Il sort au premier tour pour la seconde fois de suite

On peut à bon droit juger injuste de titrer sur une défaite au premier tour pour une journée de tournoi international où deux jeunes Françaises terminent en or ! À tout seigneur tout honneur, il faut donc se réjouir avant de s’inquiéter, saluer la dynamique actuelle d’une jeune classe féminine très rassurante sur l’avenir, et en particulier du côté des -63 kg et des -70 kg, grâce à Margaux Pinot et Marie-Eve Gahié.
La première, définitivement bien (ré)installée dans la catégorie de Clarisse Agbegnenou (-63 kg), ne perd plus beaucoup et a emporté samedi son deuxième Grand Prix depuis Samsun en Turquie en avril. Alors qu’elle n’est encore que 40e mondiale, elle bat facilement une combattante du crû, puis par yuko la Suédoise Bernholm (28e) d’un yuko, avant d’écarter à l’autorité et aux pénalités, trois filles fortes du top 20 : la très dangereuse Cubaine Maricet Espinosa (15e), tout juste auréolée d’une médaille de bronze au Grand Chelem de Bakou la semaine dernière et largement victorieuse contre la Française en finale de l’Open d’Argentine en mars, la Néerlandaise Juul Franssen (18e) et la grande Mongole Tserennadmid Tsend-Ayush (12e), qu’elle n’avait jamais rencontré. Trois victoires aux pénalités… un signe paradoxalement positif d’une nouvelle solidité tactique de la jeune Française qui ne se repose plus, dans cette catégorie, sur son seoi-nage pour être dangereuse et contrôle plus facilement les séquences. La voici déjà à la lisière du Top 10 où sont les combattantes qui la battent encore, comme l’Italienne Gwend (à Tbilissi en mars), ou l’Israélienne Yarden Gerbi (la semaine dernière à Bakou). Le « post-Rio » se prépare avec elle.

Il se prépare aussi, c’est évident, avec la très jeune Marie-Eve Gahié, 19 ans, qui n’a plus perdu depuis son petit coup de mou de l’hiver, à Paris et Dusseldorf, et a, comme Pinot, gagné Samsun et désormais Almaty, deux « Grand Prix » à sa main. Déjà 22e, elle conforte sa prise de position à Almaty en distribuant les yuko grâce à ses techniques de jambe variées, vers l’avant et vers l’arrière, de droitière impérieuse. Elle bat une Kazakhstanaise, puis trois combattantes « copieuses », la Hongroise Gercsak (32e), la Polonaise Klys (16e), et en finale la soeur Tsend-Ayush, Naranjargal, une Mongole classée 18e et dangereuse avec ses techniques de yoko-guruma dans les attaques de hanche de Gahié. Puissante et de plus en plus équilibrée dans son attitude, Marie-Eve Gahié est en train de prendre un volume dans cette catégorie qui pourrait l’amener, car il lui reste de la marge, à contester très vite les leaders mondiales. C’est pour la rentrée prochaine, après Rio.

 

Duprat, c’est mieux

Pour les Français, la journée de samedi, c’était aussi les -73 kg avec nos deux représentants, Guillaume Chaine – battu rapidement par le Kazakhastanais Khamza – et Pierre Duprat. Sans rassurer vraiment, ce dernier a tenté de secouer le sort qui semble le tirer vers le bas depuis un moment et a su reprendre un peu le sens de la marche avant en gagnant trois combats sur des combattants dont le mieux classé est l’Ouzbek Boboyev, 34e… mais finaliste tout de même du Grand Chelem de Bakou la semaine précédente. Il perd nénamoins sur deux pointures de la catégorie, le Mongol Nyam-Ochir Sainjargal (10e) et le Géorgien Nugzari Tatalashvili, troisième mondial… qui ne sera probablement pas aux Jeux, tant le champion olympique des -66 kg, Lasha Shavdatuashvili semble irrésistible depuis un mois. Après une finale perdue au championnat d’Europe pour une pénalité fatale à la dernière seconde, il gagne ici avec facilité et semble avoir bien l’intention de rejouer le coup du « hold up » olympique dans la catégorie supérieure.

Pietri, un an sans rien

C’est du côté des -81 kg que tout le monde était tourné. Le vice-champion du monde français, Loic Pietri, faisait en effet son retour tant attendu. Après sa finale perdue à Astana en août dernier, il n’avait en effet fait qu’une apparition au Grand Chelem de Tokyo en décembre, battu d’entrée par le Coréen Wang Ki Chun. La suite s’était compliqué d’une blessure au genou. À Almaty, on devait mesurer le degré de préparation du champion français à quelques semaines de Rio. 
Le test était intéressant, mais difficile, d’entrée. Il rencontrait en effet pour la première fois le grand rouquin néerlandais Frank De Wit, un gamin de 20 ans qui ne gagne pas tout, mais qui n’a peur de rien et pratique un judo d’usure, sans cesse sur la pression, qui ne tolère pas l’à-peu-près. Après quelques passes d’arme sur les mains, Loic Pietri se laissait envahir, pressé de contrer en ura-nage… mais finalement plaqué sur le dos pour ippon.
Une sorte d’emmêlage de pinceaux qui ne dit rien du niveau de forme réel de notre champion du monde 2013, mais qui respire manifestement le manque de combats. Isolé un an des tapis de compétition, Loic Pietri n’a plus beaucoup de temps pour retrouver des sensations, celles qui lui ont manqué à Almaty. Il lui faut absolument se rassurer avant Rio. 

Silva Morales et Marconcini

Dans cette catégorie des -81kg, c’est un Cubain de 20 Ivan Felipe Silva Morales, qui tirait les marrons du feu. Troisième aux « Pan-Am », 3e à Bakou, il arive au bon moment. Son adversiare en finale ? Un Italien, Matteo Marconcini, déjà troisième à Bakou. Il se passe quelque chose dans le judo italien.