Tout s’est joué lors du dernier combat de ce dimanche, jusqu’à ce que Gela Zaalishvili, n°2 géorgien en +100kg, conclut ce très agréable bloc final – sans aucune aberration arbitrale comme les deux jours précédents – par une superbe victoire. Avec cette médaille d’or, la Géorgie arrive, in extremis mais avec classe, à rester la patronne sur cet évènement à domicile, dépassant au finish un Canada qui ne sort jamais pour rien. En témoigne la convaincante victoire de son -100kg outsider pour Tokyo, Shady El Nahas. Chez les féminines, la Chine sort du bois.
Revoilà les Chinoises
Comme cela était prévu, trois têtes de série féminines annoncées n’étaient donc pas présentes ce matin lors de cette ultime journée : deux -78kg (la tête de série n°1 et 3) et une +78kg, tête de série n°1 qui n’aurait dû être autre qu’Idalys Ortiz, la légende cubaine.
Un dimanche qui sera marqué par la finale 100 % hollandaise des -78kg entre Natascha Ausma (141e mondiale, 3e à Budapest en novembre) et Karen Stevenson, 31e mondiale, mais dont la dernière médaille sur le circuit FIJ remontait au Grand Prix de Tunisie début 2018. Aucune ne jouait une carte décisive en vue de Tokyo (la titulaire sera sans doute Guusje Steenhuis, actuelle 8e à la ranking list) dans ce duel, qu’Ausma s’adjuge avec l’étranglement en ashi-gatame popularisé par Clarisse Agbegnenou et repris depuis par bon nombre de ses camarades.
Reste que la principale information du jour côté féminin, tient dans la victoire chinoise en +78kg de Xu Shiyan, 33e mondiale et plus sortie depuis le Masters 2019. Plutôt petit gabarit, elle possède un fort uchi-mata que la Portugaise Rochele Nunes ne put éviter à mi-combat. Un waza-ari auquel se rajoutera un autre sur un contre en toute fin de rencontre. Avec cette victoire, Xu rentre dans les points du quota olympique. Faudra-t-il se méfier de la combattante de l’Empire du Milieu à Tokyo ? Un peu tôt pour le dire encore, mais on peut quand même s’inquiéter. L’autre médaille chinoise du jour est l’œuvre de Ma Zhenzhao en -78kg (5e des championnats du monde 2018) qui profite des attaques imprudentes de la Russe Babintseva pour la contrer, alors que cette dernière (médaillée mondiale 2018) la dominait nettement au kumikata. Toujours chez les +78kg, les deux Brésiliennes, Altheman et Souza, finissent en bronze. Un mano a mano qui se poursuit donc pour savoir qui décrochera le ticket carioca pour les JO.
Zaalishvili, après Tel-Aviv
Une journée prolifique pour le judo brésilien puisque Rafael Silva, médaillé olympique à Rio, termine en argent en +100kg. Il n’est battu que par Gela Zaalishvili sur un magnifique o-soto-gari lancé en mode sode-tsuri-komi-goshi (un peu à la manière de Hifumi Abe). Numéro deux derrière l’inamovible Guram Tushishvili, le jeune Zaalashvili, 21 ans seulement (champion du monde juniors 2018) remporte mine de rien ce dimanche et à domicile son troisième Grand Slam. Le second d’affilée après Tel-Aviv. La Géorgie, c’est plus que jamais certain, a de la réserve. Une autre preuve ? La très belle journée d’Ilia Sulamanidze en -100kg. Junior troisième année, vice-champion du monde 2019 et double champion d’Europe juniors (2019 et 2020), cet excellent pianiste enthousiasme, avec notamment un o-soto-gari à droite qui mystifie par deux fois (le second est absolument magnifique !) le champion du monde en titre Jorge Fonseca.
Opposé dans ce qui est la plus belle finale de ce dimanche au Canadien Shady El Nahas, Sulamanidze résiste bien aux tentatives d’uchi-mata à gauche de son adversaire à la teinture blond platine. Avant toutefois d’être totalement surpris par le ko-uchi makikomi de ce judoka habile à sentir les coups. Puissant et envahissant à la garde, El Nahas, 7e mondial, dont c’est la première victoire en Grand Chelem, possède surtout un sens impressionnant du timing. Une première place qui faisait d’ailleurs passer, pour quelques minutes, le Canada en tête du classement des médailles après l’or de Catherine Beauchemin-Pinard hier en -63kg, l’argent d’Arthur Margelidon en -73kg et le bronze de Christa Deguchi en -57kg.
La Géorgie in extremis
Mais c’est finalement la Géorgie qui reste maîtresse chez elle, avec elle aussi deux titres (Nozadze en -60kg et Zaalishvili), mais trois médailles d’argent (Liparteliani en -57kg, Margvelashvili en -66kg et Sulamanidze en -100kg) et quatre médailles de bronze.
La dernière médaille d’or du jour revient à la Suède avec Marcus Nyman en -90kg. Très à l’aise en ne-waza, le 5e des JO de Rio et des Monde 2019 ne se laisse pas prier pour clouer l’Italien Mungai au sol. Première victoire en Grand Chelem pour le Suédois depuis 2016, nouvelle médaille pour l’Italie, trois fois finaliste. Nyman ? Un adversaire piégeux par excellence, à suivre à Tokyo.
Prochain rendez-vous dans moins d’une semaine à Antalya (Turquie) avec, si tout va bien, une sélection masculine française et un certain Hifumi Abe, phare de la sélection japonaise annoncée.