustement) lors des championnats du monde 2021
Il a tout du petit prince de la catégorie avec son style ultra-élégant et sa belle posture. Sanshiro Murao et de la génération Bekauri, lequel est désormais champion olympique. Quant à lui, il s’est fait très injustement sortir pour une pseudo clé de bras en amenée au sol au dernier championnat du monde, décision d’arbitre « arbitraire » qui fait basculer une rivalité de combattants d’exception. Sanshiro Murao a encore tout à faire en seniors et c’est peut-être à Paris que ça commence.
-90kg : Kenta NAGASAWA
27 ans/13e mondial
Entreprise : Park 24
3e aux championnats du monde 2021
3e au Masters 2017
3 fois vainqueur d’un Grand Chelem : Ekaterinburg et Tokyo 2017, Tashkent 2021
Troisième et cinquième pour ses deux sélections aux championnats du monde, Kenta Nagasawa a quelques mois pour prouver qu’il peut encore passer un cap et être l’homme des grandes situations dans cette catégorie où le Japon n’a pas de combattant à la hauteur des autres catégories.
-100kg : Kentaro IIDA
23 ans/34e mondial
Entreprise : Asahi Kasei
3 fois vainqueur d’un Grand Chelem : Paris 2017 (contre Cyrille Maret), Düsseldorf et Brasilia 2019
Champion d’Asie 2018
Battu en tableau aux championnats du monde 2021
Il était avant le covid le -100kg qui monte avec son uchi-mata digne de ses grands aînés. La voie est libre devant lui avec le passage annoncé du champion olympique Aaron Wolf en poids lourd. Il devra montrer à Paris que, au-delà de son aisance technique, il a le potentiel d’un grand champion japonais. À suivre.
+100kg : Kazuya SATO
26 ans/non classé
Entreprise : Nippon Steel
Vainqueur de l’Open d’Odivelas en 2019
Champion du Japon 2021
2e des championnats du Japon 2019
Sa victoire au championnat du Japon par catégorie de poids lui offre ce ticket inattendu. Peut-il le convertir en carrière internationale ? Paris est le début de la réponse.
+100kg : Yusei OGAWA
25 ans/non classé
Entreprise : Park 24
2 fois vainqueur en Grand Chelem : Qingdao en 2016, Tokyo en 2017
2e du Grand Chelem de Tyumen en 2016
2e des championnats du Japon 2021
Sa dernière sortie internationale remonte à mars 2019 (défaite face à Tamerlan Bashev au Grand Chelem d’Ekaterinburg)
Battu en tableau aux championnats du monde 2018
Un « fils de » célèbre qu’on avait annoncé lors de ses victoires de 2016 et 2017 comme le nouveau poids lourds à venir, notamment lors de sa victoire finale à Tokyo contre le futur double champion olympique tchèque Luka Krpalek. Mais son ude-gatame en amenée au sol parfait avait alors déclenché la confusion générale aboutissant à l’élimination du judo sportif de tout ce champ technique. Une sacrée responsabilité pour un jeune poids lourds… Ses années 2018 et 2019 furent moins impressionnante. C’est l’occasion pour lui de se replacer dans le sillage de Kokoro Kageura, probable n°1 dans la perspective de Paris 2024.