Troisième au Kazakhstan, il ira à Rio
Deux catégories masculines, trois catégories féminines pour ce premier jour du Grand d’Almaty, dernier tournoi qualificatif pour les Jeux avant l’épilogue du Master dans quinze jours et une bataille rangée à chaque fois pour vérifier l’équation à la fin. Qui a gagné des points ? Des places ? Qui va aux Jeux finalement ?
C’est donc du côté des 25-30e au classement mondial que se jouent les parties les plus intéressantes, les plus passionnées.
Pour une place de trois perdue, tel combattant quitte le plateau la tête basse, très basse, car ce n’est pas une médaille de bronze qui se jouait, mais un strapontin à Rio. Tel autre a gagné le billet de départ que l’autre a perdu ! On peut dire qu’il s’est passé beaucoup de choses ce vendredi.
Payet sur le strapontin
En -48 kg, la Kazakh Otgontsegtseg Galbadrakh était chez elle. Elle n’en finit plus de gagner des points et des médailles depuis sa première apparition en tant que Kazakh (c’est une ancienne Mongole) au championnat du monde d’Astana en août, accumulant treize tournois (!) depuis octobre dernier, pour dix podiums (!) et cinq victoires, la dernière en date étant celle de ce vendredi. Elle conforte sa troisième place mondiale et consolide son statut de médaille d’or olympique potentielle… sauf qu’on peut commencer à s’interroger sur son niveau de forme dans trois mois ! Elle n’est d’ailleurs pas passée loin de la correctionnelle face à la Française Laetitia Payet qui lutte pied à pied pour sa place à Rio, et qui faillit bien lui mettre son sasae, alors qu’elle était menée aux pénalités. Septième seulement avec une nouvelle défaite en repêchage aux pénalités face à une rivale directe la Brésilienne Brigida, elle voit ses adversaires accumuler les bonnes performances – Alvare Mestre (CUB) 3e, Maryna Cherniak (UKR), 3e… ce qui est embêtant en ce qui concerne l’Ukrainienne, qui la repousse hors de la zone de qualification directe. Mais l’Israélienne Rishony est septième comme elle, et surtout l’Italienne Moscatt est battue au second tour. Laetitia Payet est donc pour l’instant titulaire du « quota continental », et cela ne devrait plus bouger. A-priori, elle part à Rio.
Tschopp !
Stupeur en -52 kg, une catégorie sans Française, pour une fois. C’est en effet la Suissesse Evelyn Tschopp qui l’emporte, une combattante dont on avait pu mesurer les progrès, notamment quand elle s’était hissée en finale à Paris en octobre 2015. Mais l’or dans ce Grand Prix d’Almaty s’était inattendu, et c’est ce qui va permettre à cette combattante de 24 ans de partir à Rio ! La grande battue du jour… la Belge Ilse Heylen, 39 ans, qui a perdu en deux tournois, la qualification directe et aujourd’hui le quota olympique par la faute d’une Suissesse en état de grâce.
Pavia en demi-teinte
Automne Pavia était là, en -57 kg, pour soigner son image reconstruite après un titre européen acquis avec autorité à Kazan et sans doute surtout pour consolider sa place dans les têtes de série de Rio. La mission est globalement accomplie, elle s’est battue avec énergie… mais elle revient nénamoins avec une nouvelle défaite contre une adversaire qu’elle avait jusque là toujours battue, l’Espagnole Jaione Equisoain, qui s’est opposée farouchement au kumikata pour contrer le système Pavia et qui a fini par lui placer un très joli contre pour ippon. En demi-teinte seulement, donc, cette place de trois pour la grande blonde française, laquelle aura au moins le plaisir symbolique de coiffer sa rivale Hélène Receveaux au classement mondial.
Manzi l’Italien qui monte
Décidément ça ne passe plus pour Vincent Limare en -60 kg. Alors qu’il tentait de contrôler un combat serré contre l’Italien Elios Manzi, médaillé européen 2016, il était pris dans un contre arrière très réussi. Le jeune Elios Manzi ne s’arrêtait pas là et allait jusqu’à l’or, subtilisant lui aussi sur le fil une qualification olympique totalement imprévisible un mois plus tôt ! L’Italie a le vent en poupe.
Kilian Le Blouch aux Jeux !
D’autant plus en poupe que le jeune Fabio Basile, troisième du championnat d’Europe en -66 kg, arrache lui aussi quelques points précieux qui le font entrer dans la zone. En battant frontalement son compatriote Elio Verde, il fait d’une pierre deux coups en l’empêchant d’être un rival potentiel. Mais pour la France, c’est le beau parcours de Kilian Le Blouch qui est le fait du jour. Encore loin de la zone de qualification directe vendredi matin, il fait un bond au dessus de quatre combattants pour entrer dans cette zone le soir, avec une belle médaille de bronze à la clé. C’est dans son style, dur sur les mains et concentré jusqu’au bout, qu’il pousse la légende Rishod Sobirov (UZB) au hansokumake, ainsi que le Kazakh Mukanov pour la place de trois. A-priori, comme pour Laetitia Payet, le classement ne devrait plus bouger et il devrait garder cette place jusqu’au départ pour Rio. Le seul à le surpasser ce vendredi était l’une des découvertes du jour, un -66 kg japonais de 22 ans hors de la ranking list, Joshiro Maruyama, vainqueur du championnat du Japon junior 2012 (une année où le championnat du monde juniors ne fut pas organisé), comme le -81 kg champion du monde à Astana, Takanori Nagase. Deuxième du championnat national cette année devant Masashi Ebinuma et derrière Hirofumi Abe le voici qui fait surface avec une première médaille d’or senior et un style tout en aisance et en élégance. Japon éternel.